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Déconfinement : "Pendant que les policiers effectueront les contrôles" dans les transports en commun, "ils ne seront pas dédiés à la lutte contre la délinquance"

20 000 policiers et gendarmes seront dédiés aux contrôles du port du masque et des attestations employeurs aux heures de pointe dans les transports en commun franciliens. Ce n'est pas "notre coeur de métier", dénonce Rocco Contento du syndicat Unité SGP Police.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un CRS en surveillance dans le métro (photo d'illustration). (DAMIEN MEYER / AFP)

Rocco Contento, secrétaire départemental de Paris du syndicat Unité SGP Police, a estimé vendredi 8 mai sur franceinfo que la mobilisation des policiers et des gendarmes pour faire respecter les consignes du gouvernement dans les transports en commun d'Île-de-France lors du déconfinement était "un danger" car ce sont des forces de l'ordre en moins pour lutter contre la délinquance, selon lui. Épaulés par les agents de sécurité de la RATP et la SNCF, les forces de l’ordre devront gérer les flux de voyageurs, contrôler les attestations employeurs, vérifier le port du masque et distribuer d'éventuelles amendes de 135 euros. "Le risque, c'est que pendant que les policiers seront occupés à effectuer ces contrôles, ils ne seront pas dédiés à la lutte contre la délinquance. C'est un danger, au risque de voir certaines statistiques de délinquance augmenter", a-t-il prévenu.

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franceinfo : Comment les choses vont se passer lundi dans les transports en Île-de-France ?

Rocco Contento : Pour l'instant, nous n'avons pas encore de consignes très claires. Ce qui est certain, c'est qu’il y aura 20 000 policiers et gendarmes qui seront dédiés au contrôle, notamment du port du masque dans les transports en commun et du contrôle des attestations employeurs aux heures de pointe. 

C'est un travail que nous allons effectuer en plus de notre travail de lutte contre la petite, moyenne et grande délinquance. Il ne s'agit pas de notre cœur de métier de contrôler des attestations. 

Rocco Contento, secrétaire départemental de Paris du syndicat Unité SGP Police

à franceinfo

Le risque, c'est que pendant que les policiers seront occupés à effectuer ces contrôles, ils ne seront pas dédiés à la lutte contre la délinquance. C'est un danger, au risque de voir certaines statistiques de délinquance augmenter.

Vérifier les attestations employeurs à l’entrée des gares, cela peut prendre du temps. Craignez-vous des tensions ?

Oui, c'est pour ça que les agents RATP ont demandé, le cas échéant, le renfort de la police parce qu’ils redoutent justement ces tensions. On sait très bien que, entre guillemets, tous les magasins vont ouvrir à partir de lundi. Mathématiquement, il y aura un afflux de voyageurs dans les transports en commun. J'ai pris la ligne 13 récemment. Déjà, il y a beaucoup de monde. Imaginez le 11 mai ! Donc nous serons confrontés à ce risque-là. On peut faire ça en force d'appoint. Mais il ne faut pas que cela dure trop longtemps parce que la police, son travail, c'est d’abord de lutter contre la délinquance.

On vous demande de faire preuve de tolérance et de pédagogie pour les premiers jours ?

Oui, tout à fait puisque les citoyens n'auront pas forcément, dès lundi, leur attestation employeur. Ce sera surtout une sensibilisation. Mais je pense qu’assez rapidement, le processus de verbalisation se mettra en place, 135 euros, pour les personnes qui ne pourront pas justifier aux heures de pointe d'une attestation. Pour l'instant, nous n'avons pas reçu encore dans les services des consignes très claires à ce sujet-là, mais elles vont arriver vite. Je pense aujourd'hui ou ce week-end. Après, chaque policier devra faire preuve de discernement dans l'exercice de cette mission.

Faudra-t-il faire respecter la distanciation physique ?

C’est le travail demandé aux policiers. On ne va pas mettre un policier à chaque station de métro. Ce n'est pas possible. Et il ne faut pas rêver. Tout le monde sait que la distanciation n'est pas possible si les lignes sont encombrées. Je pense notamment à la ligne 13 ou la ligne 4 du métro où il y aura beaucoup de monde. Cela va être très compliqué de faire respecter la distanciation de plus d'un mètre, voire impossible.

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