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"Est-ce que je vais encore gagner ma vie là-dedans ?" : l'avenir incertain des métiers de l'ombre du secteur de la culture

La ministre de la Culture Roselyne Bachelot entame mercredi une série de rendez-vous avec des acteurs du monde de la culture, terrassé par la crise sanitaire.

Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
DJ en boîte de nuit, un métier menacé par le coronavirus (photo d'illustration). (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)

Après un imbroglio au début du mois d'août sur la levée, puis non, de l'interdiction des événements de plus de 5 000 personnes, puis la polémique sur le Puy du Fou, les professionnels du monde de la culture sont remontés, alors qu'ils sont reçus par la ministre Roselyne Bachelot à partir du mercredi 19 août. Toute une série de métiers, connus ou non du grand public, sont aujourd'hui clairement menacés. Jean-Marc Dumontet, producteur et directeur de plusieurs théâtres à Paris, hésite entre espoir et incompréhension : "On prend le train, on prend l'avion et dans nos théâtres, il y a encore la distanciation. Et malgré tout on arrive à passer de bons moments."

Tourneurs, directeurs de salles et de festivals, acteurs, musiciens... les doléances de ces métiers sont sur la table de la ministre de la Culture. Mais il y a aussi les autres. "On n'a pas du tout entendu parler de ces réunions au ministère de la Culture", indique Cécile Legros, attachée de presse. Elle passe sa vie dans l'ombre, mettant en relation artistes et médias. "Notre activité a totalement été cassée. Pour cette rentrée, on est complètementdans le flou. Tout ça est largement impacté par les annonces du ministère de la Culture. Si on n'a pas de visibilité sur la reprise des tournées et des concerts notamment, très clairement les projets culturels ne vont pas pouvoir exister de la même manière", prévient Cécile Legros. 

On attendrait vraiment des réponses, non pas une aide forcément financière mais en tout cas de pouvoir être écouté et conseillé éventuellement pour une meilleure reprise.

Cécile Legros, attachée de presse

à franceinfo

Un autre exemple avec Romain Coolen. Sous le nom de DJ Prosper, il passe en général son année sur la route, dans les bars et discothèques à Paris et partout ailleurs. "Tout s'est arrêté assez nettement à la mi-mars", se remémore-t-il. Maintenant, alors que les discothèques vont rester fermées encore un moment, il s'interroge : "Même si la vie redevient normale, est-ce que moi je vais encore gagner ma vie là-dedans ?" Il vient de s'engager pour une nouvelle date mais désormais, lui-même voit la question sous un autre angle. "J'y vais à reculons, parce que je sais très bien que passé trois verres de champagne, tout le monde va s'embrasser comme du bon pain, et je ne suis plus à l'aise derrière les platines", avance le DJ.

Autour des spectacles, il y a l'image, le métier de la photographe Zélie Noreda. Pour elle, basée à Belfort, "il y a un vide d'émotions". "Toutes ces émotions qu'on est censés vivre cet été, ces émotions-là, elles seront inconnues en 2021 et donc il n'y aura pas de trace. Il manque ça : raconter", déplore-t-elle.

Je ne peux pas imaginer que j'arrête mon boulot à cause d'un virus !

Zélie Noreda, photographe

à franceinfo

Normalement, Zélie Noreda devrait être en train de se préparer pour le festival Rock en Seine, ou pour la tournée de Lou Doillon, encore très incertaine. Elle reste malgré tout optimiste : "Tout de suite, j'y retourne, ne serait-ce que pour lire le bonheur dans les yeux des gens et les photographier. Ce moment-là où on dira 'allez-y', ce sera magnifique." Ce moment-là, dans toutes les têtes, c'est désormais 2021, en ligne de mire et d'espoir.

Les témoignages recueillis par Yann Bertrand

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