Covid-19 : Tony Parker prédit "la mort du basket si on ne trouve pas de solutions" pour aider les clubs
Le président de l'ASVEL Lyon-Villeurbanne propose notamment d'"enlever les charges patronales pour tout le temps du confinement, voire plus". Selon lui, de nombreux clubs de basket français sont menacés de faillite.
Le championnat français de basket se poursuit mais partiellement. Seuls quelques clubs jouent et à huis clos, en raison de la crise du Covid-19. La situation rend l'avenir compliqué pour la majorité des clubs français. SelonTony Parker, président de l'ASVEL Lyon-Villeurbanne, invité de franceinfo lundi 9 novembre, cette situation "peut durer un mois maximum". Mais au-delà, "c'est la mort du basket si on ne trouve pas de solutions", alerte l'ancienne star de la NBA. Il attend des aides du gouvernement.
franceinfo : Combien de temps peut durer cette situation ?
Tony Parker : Cela peut durer un mois maximum. J'ai parlé avec la plupart des présidents. On est dans une situation très difficile, même si on est tous mobilisés et si on veut trouver des solutions. Ça devient très inquiétant. Moi-même, qui suis tout le temps positif, qui aime toujours trouver des solutions, là, je suis très inquiet pour le sport français et plus particulièrement pour le basket.
Je pense que là, si cela va au-delà d'un mois [de confinement ], il y a beaucoup de clubs qui vont mettre la clé sous la porte.
Tony Parkerà franceinfo
Je pense que c'est la mort du basket si on ne trouve pas de solution. Cela concerne tous les clubs. Nous, Monaco, Boulogne, on essaie de faire tout ce qu'on peut pour continuer à jouer. Mais ce n'est pas facile, tout le monde est inquiet. C'est vraiment la fin de notre sport si on n'a pas des solutions concrètes pour la suite. Jouer à huis clos, on le comprend. La santé, c'est numéro un. Mais j'espère vraiment que le gouvernement va nous aider pour éviter la mort dans le sport français.
Combien d'argent votre club perd-il par mois ?
Je n'ai pas envie de trop rentrer dans les chiffres. On parle d'une perte de 23 millions d'euros pour les clubs Pro. Et encore, moi, je pense que c'est plus. Donc, c'est pour ça qu'il nous faut vraiment une aide.
La particularité du basket, c'est que les droits télés sont très faibles et les clubs vivent surtout de leurs partenaires et du public.
Les trois quarts des clubs en Jeep Elite (Pro A) vivent de la billetterie et de leurs partenaires. Et donc, s'il n'y a pas de billetterie, vous imaginez bien que le manque à gagner est énorme pour tous ces clubs-là. Pareil pour nous, même si nous, ça fait longtemps que le gouvernement nous disait qu'il ne faut pas dépendre des subventions de la ville. Il faut essayer de vivre dans différents formats et schémas, et c'est ce qu'on a essayé de faire. Mais là, ça nous tue en ce moment.
Vous demandez à l'État de vous aider. Que peut faire l'État pour vous permettre de tenir le choc sans public ?
Je pense qu'il y a quelques solutions. On peut déjà enlever les charges patronales pour tout le temps du confinement, voire plus. Il y a beaucoup de solutions que j'ai à proposer au gouvernement, le chômage partiel aussi bien sûr. Il y a des solutions que j'aimerais discuter avec eux. On va bientôt se voir pour pouvoir discuter de l'avenir, et essayer de comprendre la situation pour trouver la solution adéquate pour que tout le monde s'en sorte.
Tony Parker, est-ce que le sport français est assez défendu ? Est-ce que les intérêts du sport français sont assez pris en compte, selon vous, dans cette crise ?
Je pense qu'on peut faire beaucoup mieux. C'est pour ça que je m'inquiète à travers toutes les discussions que j'ai eu avec différents sports, avec Tony Estanguet par rapport aux JO-2024 qui arrivent à grande vitesse. Je suis vraiment inquiet pour le sport français. Moi, je suis investi quand même dans pas mal de sports et c'est vrai que ça me donne justement une vision globale de tout le sport français. Je parle au nom du sport français. Ce n'est pas que le basket.
À l'intérieur du plan de relance, le gouvernement a annoncé une enveloppe de 120 millions d'euros sur deux ans pour le sport. Le secteur de la culture va être aidé à hauteur de 2 milliards d'euros. Il y a plusieurs voix dans le sport français qui estiment que c'est deux poids, deux mesures. Comment vous analysez ça ?
Pour moi, les 120 millions d'euros, ce n'est pas du tout assez. Cette somme-là, c'est pour tous les sports parce que tous les sports ont besoin d'aide, que ce soit le secteur professionnel ou le secteur amateur. Et quand j'ai vu ces chiffres-là, je me suis dit que le gouvernement ne se rendait pas compte de ce qu'on a besoin pour pouvoir survivre.
Que répondriez-vous à quelqu'un qui vous dirait qu'en cette période de Covid, le sport c'est secondaire et que la santé est prioritaire ?
Je serai 100% d'accord que la santé reste numéro un. Mais je pense quand même qu'on peut trouver des solutions pour sauver tout le monde.
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