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"Il y aura enfin des règles" : en Italie, les travailleurs agricoles clandestins pourront être régularisés

Dès lundi et jusqu'au 15 juillet, les sans-papiers travaillant dans les domaines de l’agriculture et de l’aide à domicile pourront faire une demande de régularisation. Des milliers d'Indiens travaillent dans la région du Latium.

Article rédigé par Bruce de Galzain - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les champs agricoles de l’Agro Pontino (Italie) où de nombreux Indiens ramassent fruits et légumes, le 28 mai 2020. (BRUCE DE GALZAIN / RADIO FRANCE)

Ils arrivent à vélo dès sept heures du matin, et sont courbés toute la journée dans les champs de courgettes ou d'aubergines. Ils sont plusieurs milliers d'Indiens du Penjab à travailler dans ces champs de l'Agro Pontino, dans la région du Latium, à environ soixante kilomètres au sud de Rome (Italie). Le soir, ils rentrent chez eux, dans un quartier ghettoïsé de Sabaudia. Très peu d'entre eux osent parler. Dhillon Karamjit Singh tient le seul commerce du quartier indien. Il représente sa communauté et voit d'un bon oeil cette régularisation. "Pour ces garçons, en plein coronavirus, il y aura enfin des règles, se félicite le commerçant. Ils auront une sécurité sociale et s'ils ont des problèmes, ils pourront être soignés avec leurs papiers. S'ils ont de la fièvre, ce sera aussi plus facile pour les contrôler !"

Dhillon Karamjit Singh tient l’épicerie du quartier indien de Bella Farnia. (BRUCE DE GALZAIN / RADIO FRANCE)

Seuls deux secteurs concernés

L'Italie va leur accorder un permis de séjour de six mois pour trouver du travail. Seuls deux secteurs sont concernés : les aides à domicile et le secteur agricole. Selon la ministre de l'Intérieur, 200 000 migrants pourraient être régularisés. Dhillon est arrivé en Italie il y a 35 ans. Beaucoup vont y rester toute leur vie mais sont très peu intégrés.

Gurprett Singh lui a 27 ans, il est arrivé ici à l'âge de 12 ans. Il a fait ses études et a monté son entreprise de service pour les Indiens, comme l'envoi d'argent ou la vente de billets d'avion. Il ne comprend pas pourquoi seulement le secteur agricole et les aides à domicile sont concernés par la régularisation. "Il y a des gars qui travaillent dans les restaurants, les stations-services, déplore-t-il. Dans celle-là, je vois que de 7h à 21h, il y en a qui travaillent. Si quelqu'un travaille là sans papiers, lui aussi devrait y avoir droit comme tous les autres du secteur agricole."

Des sans-papiers, il y en a presque partout.

Gurprett Singh

à franceinfo

Il faudra déjà régulariser ceux qui y ont droit, et les employeurs agricoles peuvent faire la demande. Mais Gianni Di Girolamo, qui dirige l'une des plus grosses coopératives de la province, n'y est pas vraiment prêt. "Il y a trop de bureaucratie : pour régulariser un employé, je dois perdre plusieurs jours ou payer un comptable ou un syndicaliste qui s'occupe de tout, affirme le patron. Moi, je ne peux pas perdre des centaines de jours de travail et faire la queue pour les régulariser."

De nombreux ouvriers agricoles ont déjà des papiers mais sont quand même exploités, payés à peine quatre euros de l'heure avec de rares jours de congé.

Le quartier "ghettoïsé" de Bella Farnia (Italie) où vit la communauté indienne du Penjab. (BRUCE DE GALZAIN / RADIO FRANCE)

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