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Covid-19 : quatre questions sur la campagne de dépistage massif lancée à Liverpool

L'ensemble de la population de la ville britannique se voit proposer un dépistage dès ce vendredi. Une campagne similaire en France est réclamée par certains professionnels de la santé.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des soldats avec des équipements de protection se préparent à l'arrivée du public à l'intérieur du centre de dépistage du Covid-19 à Liverpool, le 6 novembre 2020. (OLI SCARFF / AFP)

Au lendemain de l'entrée en vigueur du reconfinement d'un mois, le gouvernement britannique sort les grands moyens. Il a lancé vendredi 6 novembre un programme de dépistage massif et rapide à Liverpool. La ville du nord de l'Angleterre fait partie des plus touchées par la deuxième vague de Covid-19. Les 500 000 habitants de Liverpool sont invités à se faire tester, qu'ils présentent ou non des symptômes.

1Quel est l'objectif de cette campagne ?

Il s'agit de "briser la chaîne de transmission" du coronavirus, selon un communiqué de l'exécutif, alors que le Royaume-Uni est le pays le plus endeuillé d'Europe (plus de 48 000 morts). Selon les autorités, si ce dépistage massif est concluant, il pourra être mené dans d'autres villes pour accompagner le déconfinement, censé commencer le 2 décembre.

"Ces tests aideront à identifier les milliers de personnes dans la ville qui ne présentent pas de symptômes mais qui peuvent contaminer d'autres personnes sans le savoir", a déclaré mardi le Premier ministre britannique, Boris Johnson, selon l'AFP.

"Nous n'avons rien à perdre", a souligné le directeur de la santé publique de la ville, Matthew Ashton, sur la BBC, quelques heures avant le lancement de cette campagne qu'il voit comme une opportunité pour "baisser le niveau d'infection dans la ville" et "sortir du confinement national dans une bien meilleure position".

2Comment va-t-elle se dérouler ?

Concrètement, différents types de tests sont proposés aux habitants de Liverpool. L'un d'entre eux donne les résultats dans l'heure, sans recours à un laboratoire, indique le site du gouvernement britannique (page en anglais)

Les moyens techniques et humains ont été renforcés pour rendre possible ce dépistage géant, le premier à être mené dans le pays. De nouveaux centres de tests ont ainsi été mis en place, avec le soutien de près de 2 000 militaires. Des tests seront également organisés dans les écoles, les universités, les maisons de retraite et sur les lieux de travail.

Pour que cette opération soit un succès, un maximum de personnes doit y participer. Le très populaire entraîneur du club de football de la ville, Jürgen Klopp, a encouragé les habitants à jouer le jeu dans une vidéo publiée sur Twitter. "Faites-le pour vous-même, votre famille, vos collègues et votre ville", a-t-il plaidé. "Faisons-le ensemble, faisons-le pour Liverpool."

3Des dépistages massifs ont-ils déjà eu lieu à l'étranger ?

Quelques pays ont déjà entrepris de tels dépistages massifs. Ainsi, lLuxembourg a mené une campagne similaire, avec une première phase lancée début juin, et la deuxième en octobre. Certaines villes chinoises ont fait de même, notamment Wuhan, berceau de l'épidémie.

Plus récemment, la Slovaquie a testé les deux tiers de sa population début novembre. Seulement 1% des tests se sont révélés positifs. Une deuxième série de tests est prévue durant le week-end du 7 et 8 novembre, avec comme objectif de dépister toute la population du pays (5,4 millions d'habitants). 

Des personnes font la queue pour se faire dépister au Covid-19 à Bratislava, en Slovaquie, le 31 octobre 2020. (VLADIMIR SIMICEK / AFP)

La participation à cette campagne n'est pas obligatoire, mais toute personne doit disposer d'un certificat de test négatif, sous peine de se voir infliger une lourde amende en cas de contrôle par la police.

Le programme slovaque est néanmoins critiqué. Les tests antigéniques utilisés ont l'avantage de donner des résultats très rapidement, mais ne sont pas considérés comme aussi fiables que les tests PCR. L'organisation fait aussi débat. La forte concentration de personnes sur les lieux de dépistage est "en contradiction avec les recommandations des experts en maladies infectieuses", selon l'association slovaque des médecins généralistes.

4Une campagne similaire est-elle possible en France ?

L'idée avait été écartée lors du premier confinement. "Nous n'allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, cela n'aurait aucun sens", avait déclaré en avril dernier Emmanuel Macron. Mais le contexte était différent, avec notamment une pénurie de tests dans le pays.

Depuis plusieurs mois, des scientifiques réclament ces tests massifs en France. "Il faut tester massivement la population. Et ça, ça veut dire faire plutôt 30 millions de tests par semaine que 1 ou 2 millions, donc on est très, très loin du compte, et ça sauverait l'économie en même temps", déplore sur franceinfo l'épidémiologiste Catherine Hill. 

"Cela permettrait de descendre à un tel niveau la circulation du virus que l'on se retrouverait comme on était par exemple au mois de juin", a estimé dans "C à vous" Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique.

Il souligne néanmoins les limites qui se poseraient à l'échelle de la France, notamment la probabilité de ne pas disposer d'assez de tests ou de moyens humains, Arnaud Fontanet soulignant qu'il s'agit d'une "opération logistique absolument colossale". De plus, il estime que cela nécessiterait une "adhésion très forte de la population".

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