: Infographie Covid-19 : quand faut-il passer un test PCR... et quand vaut-il mieux s'abstenir ?
Si les tests PCR restent accessibles et sont tous remboursés, les laboratoires s'inquiètent de l'affluence. Raison pour laquelle le Premier ministre a annoncé l'instauration de créneaux réservés à des personnes prioritaires.
Cet article a été publié lundi 14 septembre, et ne prend pas en compte les nouvelles restrictions sanitaires liées à l'instauration du confinement, ni le déploiement de nouveaux types de tests, dits antigéniques. Les nouvelles recommandations en matière de dépistage sont à retrouver dans une version actualisée de notre infographie.
Si vous êtes passé devant un laboratoire de biologie médicale ces dernières semaines, vous l'aurez remarqué : les volontaires ne manquent pas pour passer un test de dépistage virologique du Covid-19 (aussi appelé test PCR, qui ne nécessite pas de prescription et dans tous les cas intégralement remboursé). Au contraire, les files d'attente, tout comme les délais pour obtenir un rendez-vous et pour recevoir son résultat, s'allongent de façon problématique sous l'effet de la forte demande.
"Tout le système va dans le mur", s'inquiète auprès de franceinfo Lionel Barrand, président du Syndicat national des jeunes biologistes médicaux. Reconnaissant des temps d'attente parfois "trop importants", le Premier ministre Jean Castex a annoncé, vendredi 11 septembre, que les laboratoires "réserveront certains créneaux horaires" pour les personnes qui ont des symptômes, pour celles qui ont été en contact rapproché avec un cas positif et pour les personnels soignants.
Faites-vous partie de ces personnes prioritaires ? Si non, faut-il vous abstenir ? Quel est le bon timing pour se faire tester ? Vous avez peut-être du mal à vous y retrouver. Franceinfo a préparé un questionnaire pour tenter de vous éclairer.
Avez-vous des symptômes ?
Il s'agit de la raison la plus évidente de se faire tester. Toutefois, il vaut mieux toujours demander l'avis de votre médecin, potentiellement par téléphone, même s'il vous confirmera sans doute l'intérêt d'être dépisté. La liste des symptômes du Covid-19 commence à être connue : toux, fièvre, nez qui coule, ou encore perte du goût ou de l'odorat. Vous n'avez pas besoin de présenter tous ces signes pour être malade du Covid-19, un seul peut suffire. Mais la confusion possible avec les manifestations d'autres virus saisonniers représente un motif supplémentaire pour demander l'avis d'un professionnel. S'il vous recommande un test, vous ferez partie de personnes prioritaires, et pourrez bénéficier des créneaux réservés annoncés par Jean Castex, ainsi que des "tentes de dépistage" prioritaire qu'il a promises "là où il y a des besoins".
Êtes-vous un cas contact ?
Vous pouvez, sans présenter de symptôme, être porteur du virus. Le risque que vous ayez été contaminé existe notamment si une personne que vous avez récemment côtoyée est testée positive. Selon les modalités de votre rencontre, vous pouvez être considéré comme un cas contact. Si la personne positive a donné votre nom, vous serez joint par l'Assurance-maladie, qui vous invitera à vous isoler et à passer un test. Vous serez considéré comme une personne prioritaire. Il faut idéalement être testé sept jours après votre dernière rencontre avec la personne contaminée. En le faisant plus tôt, vous risqueriez d'être déclaré à tort négatif.
Les enquêteurs de l'Assurance-maladie s'appuient sur une définition bien précise de ce qui constitue un contact. Cela peut être : un face-à-face à moins d'un mètre, sans masque, quelle que soit sa durée ; au moins 15 minutes passées dans le même espace confiné, toujours sans masque ; avoir été face de la personne pendant plusieurs épisodes de toux ou d'éternuements. Vous trouverez la totalité des critères sur le site de l'Assurance-maladie.
Vivez-vous avec une personne contaminée ?
Si la personne testée positive vit avec vous, mieux vaut alors faire un dépistage le plus rapidement possible. Là encore, l'Assurance-maladie vous contactera. Sur son site, celle-ci indique qu'il vous faut rester isolé "jusqu’à la guérison du malade", même si votre test est négatif, puis encore après sa guérison. Pour une durée qui, selon les déclarations du Premier ministre vendredi, est ramenée de quatorze à sept jours. En outre, vous devez effectuer un nouveau dépistage, sept jours après la guérison du malade.
Une personne de votre entourage est-elle un cas contact ?
