Cet article date de plus de quatre ans.

"Il y aura une relance de l'usage du vélo, pas un boom", estime un économiste des transports

Depuis le déconfinement, les files d'attente ont explosé devant les boutiques de vélo. Le gouvernement a de son côté mis en place une prime de 50 euros pour faire réparer sa vieille bicyclette. Mais pour l'économiste des transports Frédéric Héran, cela ne veut pas dire qu'il y aura un boom du vélo.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Depuis le déconfinement, les Français sont plus nombreux à se rendre dans les boutiques de vélo, comme ici à La Rochelle, le 14 mai 2020. (JULIEN FLEURY / FRANCE-BLEU LA ROCHELLE)

"Il y aura certainement une relance de l'usage du vélo, mais pas un boom", a déclaré ce jeudi sur franceinfo Frédéric Héran, économiste des transports, urbaniste et enseignant-chercheur à l’université de Lille. Malgré les files d'attente devant les boutiques, et la prime mise en place par le gouvernement"ce sont surtout les cyclistes occasionnels qui se mettent au vélo tous les jours et qui rejoignent les cyclistes quotidiens". D'après Frédéric Héran, les novices ont "peur assez vite" des dangers de la route.

franceinfo : L'heure du vélo est-elle venue, selon vous ?

Frédéric Héran : Il y aura certainement un retour du vélo, une relance de l'usage c'est sûr. Mais sera-t-elle importante ? Je ne pense pas qu'on arrivera à un boom très important, pour une raison assez simple, parce que ce sont surtout les cyclistes occasionnels qui se mettent au vélo et qui rejoignent les cyclistes quotidiens. Les novices, les personnes qui n'ont jamais fait de vélo ne s'aventureront pas si facilement dans le trafic urbain parce qu'il y a des dangers manifestes qu'il faut connaître et qu'il faut savoir déjouer.

Beaucoup de grandes villes comme Paris, Lyon et aussi dans d'autres capitales européennes, ont procédé à des aménagements pour la circulation des vélos. Est-ce que ce n'est pas là l'opportunité de développer de manière très forte la pratique en ville ?

Soyons clairs, la pratique ne peut pas exploser. Elle augmentera peut-être, doublera, triplera, mais je ne la vois pas augmenter vraiment plus. Parce que quand on n'a pas l'habitude de faire du vélo, on a peur assez vite. On a peur des poids lourds, par exemple, qui sont un véritable danger à cause des angles morts de ces véhicules, le chauffeur ne voit pas forcément sur les côtés. Il y a également les ouvertures de portières intempestives, les piétons qui surgissent, et puis aussi la difficulté de se faire croiser, de se faire dépasser de très près par les voitures, le "tourne à gauche".. Il faut vraiment une certaine habitude, il faut un peu de formation pour comprendre comment les éviter. Ce n'est pas compliqué quand on connaît ces principaux risques, on circule beaucoup plus en sécurité.

Vous pensez donc que les cyclistes qu'on voit et les magasins de vélo qui sont débordés, c'est quelque chose de passager et lié à l'épidémie ?

Je n'ai pas dit que c'était passager, j'ai dit que la hausse sera vraiment sensible. C'est certainement d'ailleurs le mode de déplacement qui connaîtra la plus forte augmentation. La marche, les transports publics, la voiture ou même le deux-roues motorisé, aucun de ces modes de déplacement n'a vraiment la possibilité de connaître une croissance forte à court terme, alors que pour le vélo, c'est possible, mais pas autant qu'on l'espère. On croit souvent que ce sont les gens qui n'ont jamais fait de vélo qui vont se mettre au vélo du jour au lendemain, mais, c'est plus compliqué.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.