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Covid-19 : peut-on se baigner sans risquer d'être contaminé ?

Piscines, mer, lacs... Dans l'eau, le coronavirus ne représente pas un réel danger.

Article rédigé par franceinfo
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Une jeune femme porte un masque dans la piscine d'un centre thermal, à Cabourg (Calvados), le 27 juin 2020. (LAURE BOYER / HANS LUCAS)

Les températures grimpent et on troquerait bien son masque en tissu contre un masque de plongée. Mais peut-on vraiment piquer une tête en toute sécurité ? L'eau est vectrice de nombreuses maladies, de la gastro-entérite au choléra. Et alors que le nombre de cas confirmés de Covid-19 repart à la hausse en France et que les autorités craignent la survenue d'une deuxième vague épidémique, les piscines, les plages et les lacs sont pris d'assaut par les touristes. Mais quels sont les risques d'être infecté dans l'eau ? 

En mer, des risques minimes en raison de la quantité d'eau et de sel

Entre le volume d'eau et la salinité, le bain de mer ne semble pas présenter de risque de contamination : "Il n'existe actuellement aucune donnée sur la survie du CoV-2 du Sras dans l'eau de mer, mais un effet de dilution devrait contribuer à diminuer la charge virale et la salinité pourrait contribuer à l'inactivation virale, comme cela se produit avec des virus similaires", affirme le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies

Les dernières études à ce sujet corroborent l'absence de risques de contamination lors d'une baignade en mer : "Nous n'avons observé aucune trace du génome du coronavirus, ni dans les eaux marines ni dans les coquillages", a indiqué à Franceinfo François Houllier, président directeur général de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), qui a réalisé des analyses dans les eaux du littoral. Sur 21 échantillons de coquillages prélevés sur trois façades maritimes, aucun ne présentait la moindre trace de Covid-19.

"Une bonne nouvelle, selon Soizick Le Guyader, virologue et responsable du laboratoire de de l'Ifremer à Nantes. Même si elle ne vaut pas pour certitude pour l'ensemble des coquillages et des eaux marines métropolitaines", précise-t-elle à franceinfo.

En piscine, la protection du chlore

Officiellement, aucune étude disponible à ce jour ne livre des informations précises sur la survie du Sars-Cov-2 dans les eaux de piscine, selon un avis de la Société française d'hygiène hospitalière publié au mois de mars (PDF). Toutefois, "l'eau des piscines ne semble pas un lieu propice pour la survie et le développement des virus", estime le rapport. 

Chlore, brome et autres substances chimiques devraient avoir raison du virus et garantir une baignade en toute sécurité. "L'eau des piscines publiques est filtrée, désinfectée et désinfectante. Les traitements de l'eau sont capables d'éliminer les micro-organismes – dont les virus – sans irriter la peau, les yeux et les muqueuses, affirme l'Agence régionale de santé de Provence-Alpes-Côte d'Azur. A condition d'être bien maîtrisés".

En ce qui concerne les eaux des cures thermales, il n'y aurait "aucun risque de contamination", selon le guide L'Officiel du thermalisme. "Il est important de préciser et de rappeler que le virus ne circule pas dans l'eau minérale, ni dans ses dérivés que sont le gaz, les vapeurs ou encore les boues thermales", explique le site. Mais pour l'Académie nationale de médecine, il ne faut pas "sous-estimer les risques" "Les soins hydrothermaux rapprochent patients et professionnels dans un milieu chaud et humide, favorable à la survie et à la transmission de micro-organismes par voie respiratoire", estime l'académie. La sécurité des établissements de cure dépendra donc du respect des protocoles sanitaires spécifiques.

Pas de transmission dans l'eau douce

Si vous prévoyez des baignades dans un lac ou dans une rivière, pas d'inquiétude : les risques de contamination au coronavirus dans l'eau, même douce ou non traitée, sont "quasi nuls", selon le médecin hygiéniste et président de la Société française d'hygiène hospitalière Bruno Grandbastien. "Même en admettant que quelqu'un crache dans l'eau, et donc excrète du virus, les gouttelettes seraient diluées dans une grande surface aquatique", note-t-il pour franceinfo.

Du fait de sa structure même, le coronavirus ne serait pas à même de survivre bien longtemps dans un milieu hydrique : "La charge virale se détruit rapidement dans l'eau. On peut retrouver de l'ARN (trace génétique) du virus plusieurs jours après, mais ça ne signifie pas qu'il est infectant". "L'enveloppe" qui entoure le Covid-19 le rend, comme toutes les maladies de la famille des coronavirus, extrêmement vulnérable dans les milieux aquatiques : "Cette enveloppe est faite d'une couche lipidique qui se marie mal à l'eau, et peut même le faire exploser", détaille le chercheur à Franceinfo. En revanche, les virus sans enveloppe, dits "nus", comme les adénovirus responsables des gastro-entérites, s'accomodent eux bien à l'eau. Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande donc d'éviter les sites ne faisant pas l'objet d'un contrôle sanitaire réglementaire.

Pour ce qui concerne le coronavirus dans les piscines, la mer ou les lacs, ne craignez pas non plus de boire la tasse, car "aucun cas de contamination au Covid par voie digestive n'a jamais été relevé", rappelle Bruno Grandbastien. 

Attention au respect des gestes barrières

Le vrai risque d'être contaminé lors d'une sortie baignade se présente hors de l'eau : sur les plages bondées où la distanciation n'est pas respectée, dans les vestiaires collectifs ou lors des interactions entre nageurs sur le bord d'une piscine, selon le président de la Société française d'hygiène hospitalière. "Sur un transat, le virus pourrait théoriquement survivre une journée", avertit-il.

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