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En Allemagne, des incidents anti-français dans une région frontalière du Grand-Est

Tous les jours, des nouvelles du monde à l’heure de la pandémie. Ce lundi 13 avril, nous sommes dans la Sarre, région allemande frontalière de la Moselle, où plusieurs Français ont été victimes d’actes d’hostilité.

Article rédigé par franceinfo - Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sur l'A315, axe autoroutier entre la France, l'Allemagne et le Luxembourg (illustration) (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Début mars, quand la région Grand-Est devient le principal foyer épidémique du coronavirus en France, l’atmosphère se tend de l’autre côté de la frontière. En Sarre, plusieurs frontaliers rapportent des insultes ou crachats en pleine rue, des agressions verbales : "Retourne donc dans ton pays du coronavirus" lance un client à la caisse d’un supermarché... Au guichet d’une pharmacie, une Française qui vient acheter du paracétamol s’entend répondre : "Pourquoi vous venez en acheter ? Il n'y en a pas en France ?"

A Sarrebruck, la consule générale de France donne l’exemple d’une société de nettoyage qui, du jour au lendemain, ferme carrément ses portes à ses employées françaises devenues indésirables.

Des actes isolés, mais qui bouleversent

Un sentiment anti-français réel, mais pas généralisé. Ces exemples restent des actes isolés. Mais ils bouleversent cette région profondément francophile qui s’est construite autour de la réconciliation franco-allemande.

Plusieurs maires s’émeuvent de ces insultes à l’égard des Français. L’un d’entre eux, le Franco-Allemand Michael Clivot, maire de Gersheim, en face de Sarreguemines, enregistre même un message vidéo pour ses administrés :

"Nous avons un problème, dit-il. Dans une région comme la nôtre, où Français et Allemands vivent ensemble (...), des incidents pareils, c’est absolument inhabituel. (...) Nous sommes dans la même crise. Ce n’est pas bon pour l’avenir si maintenant les Français et les Allemands se mettent les uns sur les autres plutôt que de faire preuve de solidarité."

Les excuses officielles de l’Allemagne

L’indignation remonte même au plus haut niveau de l’Etat : mercredi 8 avril, au nom de l'Allemagne, la ministre de l'Économie de la Sarre présente officiellement ses excuses pour ces incidents anti-Français. Samedi 11 avril, le chef de la diplomatie Heiko Maas lui répond sur Twitter :

"Le coronavirus ne connaît pas de nationalité, dit-il. Cela fait mal de voir comment nos amis français sont parfois insultés et attaqués à cause du Covid-19. Nous sommes tous dans le même bateau !"

Solidarité avec la France

Les dirigeants de la Sarre insistent sur le maintien de leurs liens de solidarité : plusieurs dizaines de Français contaminés par le coronavirus sont en effet soignés dans les hôpitaux de la région. Au-delà de la région frontalière, chaque jour des avions et hélicoptères militaires allemands assurent également des transferts de malades français, italiens ou néerlandais dans les hôpitaux de l’ensemble du pays.

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