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Covid-19 : Espagne, Allemagne, Italie… Où en sont les mesures sanitaires chez nos voisins européens ?

En Espagne, un décret impose l'extension de mesures drastiques à tout Madrid, malgré l'opposition des autorités régionales, tandis qu'à Bruxelles, le masque n'est plus obligatoire en extérieur. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des touristes et des habitants devant le Colisée, à Rome (Italie), le 29 septembre 2020.  (ANDREA RONCHINI, RONCHINI / NURPHOTO / AFP)

Ces dernières semaines, l'Europe assiste à une augmentation des contaminations au coronavirus Sars-CoV-2, notamment en France et en Espagne, où les autorités ont décidé d'imposer un bouclage de Madrid après un long bras de fer avec les autorités locales.

Côté français,"le gouvernement doit pouvoir prendre des mesures additionnelles nécessaires en fonction de l'évolution de l'épidémie", a prévenu Emmanuel Macron, mercredi 30 septembre. Des mesures drastiques, comme la fermeture des bars et restaurants pour deux semaines, ont d'ores et déjà été imposées à la métropole d'Aix-Marseille et à la Guadeloupe, placées en alerte maximale. Des décisions qui suscitent la colère de certains restaurateurs. 

Une semaine après ce tour de vis contesté en France, où en sont nos voisins européens ? Ont-ils eux aussi appliqué de telles mesures ? De l'Espagne au Royaume-Uni, en passant par la Belgique, l'Allemagne et l'Italie, franceinfo fait le point. 

En Espagne, les Madrilènes n'ont plus le droit d'entrer ou de sortir de leur quartier

Les autorités ont décidé d'imposer un bouclage de Madrid et des communes environnantes, dans un décret paru jeudi au Journal officiel. Ce décret étend à toute la capitale, peuplée de 3,2 millions d'habitants, les mesures déjà en vigueur depuis une semaine dans les zones de la région les plus touchées par le virus. En effet, le taux d'incidence, c'est-à-dire le nombre de cas pour 100 000 habitants sur les 14 derniers jours, dépasse les 700 dans la région de Madrid, contre près de 300 à l'échelle nationale, ce qui est déjà un record au sein de l'Union européenne.

Concrètement, le décret interdit aux habitants de Madrid d'entrer ou de sortir de leur quartier, sauf pour des raisons de première nécessité : pour aller travailler, se rendre chez le médecin ou emmener ses enfants à l'école. Les habitants peuvent, en revanche, circuler librement dans leur quartier et ne sont donc pas confinés chez eux, comme cela avait été le cas au printemps. 

Cette annonce, qui intervient après un bras de fer de deux semaines entre le gouvernement central de gauche et l'exécutif régional de droite, a été immédiatement rejetée par ce dernier. Mais malgré le refus de Madrid et d'autres régions, ces mesures sont obligatoires dans les 48 heures, selon le décret. "Je n'envisage pas" que la région de Madrid puisse ne pas appliquer ces mesures, a indiqué le ministre de la Santé, Salvador Illa, en qualifiant la situation de "complexe et inquiétante" dans une région qui représente 43,7% des nouveaux cas du pays.

La pandémie a causé plus de 31 000 décès en Espagne, pays qui compte actuellement le plus grand nombre de cas par rapport à sa population de toute l'Union européenne.

Au Royaume-Uni, les pubs et restaurants ferment à 22 heures 

Le Royaume-Uni multiplie les actions locales pour tenter de contrôler la propagation du virus, qui y a déjà fait plus de 42 000 morts, le plus lourd bilan en Europe. Les autorités sanitaires britanniques ont reconnu mercredi que le taux d'infection n'était "pas sous contrôle"

Le gouvernement a ainsi décrété jeudi de nouvelles restrictions locales à Liverpool, dans le nord-ouest de l'Angleterre. "A Liverpool, le nombre de cas est de 268 pour 100 000 personnes, nous devons donc agir ensemble", a déclaré le ministre de la Santé, Matt Hancock, devant le Parlement. Dans cette région de 1,5 million d'habitants, il est demandé de ne pas recevoir de visites au sein de son foyer. Il est désormais recommandé de ne pas assister à des évènements sportifs ni de se rendre dans les maisons de retraite ou d'entreprendre des déplacements non essentiels.

De telles restrictions étaient déjà entrées en vigueur mercredi dans une partie du nord-est de l'Angleterre. Elles s'ajoutent à celles déjà valables pour l'ensemble de l'Angleterre, qui stipulent que les pubs, restaurants et bars doivent fermer à 22 heures et que les réunions sont limitées à six personnes, en intérieur comme en extérieur. Elles concernent au total plus du quart de la population britannique.

Par ailleurs, depuis le week-end du 26 septembre, les étudiants testés positifs au coronavirus ont l'obligation de s'isoler de leurs camarades. A Glasgow, en Ecosse, dans la résidence universitaire Cairncross House, 600 étudiants sont confinés et 172 d'entre eux ont été contaminés, rapportait récemment France 2

"L'augmentation des nouvelles contaminations pourrait avoir ralenti, ce qui suggère que les efforts pour contrôler l'infection fonctionnent", a déclaré jeudi le professeur Paul Elliott, qui dirige une étude sur le Covid-19 à l'Imperial College de Londres. Il prévient cependant que "la prévalence de l'infection est la plus élevée enregistrée à ce jour". Le gouvernement britannique espère encore éviter un reconfinement national.

