"Il ne sait pas ce que c'est que de gérer les enfants à la maison" : avec le Covid-19, la charge mentale pèse plus lourd sur les femmes
C'est l'une des conséquences de la crise sanitaire : les femmes se disent plus fatiguées, plus anxieuses à devoir assumer l'organisation et la répartition des tâches dans le foyer.
La charge mentale c'est une "sensation d'alourdissement", résume Sarah. Comme beaucoup de mamans, elle attend sa fille à la sortie de l'école. En ce moment, cette femme âgée de 40 ans s'en occupe le soir le week-end et à l'heure du déjeuner à cause de l'épidémie de Covid-19. "On essaie d'éviter au maximum la cantine pour que les enfants soient moins en interaction avec d'autres enfants sans masque, explique Sarah, et à cela s'ajoute le fait de devoir occuper les enfants dans un environnement où il n'y a pas de cinéma, pas de musée..."
"Je suis en télétravail, mon époux ne l'est pas, et donc évidemment cela retombe beaucoup plus naturellement sur la personne qui est à la maison."
Sarahà franceinfo
Sarah est loin d'être un cas isolé. La charge mentale, le fait de devoir penser à toutes les tâches domestiques nécessaires au bon fonctionnement du foyer, pèse encore plus lourd pour les femmes. Elles sont 19% à consacrer au moins quatre heure par jour en moyenne aux tâches domestiques, contre 9% des hommes selon un rapport de l'Insee de décembre 2020. Près de 46% des femmes ont l'impression que personne ne les aide contre 39% pour les hommes selon un sondage Ipsos de novembre 2020.
La charge mentale décuplée pendant le confinement
Cette répartition inégale des tâches, Patricia la connaît aussi. La jeune femme de 30 ans n'habite pas encore avec son conjoint, mais elle est retournée vivre avec ses parents et son frère pendant le confinement. "Que ce soit ranger la table, mettre le couvert, c'est toujours très facilement orienté vers moi qui suis une femme, confie-t-elle. Oui ça me parle, la charge mentale." Et son conjoint, ça lui parle ? "Pas du tout, admet-il, mais quand on va habiter ensemble, ça sera différent, on va partager les tâches !"
Et dans certains cas, c'est la rupture. À 42 ans, Nora, mère de quatre enfants, vient tout juste de divorcer. "On était mariés pendant 15 ans, mais pendant le confinement, on s'est découverts, affirme-t-elle. Il ne sait pas ce que c'est que de gérer les enfants à la maison. Les enfants, c'était le soir, le dîner..."
"Même quand il est parti, il est parti tranquillement, sans penser à rien du tout, en se déchargeant de tout."
Noraà franceinfo
Nora doit donc assumer seule la charge mentale, la charge émotionnelle aussi, plus lourde avec la pandémie, précise Christine Castelain-Meunieur, sociologue et autrice de Et si on réinventait l'éducation des garçons ? "En général, c'est la femme qui s'occupe de tout ce qui concerne le lien, de prendre et de donner des nouvelles des uns et des autres, affirme la sociologue. C'est difficilement partageable parce que l'éducation des garçons ne va pas dans le sens de l'empathie."
Christine Castelain-Meunieur assure que la crise sanitaire a néanmoins pu permettre des prises de conscience, et que des progrès sont en cours chez les jeunes générations.
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