: Document franceinfo Coronavirus : "Notre vie est pratiquement détruite" confie l’épouse d’un médecin mort du Covid-19, qui veut porter plainte
L'épouse du docteur Éric Loupiac, urgentiste de 60 ans, décédé du Covid-19 fin avril, veut porter plainte pour négligence et mise en danger de la vie d’autrui.
C’est un cri de détresse et de colère d’une famille, celle d’un médecin jurassien décédé du Covid-19 à l’âge de 60 ans. L’épouse du docteur Éric Loupiac, qui se confie ce mardi 5 mai à franceinfo, veut porter plainte pour négligence et mise en danger de la vie d’autrui.
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La plainte vise l'actuel ministre de la Santé Olivier Véran, l’ex-ministre Agnès Buzyn, l’Agence régionale de santé de Bourgogne-France-Comté et le directeur de l’hôpital de Lons-le-Saunier (Jura), où exerçait son mari comme urgentiste. C’était alors le dixième décès d’un médecin rendu public en France depuis le début de l’épidémie.
"C’est de la tristesse et de la colère, notre vie est pratiquement détruite. Pour mes enfants, c’est horrible et pour moi aussi", souffle Claire Loupiac, qui a perdu son mari il y a dix jours. Elle est persuadée qu’il est tombé malade à l’hôpital, mal protégé.
Le manque de matériel pointé du doigt
"Le week-end du 8 mars, il est parti travailler en me disant : ‘Je pars mais je risque de me faire contaminer. Toi, tu restes à la maison.’ Tous les deux, on était confinés depuis le 26 février, date de la mort du premier Français du Covid-19", explique Claire Loupiac.
Je ne voulais pas qu’il parte, mais je n’avais pas les moyens de l’en empêcher.
Claire Loupiacà franceinfo
"Il n’avait pas les masques adaptés, et il n’y en avait pas assez, poursuit-elle. Surtout, les malades asymptomatiques qui venaient aux urgences pour tout autre chose que le coronavirus restaient en salle d’attente sans être masqués. Forcément, c’est comme ça qu’il a été contaminé."
Identifier les reponsabilités
Avec cette plainte, la veuve d’Éric Loupiac veut mettre les pouvoirs publics face à leur responsabilité : "Il y a eu mensonge. Au début, il ne fallait pas porter de masque, et un mois après, il est devenu obligatoire !"
Des erreurs ont été faites. Et leurs conséquences sont énormes, et dramatiques.
Claire Loupiacà franceinfo
Joint par téléphone, le directeur du centre hospitalier de Lons-le-Saunier, Guillaume Ducolomb, redit sa tristesse mais dément avoir pris le moindre retard : "Concernant les équipements de protection, la mobilisation dès février des équipes achats et logistique a permis de fournir du matériel (masques, surblouses, gants, charlottes, gel hydro-alcoolique) sans discontinuer à l’ensemble des services notamment au service des urgences, et ce jusqu’à ce jour. Le port du masque chirurgical pour les professionnels et les patients a été instauré dès fin février. Au même moment était mise en place une filière dédiée dès l’accueil aux urgences jusqu’à l’hospitalisation des patients 'suspects' ou 'diagnostiqués Covid'".
À ce jour, assure le directeur dit l’hôpital, après 2 mois et demi d’épidémie, 40 agents sur 2 300 ont été diagnostiqués positifs dans son établissement, un taux de contamination inférieur à celui de la population.
Claire Loupiac doit déposer plainte cette semaine.
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