En Allemagne, la stratégie s'élabore 
"de manière régionale"

Les grands rassemblements étaient déjà interdits jusqu'à la fin de l'année en Allemagne, mais le gouvernement a décidé d'aller plus loin : à l'issue d'une réunion avec les chefs de gouvernement des 16 Etats régionaux, la chancelière Angela Merkel a prôné mardi de nouvelles mesures restrictives.

Elle a notamment décidé de limiter le nombre de participants aux fêtes dans l'espace public et privé en fonction de l'évolution des infections au coronavirus. Les Länder où sont enregistrés 35 nouveaux cas d'infection pour 100 000 habitants sur sept jours devront imposer une limite de 50 participants pour une fête dans un espace public ou un local de location. Pour les réunions privées, il sera "expressément conseillé" de ne pas dépasser 25 personnes, a détaillé la chancelière.

Angela Merkel a toutefois souligné à l'issue de cette réunion que la reprise de l'activité économique et l'évitement "à tout prix" de nouvelles mesures de fermeture sont une priorité des autorités.

A ce stade, la résurgence épidémique en Allemagne est moins marquée qu'en France, au Royaume-Uni ou en Espagne. Les dernières données disponibles font état sur 24 heures de 2 089 infections supplémentaires. "Nous avons beaucoup appris et nous avons bien traversé l'été, mais nous savons qu'une période plus difficile nous attend, l'automne et l'hiver, et une résurgence graduelle – et même significative dans certaines régions – du nombre d'infections est source de préoccupation, a dit la chancelière à la presse. Nous voulons agir de manière régionale, spécifique et ciblée plutôt que de refermer tout le pays, il faut éviter cela à tout prix." 

En Belgique, le port du masque n'est plus obligatoire à Bruxelles et Namur

Depuis lundi, bars et cafés de Bruxelles ferment leurs portes à 23 heures, dans le cadre de nouvelles mesures restrictives. En revanche, depuis jeudi, et contrairement à ses voisins, le gouvernement a décidé de ne plus imposer le port du masque en extérieur sur le territoire de la région de Bruxelles, alors qu'il était obligatoire depuis le 12 août. Il l'a toutefois imposé dans les zones très fréquentées, les commerces et les lieux publics clos, aux abords des écoles et "quand les distances de sécurité ne peuvent pas être garanties", explique le site officiel Info Coronavirus.

Même chose à Namur (capitale de la région de Wallonie), où le bourgmestre, Maxime Prévot, a supprimé l'obligation de port du masque dans le centre-ville. Cette mesure est effective depuis jeudi également. "Il n'y a pas de raison de continuer d'imposer des mesures homogènes sur un territoire qui présente une situation épidémiologique hétérogène. Et reconnaissons qu'en la matière, la nôtre est jusqu'à présent davantage préservée que d'autres", a expliqué Maxime Prévot à la RTBF. Le port du masque restera toutefois "obligatoire lors des marchés, des brocantes et de certains événements de grande ampleur", indique le média belge.

Ces décisions d'assouplissement du port du masque interviennent alors que le pays, l'un des plus endeuillés par la pandémie en Europe, a dépassé les 10 000 morts mercredi. Le chiffre quotidien des décès a augmenté depuis le début du mois, passant de trois à sept ou huit en moyenne ces derniers jours, dès lors que des personnes âgées ou à la santé fragile ont été de plus en plus nombreuses parmi les malades.

En Italie, les élèves doivent porter le masque dès l'âge de 6 ans 

Durement touchée au printemps, l'Italie semble relativement épargnée par la reprise de l'épidémie de Covid-19, notamment parce que le pays a pris des mesures drastiques. Contrairement à la Belgique, le pays a renforcé l'obligation du port du masque. Il est imposé depuis le 16 août sur tout le sol italien, de 18 heures à 6 heures du matin, dans tous les lieux publics où la "formation de groupes" peut survenir. Dans la région de Naples et dans le centre de Gênes, le masque est même obligatoire 24 heures sur 24. Les attroupements sans masque sont punis d'une amende de 400 euros.

Les enfants à partir de 6 ans sont également obligés d'être masqués à l'école, et le gouvernement a promis de distribuer gratuitement 11 millions de masques chaque jour pour les enfants et les enseignants.

Dans les restaurants, une prise de température a systématiquement lieu à l'entrée et les clients doivent déclarer leur identité. "A chaque table, les clients doivent remplir une fiche avec nom, prénom, numéro de téléphone, de façon à pouvoir les identifier en cas de besoin", explique Giacomo Rech, restaurateur, à franceinfo.

De plus, "les transports en commun ont pu faire l'objet de précautions particulièrement strictes, avec une capacité maximum ramenée à 20% ou 50%, selon qu'il s'agisse de trains régionaux ou nationaux", indique Le Parisien.

Les chiffres de mercredi sont toutefois inquiétants, puisque l’Italie a enregistré 2 548 nouveaux cas de contamination sur les précédentes 24 heures. Il s'agit d'une augmentation de plus de 2 000 nouveaux cas en une journée, pour la première fois depuis la fin du mois d'avril. Les scientifiques estiment que les trois prochaines semaines seront cruciales pour analyser la circulation du virus et déterminer si l'Italie sera épargnée ou non par une deuxième vague majeure, après avoir été l'un des pays d'Europe les plus durement touchés, avec 35 851 morts depuis le début de l'épidémie.

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