Covid-19 : pourquoi le gouvernement assouplit les règles d'isolement des cas positifs et des cas contacts
Les contaminations explosent, mais le gouvernement choisit d'assouplir certaines règles, avec à l'appui les premières données disponibles concernant le variant Omicron.
Vous êtes cas contact ou positif au Covid-19 ? Dès lundi 3 janvier, les mesures d'isolement évoluent et s'assouplissent. Dans un entretien au JDD, le ministre de la Santé a détaillé, dimanche, ces nouvelles règles. Les personnes positives et disposant d'un schéma vaccinal complet devront ainsi s'isoler pendant sept jours, quel que soit le variant. Cet isolement pourra être levé au bout de cinq jours en cas de test antigénique ou PCR négatif. Ceux qui ne sont pas vaccinés devront en revanche s'isoler dix jours, avec une sortie possible au bout de sept jours, selon les mêmes conditions.
Par ailleurs, il n'y aura plus de quarantaine pour les personnes cas contact disposant d'un schéma vaccinal complet, qui devront cependant strictement respecter les gestes barrières et "faire des tests réguliers", a expliqué le ministre de la Santé. Pourquoi un tel assouplissement des règles d'isolement alors même que les contaminations explosent ? Franceinfo fait le point.
Pour limiter la "désorganisation" de la société
Le Conseil scientifique avait prévenu, dès le 23 décembre. L'extrême contagiosité du variant Omicron pourrait entraîner une "désorganisation" de la France à cause d'une multiplication des arrêts de travail. "Entre novembre et la mi-décembre, le nombre d'arrêts de travail dérogatoires pour les personnes devant s'isoler a été multiplié par plus de sept, passant de 5 763 à 42 541", rappelle Le Parisien.
Jusqu'ici, les règles d'isolement étaient beaucoup plus contraignantes. Les personnes positives devaient rester à l'isolement pendant dix jours quel que soit le variant et les cas contacts d'une personne ayant contracté le variant Omicron devaient s'isoler au minimum sept jours. La durée d'isolement pouvait en outre atteindre 17 jours, quel que soit le variant, lorsque l'on partageait le domicile d'une personne positive.
Ce changement de règle vise donc à éviter précisément une désorganisation de la société. L'idée est de "tenir compte de l'évolution extrêmement rapide de la diffusion du variant Omicron en France", explique le ministère de la Santé dans un communiqué. Ce changement de règles doit permettre d'"avoir une balance bénéfice-risque visant à assurer la maitrise des contaminations tout en maintenant la vie socio-économique", toujours selon le ministère.
Dès demain, de nouvelles règles d'isolement pour les cas positifs et les cas contacts s'appliqueront. Elles visent autant à lutter contre la propagation du virus qu'à protéger notre vie quotidienne.
— Olivier Véran (@olivierveran) January 2, 2022
Le virus mute, notre combat contre lui s'adapte.
Pour "permettre la continuité des soins"
Des règles spécifiques d'isolement ont été prévues pour les soignants. "Le Haut Conseil de santé publique a validé la possibilité pour un soignant de déroger, sous certaines conditions, à l'isolement et de continuer à travailler même s'il a le Covid-19, s'il n'a pas ou peu de symptômes", explique Olivier Véran dans Le JDD. "Les soignants étant par nature vaccinés, il s'agit de permettre la continuité de soins, compte tenu de la très grande tension sanitaire et du nombre élevé de personnels positifs ou cas contact", poursuit le ministre.
"Il existe toujours un risque, mais c'est une stratégie du risque minimal entre faire travailler un soignant positif mais asymptomatique et fermer des lits. Je crois qu'il vaut mieux encore pouvoir s'occuper de patients qui en ont besoin", assure à franceinfo Bruno Mégarbane, chef du service réanimation de l'hôpital Lariboisière. Pour ce dernier, cette possibilité pour un soignant de travailler avec le Covid-19 et sous conditions ne règlera pas le problème de fond du manque de personnel à l'hôpital mais "c'est un plâtrage transitoire pour permettre de passer le cap aigu".
Parce que les données scientifiques disponibles semblent le permettre
Il reste néanmoins une question en suspens : est-ce raisonnable, d'un point de vue épidémiologique, de réduire les délais d'isolement alors même que l'on atteint des niveaux records de contaminations ? N'y a-t-il pas un risque de surcharge des hôpitaux ? S'il faut faire preuve d'une extrême prudence sur la question, des premières études venues d'Afrique du Sud, d'Ecosse et d'Angleterre publiées en décembre montrent que le variant Omicron semble entraîner moins d'hospitalisations que Delta. Selon ces données, encore très incomplètes et à manier donc avec précaution, Omicron pourrait être entre 35% et 80% moins sévère que Delta.
Le raccourcissement des délais d'isolement est également motivé, explique Le JDD en citant une note du ministère, par les premières données virologiques disponibles pour Omicron, qui "montrent une durée d'incubation du variant plus rapide que pour les précédents variants". Des explications confirmées par certains professionnels de santé.
Les symptômes apparaissent plus rapidement avec Omicron parce qu'en étant vacciné, donc immunisé, votre système immunitaire réagit très rapidement lorsque le virus est présent.
Bruno Mégarbane, chef du service réanimation de l'hôpital Lariboisièreà franceinfo
"Et puis, le pic de la charge virale est plus précoce et la réduction de la charge virale est plus rapide, ce qui fait que les symptômes sont plus courts dans le temps, poursuit Bruno Mégarbane. Et l'élimination du virus est plus rapide, donc autorisant parfaitement une réduction de la durée d'isolement des personnes positives."
Parce que d'autres pays ont déjà adopté ces règles
La France n'est pas la seule à réduire les délais d'isolement. En Suisse, les cantons peuvent depuis vendredi réduire la quarantaine des cas contacts à sept jours, contre dix auparavant, et la limiter "aux personnes faisant ménage commun ou ayant été en contact intime avec une personne testée positive".
Les craintes de déstabilisation de l'économie avaient déjà conduit l'Espagne à décider, mercredi, de réduire la quarantaine de personnes positives au Covid-19 à sept jours, contre dix auparavant, afin de trouver un équilibre entre "santé publique" et "croissance économique", selon le Premier ministre, Pedro Sanchez. Le même jour, l'Argentine avait pris une décision similaire pour tenter de minimiser l'impact sur l'activité économique d'une flambée record des cas sur son territoire. Le Portugal a décidé la même mesure vendredi.
Pour limiter les absences et éviter ainsi blocages et pénuries, l'administration de Joe Biden avait décidé lundi de réduire la durée de quarantaine recommandée de dix à cinq jours pour les personnes positives au Covid, à condition qu'elles soient asymptomatiques.
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