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"Les grosses têtes, ils sont tous en télétravail !" : dans ce quartier populaire de Maubeuge, la vie "en deuxième ligne" face au coronavirus

Comment vit-on le confinement la crise sanitaire qui touche le pays dans les quartiers populaires ? Exemple à Maubeuge, dans les Hauts-de-France, où franceinfo a rencontré une famille mobilisée face à l'épidémie de coronavirus.

Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une des résidences HLM de Maubeuge, dans le département du Nord, en avril 2020, confinée comme le reste de la France. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Dans les quartiers populaires beaucoup d’habitants sont mobilisés face à la pandémie de coronavirus. Agents d’entretien, employés de supermarché, chauffeurs de bus ou livreurs, ils vivent dans ces banlieues ou quartiers dits “prioritaires”, et continuent à travailler, dans des conditions souvent difficiles, pour que le pays de s’arrête pas.

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C’est le cas dans le quartier de l’Épinette, à Maubeuge, dans le Nord. Une cité HLM comme il en existe tant à Maubeuge. Un petit immeuble aux petits appartements, sans balcon ni jardin. Un quartier très populaire, avec 30% de chômage en temps normal, et sans doute beaucoup plus depuis le début de l’épidémie.

C’est ici qu’habitent et sont confinés Smaïn, Aïcha et leurs deux enfants, âgés de 2 ans et demi et 4 ans et demi. Deux chambres, un salon et une télé qui diffuse un dessin animé, ce qui permet à Aïcha de souffler un petit peu. "Heureusement qu'il y a la télé. Elle est tout le temps allumée", reconnaît-elle. La mère de famille énumère les routines du quotidien. "Il faut leur faire faire la sieste, il y a aussi le ménage et toutes les autres tâches ménagères, le repassage, le linge, surtout avec les enfants..."

Des conditions de travail difficiles

Pas d’école, et pas de mari à la maison pour la soulager, car Smaïn est au travail. Chauffeur-livreur, il sillonne les routes de la région à bord de son camion pour livrer notamment les supermarchés : 45 heures de travail par semaine, 1 800 euros par mois, et une vie de famille perturbée qu’il vit à distance. C'est donc au téléphone qu'il nous raconte son quotidien. 

En ce moment, c'est un peu la galère. On essaie de respecter les distances qu'ils nous imposent mais c'est difficile.

Smaïn, chauffeur-livreur dans la Nord

à franceinfo

"Moi, c'est que des gens de la 'deuxième classe' que je côtoie, raconte Smaïn, en même temps qu'il charge son camion. C'est vraiment les mecs en bas de l'échelle... Les grosses têtes, ils sont tous en télétravail ! Les entreprises ont pas mal de mecs au chômage partiel, donc on s'est retrouvés à charger nos camions. C'est du boulot, on les charge et on roule."

De l'inquiétude mais aussi de la fierté

Ce soir, Smaïn devrait pouvoir rentrer chez lui à 17 heures. Si Aïcha garde le sourire, elle s’inquiète évidemment pour son mari. "Il peut contracter le virus n'importe où, chez un client, ou même par rapport à un objet qu'il aurait touché... explique-t-elle. Du coup c'est vrai que quand il rentre, chaque soir, s'il commence à tousser, on s'inquiète un petit peu." Cette jeune mère de famille de 29 ans rassure ses enfants. Papa n’est pas malade, il est mobilisé.

Il font partie aussi de nos héros et c'est eux qui font tourner l'économie, il faut dire ce qui est.

Aïcha

à franceinfo

"Dans le bâtiment, j'ai ma voisine du bas, à chaque fois qu'elle voit revenir mon mari avec son camion en fin de journée, elle l'applaudit. Elle lui dit : 'bravo pour ce que vous faites, sans vous on ne pourrait pas manger' par exemple. Ça me touche", confie la jeune femme, qui a du mal à contenir son émotion.

Smaïn appartient à cette "deuxième ligne" saluée par Emmanuel Macron la semaine dernière. Cette deuxième ligne, qui tous les soirs à 20h aux fenêtres des immeubles HLM, n’oublie pas d’applaudir la première, celle des soignants.

Le reportage à Maubeuge à l'heure du coronavirus, de Matthieu Mondoloni.

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