Fermeture des bars et restaurants à 23 heures dans les Bouches-du-Rhône : "Il ne s'agit pas de donner l'impression à la population d'être brimée", affirme le préfet
Les populations de jeunes adultes sont particulièrement touchées par l'augmentation des cas de Covid dans le département.
Le préfet des Bouches-du-Rhône, Christophe Mirmand, a annoncé mardi soir la fermeture des bars, restaurants et commerces alimentaires du département entre 23h et 6h dès mercredi, ainsi que le port du masque obligatoire dans toute la ville de Marseille. C'est une mesure "adaptée", affirme-t-il mercredi 26 août sur franceinfo, tout en soulignant que, dans les Bouches-du-Rhône, le taux d'incidence du coronavirus "atteint 131,4 pour 100 000 habitants", soit presque trois fois plus que le seuil d'alerte. Mais "il ne s'agit pas de donner l'impression à la population d'être brimée", explique Christophe Mirmand, "j'ai souhaité que cette heure" de fermeture "soit équilibrée".
Face au rebond de l'épidémie, il n'y avait pas d'autre choix que de prendre ces nouvelles mesures ?
L'important, c'était de tenir compte de la situation objective. Les indicateurs biologiques dont nous disposons témoignent de la difficulté devant laquelle nous nous trouvons, c'est-à-dire une augmentation au niveau régional du taux d'incidence pour les nouveaux cas de Covid, qui est d'environ 90 pour 100 000 habitants, mais avec des chiffres beaucoup plus élevés dans le département des Bouches-du-Rhône, puisque le taux d'incidence atteint 131,4 pour 100 000 habitants. C'est une situation qui justifie donc que des mesures soient prises. Quand on analyse un peu plus finement ces chiffres, cette augmentation est constatée plus particulièrement dans les populations de jeunes adultes, puisque ce chiffre atteint pour le département des Bouches-du-Rhône près de 292 pour 100 000 habitants. Cela témoigne donc bien d'une situation qui se tend, qui s'aggrave et qui nécessite donc que des mesures de prévention puissent être prises en compte au niveau local pour pouvoir permettre d'éviter un risque de diffusion plus large du virus. Et c'est donc pour cela que je qualifierai d'"adaptée" la mesure que j'ai prise hier soir.
Vous comprenez l'inquiétude des commerçants d'un côté, des habitants de l'autre ?
Bien sûr, j'entends cette préoccupation. L'enjeu, c'est de mettre en œuvre des mesures qui soient équilibrées. Il ne s'agit pas de mettre en œuvre des mesures qui ne seraient pas comprises par la population. Je constate que les acteurs concernés partagent les enjeux de sécurité sanitaire, quelles que soient les contraintes qui peuvent en résulter pour leur activité. Et puis, en même temps, il faut que ces mesures ne mettent pas en cause l'essentiel de l'activité économique ou bien encore de l'activité sociale de nos concitoyens. Cette mesure permet aux établissements de fonctionner jusqu'à 23 heures, c'est la possibilité pour les restaurateurs, pour les bars, d'assurer l'essentiel de leur activité ou en tout cas une grande part d'entre elle. Et puis, enfin, cette mesure a été concertée. J'ai eu l'occasion d'avoir des échanges avec les élus, d'avoir des échanges également avec les représentants du monde économique. Et les partenaires que j'ai pu solliciter dans le cadre de cette concertation ont été soulagés de savoir que l'heure de 23 heures pourrait être retenue. Il y avait eu des informations qui avaient été données, qui auraient pu aboutir à ce qu'une heure plus précoce soit retenue. Et c'est la raison pour laquelle j'ai souhaité que cette heure soit équilibrée pour ne pas compromettre l'activité économique dans notre département.
Y aura-t-il dès aujourd'hui des contrôles et des PV dans les bars et restaurants, et pour le port du masque à Marseille ?
Il y a des contrôles qui sont déjà opérés depuis la mise en œuvre des mesures concernant le port du masque [déjà obligatoire dans une partie de la ville de Marseille]. Son port sera étendu à toute la ville par souci de lisibilité de cette mesure. Et il y aura naturellement des contrôles renforcés, qui associeront à Marseille les services de la police nationale, mais également au-delà des limites de compétence de la police nationale, qui seront assurés par la gendarmerie ou bien encore par les polices municipales. Avec des amendes qui, naturellement, seront mises en œuvre avec le discernement nécessaire. Il ne s'agit pas de donner le sentiment à la population, à nos concitoyens d'être brimés.
Cette mesure a avant tout un objectif pédagogique pour rappeler une forme de discipline individuelle qui, peut-être au gré de cette période estivale, avait eu tendance à s'amoindrir.
Christophe Mirmand, préfet des Bouches-du-Rhôneà franceinfo
C'est un comportement civique qui doit d'abord être mis en œuvre, qui doit d'abord être mis en avant. C'est surtout sur cette pédagogie que je compte pour pouvoir permettre de faire respecter les mesures barrières et éviter la propagation du virus qui risque de se traduire par des tensions fortes sur l'appareil sanitaire, comme nous commençons à le constater dans un certain nombre d'établissements au niveau local.
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