Crise du coronavirus : "On est dans le temps des pompiers, pas encore des architectes", affirme l'économiste Jean Pisani-Ferry
"La première chose est de redémarrer l'économie", a estimé sur franceinfo l'économiste.
"L'économie privée tourne à 50% de sa capacité. C'est une situation très inquiétante", a estimé jeudi 23 avril sur franceinfo l'économiste Jean Pisani-Ferry. Invité éco de franceinfo, le responsable du programme économique de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron évoque "le temps des pompiers, pas encore celui des architectes", alors que le monde est secoué par la crise sanitaire et économique liée à l'épidémie de coronavirus.
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"La première chose est de redémarrer", ajoute l'économiste. "Une entreprise complètement à l'arrêt, vous n'allez pas lui dire 'pour le chômage partiel ou pour une garantie de crédit, je vais vous demander des conditions sur ce que vous allez faire demain ou après-demain', cela n'a pas de sens. Il faut l'aider à ne pas sombrer." Pour Jean Pisany-Ferry, "on va redémarrer en fonction d'abord des conditions de travail : là où on peut assurer la sécurité. Puis on va se poser la question, où est-ce que cela a l'impact le plus grand, par exemple les secteurs en amont qui fournissent les secteurs en aval, s'ils ne redémarrent pas ils bloqueront les autres. Puis on se posera la question des secteurs dans lesquels il y a le plus d'entreprises au bord de la faillite. Il faut qu'elles rédémarrent si possible."
Eviter les distorsions de concurrence
Dans une tribune publiée dans Le Monde, mercredi 22 avril, avec plusieurs autres économistes européens, Jean Pisany-Ferry appelle les 27 à poser les bases d'une coordination européenne aux entreprises, pour éviter les distorsions de concurrence. "On est quand même une économie interdépendante", affirme-t-il. "Si vous prenez l'économie automobile ou l'économie du textile, si cela redémarre d'un côté mais pas de l'autre, cela ne redémarre pas. Cette interdépendance impose de redémarrer, non pas de manière complètement coordonnée, mais de façon qui n'est pas contradictoire." L'économiste poursuit, "Il y a la question de savoir qui aide ces entreprises, avec quels moyens ?" Pour lui, "il y a le risque que les pays qui ont le plus de moyens aident beaucoup plus leurs entreprises et que les autres, dans des pays plus faibles, soient encore plus pénalisés."
Enfin, pour l'économiste, il faudra tirer les leçons de cette crise, "en matière d'autonomie dans un certain nombre de domaines industriels, et ne pas oublier les problèmes de la transition écologique." L'étape, dit-il "d'immédiatement après".
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