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Hôpital public : à l'approche de l'été, syndicat et direction s'inquiètent du manque de personnel et prévoient "des vacances terrifiantes"

"C'est la première fois qu'on voit au mois d'avril, au printemps, un absentéisme aussi fort", affirme Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France.

Article rédigé par franceinfo
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Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France. (GABRIELLE FERRANDI / CHAM)

"L'absentéisme n'a jamais été aussi élevé. Il est plus élevé que pendant la période Covid. C'est inquiétant à l'approche de la période estivale", a alerté Etienne Martinot, secrétaire départemental Force Ouvrière Santé dans le Pas-de-Calais, jeudi 28 avril sur franceinfo. Alors que dans les Hauts-de-France, des hôpitaux déclenchent leur plan blanc pour permettre la remobilisation massive des personnels hospitaliers, il a tenu a rappeler que "les plans blancs ne règlent pas les problèmes de fond, à savoir les problèmes d'effectifs" que rencontrent les hôpitaux.

"C'est la première fois qu'on voit au mois d'avril, au printemps, un absentéisme aussi fort", a confirmé de son côté Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France, sur franceinfo. "Qu'est-ce que ça va être cet été ?", s'est-il interrogé avec inquiétude, tandis que Etienne Martinot a évoqué "des vacances terrifiantes" pour les hôpitaux, et dans tous les services, si le gouvernement ne fait rien. "Le gouvernement devra prendre des mesures rapides, d'urgence, parce que des hôpitaux vont devoir fermer des services, des lits", a-t-il averti. "C'est d'autant plus inquiétant que, et c'est une conséquence du Covid, les agents sont épuisés", a-t-il poursuivi.

"On est dans une situation générale de manque de personnel qui n'est pas nouvelle"

Frédéric Valletoux, Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France

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"Le Covid a mis à mal un hôpital qui était déjà malade avant de rentrer dans la crise", a ajouté Frédéric Valletoux, estimant que "la première de ses faiblesses, c'est le manque de personnel". Pour le secrétaire départemental FO Santé, la situation est surtout "la conséquence de la politique gouvernementale" menée "depuis plus de 10 ans". "On est en train de détériorer l'image de l'hôpital public. On est en train de détruire le tissu hospitalier public et c'est grave", s'est-il insurgé. "On voit des soignants qui sont partis pendant la crise Covid, ça n'était pas des vagues énormes, mais ça peut être plus important si demain on ne montre pas très vite qu'on prend le sujet à bras le corps", a abondé Frédéric Valletoux, appelant le gouvernement "à s'attaquer aux réformes de fond".

Une nécessaire réorganisation des congés

En attendant, et pour éviter une défaillance de l'hôpital public cet été, le président de la Fédération Hospitalière de France a réclamé une réorganisation des congés : "Dans l'urgence, on ne va pas faire émerger 25 000 professionnels de santé, ça va prendre du temps, mais déjà on peut prendre des mesures", a-t-il assuré. Il a ainsi proposé "d'organiser la permanence des soins avec la médecine de ville" et "d'organiser les vacances territoire par territoire pour que tout le monde ne parte pas en même temps", notamment au mois d'août. "Je ne dis pas : 'Ne partez pas en vacances', je dis : 'Organisons les plannings'", a-t-il précisé. "On est capables, en France, d'organiser la permanence des boulangeries, mais on n'est pas capable d'organiser la permanence des médecins ?", a -t-il lancé.

Les deux hommes sont par ailleurs tombés d'accord pour affirmer que des mesures salariales sont également "nécessaires". "Il y en a eu avec le Ségur, elles ont été d'ampleur historique, 10% de hausse de salaire net, il va peut-être falloir continuer", a assumé Frédéric Valletoux, alors qu'Etienne Martinot a qualifié cette hausse d'insuffisante. "Il va falloir aller plus loin que le Ségur", a conclu le secrétaire Force ouvrière évoquant une hausse de l'ordre de 25%, "il faut le faire quoi qu'il en coûte".

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