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"Dans certains départements on a déjà dépassé le pic sanitaire de la deuxième vague", souligne le créateur de CovidTracker

Il n'y a pas de "flambée épidémique" en France début mars 2021 mais le virus continue de circuler "de manière croissante", indique Guillaume Rozier, fondateur du site CovidTracker.

Article rédigé par franceinfo
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Guillaume Rozier, fondateur de Covid Tracker, à Paris, le 10 février 2021. (JOEL SAGET / AFP)

"Dans certains départements et certaines régions, on a déjà dépassé le pic sanitaire de la deuxième vague" d'octobre-novembre, a expliqué mercredi 10 mars sur franceinfo Guillaume Rozier, fondateur du site CovidTracker, alors qu'il décryptait les chiffres des services de réanimation. Il souligne notamment la "flambée des admissions en réanimation, et plus largement des admissions à l'hôpital" en Île-de-France, mais pas une flambée épidémique car le virus circule globalement "de manière croissante". L'ingénieur souligne également qu'on "a une activité virale qui reste très importante et relativement stable dans les Alpes-Maritimes".

franceinfo : Les Alpes-Maritimes restent-elles à l'heure actuelle l'un des départements les plus touchés par l'épidémie ?

Oui, les Alpes-Maritimes restent très clairement un des départements de France les plus touchés, et plus globalement l'extrême Sud-Est, le pourtour méditerranéen. Et puis il y a l'extrême Nord entre l'Ile-de-France et les départements du Nord et du Pas-de-Calais qui sont très touchés. J'ai entendu Gabriel Attal indiquer que le taux d'incidence baissait depuis quelques jours, quelques semaines dans le département des Alpes-Maritimes, c'est vrai. Mais il faut aussi voir que le dépistage, le nombre de tests qu'on réalise a lui aussi diminué. Moins on cherche, moins on trouve. En fait si on regarde la proportion des tests qui sont positifs, ce taux de positivité est stable. Donc on n'observe pas de baisse rapide de l'activité virale. On a une activité virale qui reste très importante et relativement stable dans les Alpes-Maritimes. A ce jour, on n'a donc pas de preuves vraiment fortes indiquant que le couvre-feu le week-end a eu un effet important sur l'épidémie. Peut-être que ce couvre-feu le week-end a aussi peut-être permis d'éviter une flambée des cas qui serait peut-être arrivée sinon. C'est très difficile de se prononcer sur l'efficacité de cette mesure aujourd'hui.

Et en Île-de-France et à Paris, y a-t-il eu une flambée des cas justement ?

En Île-de-France, on a en fait surtout une flambée des admissions en réanimation, et plus largement des admissions à l'hôpital, c'est à dire des entrées quotidiennes à l'hôpital. Donc, on a eu une flambée des formes graves de la maladie. Par contre, on ne voit pas de flambée épidémique. Cette situation épidémique est très tendue, le virus circule beaucoup en Île-de-France et de manière croissante sur les dernières semaines, sans que ça devienne vraiment explosif de manière très rapide. Mais on a cette augmentation des formes graves et des admissions en réanimation qui est très forte, on a une véritable flambée sur les derniers jours qu'on a du mal à expliquer. On a eu beaucoup d'admissions qui ont été reportées hier en service de réanimation. On attend de voir avec les données d'aujourd'hui et de demain si cette forte hausse se confirme ou si c'était assez localisé. Mais en effet l'évolution hospitalière sur les derniers jours n'est pas rassurante en Île-de-France. C'est le cas aussi d'ailleurs dans les Hauts-de-France et dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, mais depuis plusieurs semaines cette fois-ci.

Dans ces conditions, est-ce que vous voyez dans les courbes une incidence de la campagne de vaccination sur les hospitalisations ?

Ce que l'on voit au niveau national, c'est une baisse de la représentation des plus de 80 ans dans les hospitalisations, les plus de 80 ans qui sont aussi donc la tranche d'âge la plus vaccinée. Et on a une hausse des hospitalisations sur les tranches d'âges inférieures : entre 40 et 60 ans, entre 60 et 70 ans notamment. Donc au global, le nombre de personnes hospitalisées est relativement stable ou en très légère baisse, parce que la baisse des plus de 80 ans compense la hausse sur les tranches d'âge inférieures. Mais au global sur les réanimations, on a une augmentation en France sur les dernières semaines.

Est-ce que les courbes d'aujourd'hui commencent à ressembler à celles d'il y a quelques mois, notamment en octobre-novembre ?

C'est une dynamique qui est très différente, qui est moins explosive, mais qui est en hausse depuis plusieurs semaines, depuis même le courant du mois de janvier, notamment en réanimation. Donc, c'est une hausse qui est progressive, qui est plus modérée, moins forte, mais qui s'inscrit sur le moyen terme. Donc on atteint à certains endroits des valeurs qui sont similaires au pic de la vague du mois d'octobre-novembre, notamment en réanimation. Dans certains départements et dans certaines régions, on a même déjà dépassé le pic sanitaire de la deuxième vague.

Vous constatez aussi que le variant britannique s'installe ?

Oui, aujourd'hui on a entre 65 et 70 % des tests positifs criblés qui sont issus du variant anglais. Il est présent de manière importante sur l'ensemble des territoires, même si dans quelques départements il est un peu moins présent, tous les départements sont au-dessus de 20 à 30 %. Ce n'est pas le cas des variants sud-africain et brésilien qui, eux, sont nettement moins présents. En moyenne, on est à 4 à 6 % de variants sud-africain et brésilien, les deux cumulés, sauf dans les départements du Nord-Est, notamment en Moselle, où près de la moitié des tests positifs criblées sont issus des variants sud-africain et brésilien.

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