Covid-19 : une augmentation des admissions "régulière", mais pas "exponentielle", selon le chef du service réanimation de l’hôpital Lariboisière
La moitié de ses patients atteints de Covid en réanimation sont "sous ventilation artificielle", rapporte le professeur Bruno Mégarbane. "Les thérapeutiques par oxygène à haut débit ont échoué" sur eux, reconnaît-il.
Le nombre de patients hospitalisés en service de réanimation continue sa hausse, en France, avec plus de 1 200 cas graves recensés, 40 en 24 heures. Sur les sept derniers jours, 815 personnes supplémentaires, malades du Covid, ont été placées en réanimation dans les hôpitaux. "Nous constatons une augmentation toujours constante du nombre d'admissions aux urgences et en réanimation", confirme mercredi 30 septembre sur franceinfo Bruno Mégarbane, chef du service réanimation de l’hôpital Lariboisière à Paris.
"Je ne qualifierai pas l'augmentation exponentielle, mais plutôt de régulière", ajoute Bruno Mégarbane. "À un rythme, bien sûr, qui n'a rien à voir avec ce que l'on a connu au cours du premier pic épidémique, néanmoins, le nombre augmente constamment. Comme les durées d'hospitalisation ne sont pas courtes, le nombre de lits occupés, notamment en réanimation, par les patients présentant des formes graves de Covid-19, ne cesse de croître. Pour vous donner un exemple, dans le service dont j'ai la responsabilité, nous avons 13 patients sur 18 lits qui sont hospitalisés pour Covid-19".
Même profil de malades que pendant le pic épidémique
Le profil des personnes admises en réanimation est aujourd'hui le même que lors du premier pic épidémique. "Ce sont des personnes qui ont entre 60 et 70 ans en moyenne, qui ont des comorbidités, notamment cardio vasculaires. Certains ont une surcharge pondérale, d'autres un diabète", décrit le professeur Mégarbane.
Pour la majorité, ils ont été contaminés en intrafamilial, c'est-à-dire par des membres de leur famille qui ne se savaient pas porteurs du virus.
Bruno Mégarbane, chef du service réanimation de l’hôpital Lariboisière à Parisà franceinfo
"Ce sont essentiellement des hommes et aujourd'hui, la moitié d'entre eux sont sous ventilation artificielle pour des formes extrêmement graves, pour lesquelles, malheureusement, les thérapeutiques par oxygène à haut débit ont échoué", rapporte le praticien.
Il faut une meilleure communication pour atteindre les jeunes
"La situation est encore sous contrôle", ajoute Bruno Mégarbane. "Si on prenait la totalité des lits de réanimation, nous ne sommes pas encore à 30% d'occupation. Mais ce calcul, malheureusement, fait intervenir les lits de réanimation chirurgicale. Or, si nous comptabilisons la totalité des lits, ceci veut dire que l'on part sur le principe éventuel de reports ou de déprogrammations d'un certain nombre d'interventions chirurgicales pour libérer les lits. Maintenant si nous souhaitons maintenir la totalité de la programmation chirurgicale, il faut évidemment comptabiliser les lits de réanimation médicale et là, on est très largement au dessus de 50% de taux d'occupation en Île-de-France".
Le chef du service réanimation de l’hôpital Lariboisière invite au respect des gestes barrières, y compris dans les bars et les restaurants, et souhaite que de nouveaux moyens de communication soient déployés en direction de la jeunesse, "recourir à des méthodes différentes, qui atteignent mieux le jeune public, pour les sensibiliser à l'université, à l'école, avec des leaders d'opinion ou des personnes, des chanteurs, des footballeurs, des sportifs, auxquels il donne plus facilement l'oreille"
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