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En images Les gestes barrières parfois oubliés durant les passations de pouvoirs

Les passages de témoins entre les ministres entrants et sortants se sont succédé depuis lundi soir. Des cérémonies solennelles, où membres du gouvernement et collaborateurs ont parfois fait fi des règles de distanciation physique, malgré la pandémie de coronavirus. 

Article rédigé par franceinfo
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Nicole Belloubet, ministre de la Justice sortante, et son successeur, l'avocat Eric Dupond-Moretti, lors de la passation de pouvoirs, le 7 juillet 2020. (ALAIN JOCARD / AFP)

Des accolades, des poignées de main, des visages sans masque... Le respect des gestes barrières est (un peu) passé à la trappe, durant les passations de pouvoirs, lundi 6 et mardi 7 juillet, après la nomination du gouvernement de Jean Castex. Des images qui ont interpellé certains internautes sur les réseaux sociaux, alors que l'Organisation mondiale de la santé souligne que le pic de l'épidémie de coronavirus n'a pas encore été atteint dans le monde.

Moins d'un mètre de distance

A peine nommée nouvelle ministre de la Culture, lundi soir, Roselyne Bachelot, a fait son entrée rue de Valois, prenant ainsi la place de Franck Riester, nommé ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité. Pas d'accolade entre eux, mais les deux membres du gouvernement se sont toutefois tenus à moins d'un mètre. Le constat est le même dans le reste de la salle, où la distanciation physique entre les collaborateurs n'était pas franchement respectée.

Toutefois, si la ministre ne portait pas de masque pour son intronisation, elle est apparue le visage couvert à son arrivée au premier Conseil des ministres depuis le remaniement, mardi après-midi.

Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, à son arrivée au premier Conseil des ministres depuis le remaniement, le 7 juillet 2020. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Du côté du ministère de l'Intérieur, les masques étaient les grands absents de la passation de pouvoirs entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin, mardi matin, où le personnel de la place Beauvau était rassemblé dans la cour, derrière un cordon sécuritaire. "C'est dommage qu'ils ne donnent pas l'exemple et c'est même incroyable", réagit Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière. "Ironie du sort, on observe un relâchement alors que 'Monsieur déconfinement' [Jean Castex] a été nommé Premier ministre et que son gouvernement devrait être encore plus exemplaire !"

Peu de visages masqués également dans la cour du ministère de la Transition écologique, où Barbara Pompili faisait son entrée, mardi matin, accueillie par Elisabeth Borne, fraîchement nommée ministre du Travail. Pas d'embrassades entre les deux ministres, même si elles ont observé un geste physique amical, en se touchant le bras.

Barbara Pompili (à gauche) succède à Elisabeth Borne (à droite) au ministère de la Transition écologique, le 7 juillet 2020. (BERTRAND GUAY / AFP)

La cour du ministère de la Transition écologique lors de la passation de pouvoirs, le 7 juillet 2020. (ELKO HIRSCH / HANS LUCAS)

Dans la cour, les consignes ne semblaient pas vraiment respectées. "Le risque est certes moins élevé à l'extérieur, mais dans tous les cas, il faut au minimum respecter la distanciation physique ou porter un masque quand c'est impossible", réagit Eric Caumes. "Il suffit de se trouver face à quelqu'un qui a beaucoup de virus dans les voies respiratoires pour être contaminé." 

Des scènes de franches accolades

Mais c'est surtout l'arrivée de Julien Denormandie, chaleureusement accueilli par Didier Guillaume, le ministre de l'Agriculture sortant, qui a fait réagir. Sous les yeux des nombreux collaborateurs, masqués, les deux hommes se sont donné l'accolade. "C'est assez inquiétant. Il y a aujourd'hui un relâchement tous azimuts au niveau individuel et collectif et maintenant au niveau de nos représentants", poursuit Eric Caumes. "Je crois beaucoup à la notion d'exemplarité, mais ça n'a pas l'air d'être une valeur défendue par nos gouvernants." Contacté sur les règles de distanciation physique mises en place lors de la cérémonie, le ministère de l'Agriculture n'a pas donné suite à nos sollicitations.

"Il faut répéter que ces gestes barrières doivent être respectés", a tout de même répondu Julien Denormandie, interpellé par un journaliste de BFMTV à ce propos. "Je suis d'accord, ça n'a pas toujours été le cas. Ce n'est pas bien", visiblement gêné en évoquant ce sujet. "Quand ça n'a pas été le cas, ça n'a pas été un exemple à suivre."

Au ministère de la Justice, une petite foule compacte était rassemblée en fin de matinée, pour accueillir l'avocat Eric Dupond-Moretti. "Il y avait des barrières, les gens étaient masqués", assure-t-on au cabinet du ministère, auprès de franceinfo. Mais sur les images, les visages couverts étaient peu nombreux.

L'émotion l'a globalement emporté durant cette passation, où Nicole Belloubet, a lâché un sanglot à l'issue de son discours. La ministre sortante a quitté la place Vendôme après une longue étreinte avec son successeur. Le cabinet du ministère n'a pas souhaité commenter cette scène auprès de franceinfo.

Nicole Belloubet, ministre de la Justice sortante, et son successeur, l'avocat Eric Dupond-Moretti, lors de la passation de pouvoirs, le 7 juillet 2020. (BERTRAND GUAY / AFP)

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