Dubaï rouvre ses centres commerciaux et prend le risque de privilégier l'économie sur la santé
Dans cette cité-État du Golfe persique, l’un des plus grands centres commerciaux du monde vient de rouvrir, parce que l’impératif économique prime.
"Welcome back" ("Bienvenue à nouveau"), voilà l’inscription qu’arborent, sur leurs tee-shirts, tous les employés du Dubaï Mall depuis ce mardi 28 avril. Le Dubaï Mall, c’est un monde en soi : 1 300 boutiques, souvent de luxe, sur une superficie d’un million de mètres carrés. 80 millions de visiteurs par an, soit 250 000 visiteurs par jour en temps normal. Après plus d’un mois de fermeture, ce gigantesque centre commercial, le plus vaste de la planète selon son propriétaire, a été autorisé à rouvrir.
Évidemment, cette réouverture s'accompagne de mesures de précaution : contrôle de la température par caméra thermique à l’entrée, port du masque obligatoire pour les clients (sous peine d’une lourde amende de 250 €), et impératif de distanciation sociale dans les allées et les magasins. Ces mesures devraient permettre de diviser la fréquentation par trois. Mais tout de même : cette réouverture est un symbole pour la ville-État de Dubaï, trois millions et demi d’habitants, capitale économique des Émirats Arabes Unis. C’est aussi très prosaïquement, au-delà du symbole, un choix très économique. Le Mall est l’une des principales attractions de Dubaï, il attire donc une énorme clientèle.
16 millions de visiteurs étrangers
De façon plus globale, Dubaï vient d'ailleurs d’alléger le confinement, là encore avec un impératif économique : après plusieurs semaines de couvre-feu intégral et de fermeture généralisée, les centres commerciaux ont donc rouvert, tout comme les restaurants et les salons de coiffure. Les mêmes règles s'appliquent : port du masque, distanciation sociale et, dans les restaurants, interdiction des buffets en self-service. L’aéroport reprend lui aussi une activité progressive : depuis la mi-avril en fait, la compagnie Emirates a recommencé certains vols commerciaux, en obligeant les passagers à se procurer eux-mêmes des masques et des gants. L’aéroport de Dubaï est une plaque tournante du trafic aérien entre l’Europe et l’Asie.
En fait, cette cité-État des Émirats ne peut pas se permettre d’arrêter son économie plus longtemps, parce qu’elle est très dépendante du tourisme et du commerce international, avec 16 millions de visiteurs étrangers en 2019. En mars, la fréquentation des hôtels a déjà chuté de 55%, les licenciements sont nombreux et les salaires ont souvent été baissés de moitié. L’économie de Dubaï est bâtie sur un édifice fragile, parce qu’il n’y a pas de pétrole : tout est donc lié au business international.
Un confinement maintenu dans le reste du Golfe persique
En résumé, pas le choix : c’est redémarrer, ou bien risquer la débâcle, quitte à mettre la santé en péril. Pour l’instant, il y a assez peu de victimes du coronavirus dans les Émirats Arabes Unis : 11 300 personnes contaminées au total pour seulement 87 morts. Et le déconfinement n’est que partiel : les cinémas restent fermés, les enfants et les plus de 65 ans ne sont pas autorisés dans les centres commerciaux et le dépistage continue à raison de 30 000 tests par jour. Mais le risque est bien là : le nombre de cas est en augmentation régulière. Et d’ailleurs dans les pays voisins du Golfe, l’Arabie saoudite, le Koweït, Bahreïn ou le Qatar, le confinement reste de mise. Dubaï fait donc figure d’exception.
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