Cet article date de plus de trois ans.

Concert-test d’Indochine à Paris : les participants sont "super motivés", se réjouit la virologue qui pilote le projet

5 000 personnes assisteront au concert et 2 500 le suivront depuis chez elles. Les résultats préliminaires de l'étude sont attendus fin juin. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le chanteur Nicolas Sirkis, leader du groupe Indochine, le 10 décembre 2018. (THOMAS SAMSON / AFP)

"On compte sur l'engagement des participants. On les a vus super motivés", s'est réjouie vendredi 28 mai sur franceinfo Constance Delaugerre, professeure de virologie à l’hôpital Saint-Louis à Paris. Elle pilote le projet de concert-test à Paris samedi. Indochine jouera à l'AccorHotels Arena. Les volontaires seront séparés en deux groupes : 5 000 personnes assisteront au concert et 2 500 le suivront depuis chez elles. "C'est une expérimentation scientifique", a souligné Constance Delaugerre. Les résultats préliminaires de l'étude sont attendus fin juin, ils seront définitifs pendant l'été.

franceinfo : Ce concert avait été annoncé au mois d'avril. Nous sommes finalement fin mai. Pourquoi ça a été si long ?

Constance Delaugerre : Ce n'est pas un concert, c'est une expérimentation scientifique. Il faut donc du temps pour monter une expérimentation : avoir la validation de l'ensemble des commissions, ça prend du temps. La première date réellement fixée était fin avril mais fin avril, l'épidémie était très élevée et nous avions décidé collectivement de repousser à fin mai.

Il y aura 5 000 spectateurs dans la salle samedi, pour cette expérimentation scientifique. Comment les avez-vous sélectionnés ?

Depuis deux jours [depuis mercredi], nous recevons un grand nombre de participants à l'AccorHotels Arena, pour à la fois réaliser un test antigénique et aussi ce qu'on appelle vérifier l'ensemble des critères d'inclusion dans la recherche. Et donc sont sélectionnés des gens qui sont dans la tranche d'âge 18-45 ans, qui n'ont pas de facteurs de risque, qui résident en Ile-de-France et qui ne sont pas symptomatiques du Covid et qui ont un test négatif. Nous les avons répartis de façon aléatoire, ça s'appelle la "randomisation", en deux groupes de recherche. [Parmi eux], 5 000 personnes ont la chance de venir au concert d'Indochine demain. Les autres, que je remercie de participer jusqu'au bout, ne viennent pas au concert, ils vivent une vie absolument normale.

Les spectateurs porteront un masque à ce concert-test mais il n'y aura pas distanciation physique, ça veut dire qu'on pourra se lever, on pourra danser dans la fosse normalement ?

Absolument. Ils sont obligés d'être debout. C'est dans la fosse en jauge réelle, la fosse de l'AccorHotels Arena est de 5 000 places. En gros, ça correspond à deux à trois personnes par mètre carré, donc sans distanciation physique. Le masque est recommandé, bien sûr, avec le gel hydroalcoolique, etc. Nous n'allons pas du tout insister sur la tenue du masque tout au long de l'expérimentation. En revanche, nous allons mesurer le port du masque avec ce qu'on appelle des caméras intelligentes et la start-up ingénieuse Datakalab, qui a positionné des caméras et qui va compter en images, sans reconnaître évidemment les personnes, si : le masque est bien porté, ça veut dire sur le nez et la bouche ; moyennement bien porté, c'est-à-dire sous le nez, ou alors pas du tout porté. Nous allons évaluer ce port du masque tout au long de l'expérimentation.

Lors du concert-test qui s'est tenu à à Liverpool, le 2 mai dernier, les spectateurs ne portaient pas de masque, contrairement à ce qui sera fait à Paris, et ils n'ont pas fourni de test Covid après le concert. Les organisateurs ne sont pas allés au bout de l'expérience ?

En fait, le design de leurs études, c'est ce qu'on appelle des études "observationnelles" c'est-à-dire qu'on observe ce qui se passe, mais on n'intervient pas. Nous, on a une intervention puisque sept jours après le concert, tous les participants, dans les deux groupes, doivent collecter leur salive et l'envoyer par La Poste. Donc, quelque chose de sécurisé. C'est cette comparaison entre les deux groupes qui nous permet d'être un peu plus robustes que simplement de dire aux gens après une fête : "Allez vous tester si vous voulez". Effectivement, on compte sur l'engagement des participants. On les a vus hier super motivés. C'était vraiment agréable de voir comment les gens ont envie de reprendre cette vie culturelle et de concerts. Ils veulent participer jusqu'au bout et c'est vraiment ça qui est intéressant.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.