Si une personne que vous avez fréquentée récemment, ou avec laquelle vous vivez, a été en contact avec une personne positive, il est logique de vous demander si, par son intermédiaire, vous avez pu être également contaminé. Néanmoins, évitez de vous précipiter dans un centre de dépistage, même si vous en avez parfaitement le droit.
Votre proche devenu cas contact va de toute façon devoir faire un test, au terme duquel il saura s'il est positif, et donc s'il a pu vous transmettre le virus. En attendant le verdict, les autorités sanitaires françaises ne vous demandent pas de passer un test, ni même de vous confiner. "On se retrouverait vite à tester 60 millions de Français", explique Lionel Barrand, pour qui une telle logique contribuerait à engorger les laboratoires. Vous ne seriez par ailleurs pas prioritaire, et exclu de certains créneaux. En revanche, rien ne vous empêche de vous confiner volontairement, ou de limiter au maximum les contacts à risque, en attendant d'en savoir plus sur le statut de votre proche.
Allez-vous voyager hors de France, ou revenez-vous d'un pays étranger ?
Certains pays exigent la présentation d’un test négatif pour pouvoir entrer sur leur territoire. La France fait de même pour les voyageurs en provenance de certains pays jugés à risque. Dans les deux cas, il vous suffit de consulter le site du ministère des Affaires étrangères, qui met régulièrement à jour ses conseils aux voyageurs pour chaque pays.
Avez-vous une opération programmée dans un hôpital ?
Avant une intervention médicale, certains établissements vous demanderont de passer un test pour s'assurer que vous n'êtes pas porteur du virus. Personne ne vous renseignera mieux que l'hôpital ou la clinique où vous devez vous rendre. En raison du temps d'attente souvent nécessaire pour effectuer un dépistage et recevoir les résultats, n'hésitez pas à vous y prendre à l'avance, tout en respectant le délai fixé par l'établissement.
Allez-vous rendre visite à une personne vulnérable ?
Si vous devez, par exemple, rendre visite à vos grands-parents, il est compréhensible de vouloir vérifier que vous n'êtes pas contaminé. Pour autant, aucune règle ne vous oblige à passer un test dans cette situation.
Dans l'idéal, mieux vaut reporter votre visite. Si c'est impossible, le plus important reste de respecter scrupuleusement les gestes barrières. Vous pouvez passer un test, mais sachez que votre prise en charge ne sera pas prioritaire, et que vous contribuerez à l'encombrement des laboratoires. De plus, le résultat ne vous renseignera que sur votre statut au moment du prélèvement, et non lorsque vous rendrez visite à votre proche.
Avez-vous le sentiment d'avoir pris un risque, en vous rendant dans un lieu fréquenté, sans forcément respecter les gestes barrières ?
De la même manière, vous pouvez avoir envie de vous assurer que vous n'êtes pas contaminé et contagieux parce que vous vous seriez mis dans une situation à risque : une soirée dans un bar où le respect des gestes barrières se serait estompé, un mariage où vous vous seriez laissé aller à une accolade, un voyage en train où votre voisin n'a pas toujours bien porté son masque...
Là encore, aucune consigne ne vous pousse à effectuer un dépistage, et vouloir lever le doute ne fera qu'encombrer un peu plus les laboratoires. Des biologistes s'agacent d'ailleurs de constater que certains "décident sciemment de se passer du masque pour une soirée, et de se faire tester ensuite", par sécurité, explique Lionel Barrand. Si vous choisissez tout de même de vérifier votre état de santé, sachez qu'il faut le faire sept jours après la possible contamination, pour éviter d'être déclaré négatif à tort, et qu'il vaut mieux limiter ses contacts en attendant.
Avez-vous juste envie d'être testé par curiosité ?
Les cas se multiplient, et on sait qu'il est possible d'être porteur asymptomatique. Dans un tel contexte, on peut comprendre que, sans avoir de raison précise de vous penser contaminé, vous vous interrogiez quand même. Aujourd'hui, vous avez le droit de passer un test PCR, et il vous sera remboursé comme pour n'importe quel patient.
Cependant, les laboratoires font face à une forte demande, qui a obligé le gouvernement à annoncer l'instauration de créneaux prioritaire, auxquels vous n'aurez pas le droit. Mais même en vous faisant tester en dehors de ces créneaux, vous contribuerez à la charge de travail des laboratoires. Dès lors, si rien de concret ne vous amène à penser que vous pourriez être positif, mieux vaut donc sans doute vous abstenir. Vous aiderez les autres patients à obtenir plus rapidement un résultat dont ils ont vraiment besoin.
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