Covid-19 : un maire de Côte-d'Or, contraint d'assurer lui-même le service à la cantine
"Il faut aller vers la fermeture, sur une courte durée, des écoles", appelle l'élu. "On voit bien que tout est trop tendu à tous les niveaux."
Sur les six personnes chargées d'assurer le service de la cantine d’Ouges, en Côte-d’Or, trois sont absentes depuis vendredi pour cause de Covid-19, au point que le maire, Jean-Claude Girard, a dû faire le service lui-même. "Deux solutions se présentaient à nous, appeler les parents à la dernière minute en leur demandant de venir chercher leurs enfants ou faire face", explique-t-il mardi 11 janvier sur franceinfo. Le maire de cette commune près de Dijon a choisi de "faire face" mais s'interroge : "Combien de temps est-ce qu'on va tenir" face au variant Omicron qui "se répand très vite au sein des classes" ? "C'est une situation très compliquée et notre crainte, c'est qu'elle se complique de plus en plus dans les jours à venir".
franceinfo : Vous avez dû faire vous-même le service à la cantine ces derniers jours. Comment en êtes-vous arrivé là ?
Jean-Claude Girard : En temps normal, nous avons six personnes dédiées au restaurant scolaire. C'est une cuisine extérieure qui prépare les repas et nous les livre froids. Les six personnes que nous avons sont dédiées au transfert entre l'école et la cantine, à préparer la salle, mettre la table, réchauffer les plats. Vendredi, à 10h30, dès le début de la matinée, deux personnes étaient absentes. L'un des membres du personnel, qui ne se sentait pas bien, a fait un autotest et a été déclaré positif. Donc à 10h30, au lieu de six personnes pour assurer le service, il n'y avait que trois personnes. Nous avons la responsabilité de faire manger 85 enfants, dont 60 enfants de l'école élémentaire et 25 enfants d'école maternelle, sachant que les plus petits ont 3 ans et qu'il faut qu'ils soient particulièrement accompagnés.
Vous n'aviez pas d'autres solutions que d'y aller vous-même ?
Deux solutions se présentaient à nous, appeler les parents à la dernière minute en leur demandant d'être présents une heure après pour venir chercher leurs enfants, ou faire face. Faire face, c'est le choix qu'on a fait parce qu'on a pu le faire. Mais c'est extrêmement compliqué. Faire le service au restaurant scolaire c'est un vrai métier.
Est-ce que le gouvernement, avec l'école depuis la rentrée, fait une politique de l'autruche ?
C'est vrai que c'est une situation très compliquée et notre crainte, c'est qu'elle se complique de plus en plus dans les jours à venir. Je pense qu'il y a des décisions qui doivent se prendre et des décisions qui vont s'imposer au fil des jours. Il faut qu'elles soient prises dans les meilleurs délais possibles. On a une très forte entraide au sein des services.
"Des personnes, des associations se sont présentées spontanément et se sont proposées pour nous aider. Mais pendant combien de temps est-ce qu'on va tenir ?"
Jean-Claude Girard, maire d'Ougesà franceinfo
D'autant plus que si on voulait faire appel à une société d'intérim, on serait obligé de faire une mise en concurrence avec un cahier des charges. C'est extrêmement compliqué. C'est très chronophage. Donc, il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup de choses à revoir.
Vous vous sentez seul face à cette situation ?
Complètement ! Chacun est seul de son côté. Chacun fait le maximum pour s'en sortir. Mais il arrive un moment où il va falloir que des décisions soient prises, même si ce n'est pas facile à faire. Je pense qu'il faut aller vers la fermeture, sur une courte durée, des écoles. On voit bien que tout est trop tendu à tous les niveaux. On voit que le variant se répand très vite au sein des classes. Soit on fait le choix de protéger la santé des enfants, soit on fait le choix de l'économie. Pour moi, la priorité des priorités, c'est de protéger la santé des enfants.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.