Cet article date de plus de trois ans.

Abandon du vaccin Pasteur contre le Covid-19 : "Nous avons deux autres projets bien avancés", explique le directeur scientifique du laboratoire

Christophe d'Enfert est revenu sur franceinfo sur l'arrêt de son principal projet de vaccin contre le coronavirus, jugé pas assez efficace. Mais il assure que deux autres projets sont "bien avancés pour les phases préclinique".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un homme âgé de plus de 75 ans reçoit une injection d'un vaccin Covid-19 à l'Institut Pasteur de Paris, le 21 janvier 2021. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

"Nous avions engagé à la fin de l'été un essai clinique de phase 1 dont nous avons obtenu les résultats récemment : ils ne sont pas encourageants", a déclaré lundi 25 janvier sur franceinfo le directeur scientifique de l’Institut Pasteur, Christophe d'Enfert, après l'arrêt de son principal projet de vaccin contre le coronavirus. "Sur cette base-là, il ne serait pas tenable d'engager des essais cliniques de phase 2 ou 3 pour tester l'efficacité de ce vaccin", explique Christophe d'Enfert.

>> Suivez en direct toute l'actualité du Covid-19 sur franceinfo

Ce manque d'efficacité veut dire que "le niveau d'anticorps produit ne sera pas suffisant pour protéger contre une infection par le coronavirus", poursuit le directeur scientifique de l’Institut Pasteur. En clair, "les anticorps qui se sont produits contre le coronavirus en réponse à l'injection de ce vaccin sont à des niveaux qui sont inférieurs à ceux qu'on peut observer chez des patients convalescents ou chez des patients qui ont reçu les vaccins Moderna ou Pfizer", détaille-t-il.

Christophe d'Enfert reconnait que l'échec de ce projet est "une déception. C'est bien sûr le lot de la recherche. Quand on démarre ce genre de projet, on s'attend aussi à aller à l'échec. Malheureusement, c'est pour nous un échec : aujourd'hui, il ne faut pas s'en cacher." Mais cet échec peut servir à l'Institut Pasteur : "On va pouvoir comprendre pourquoi ce candidat vaccin ne fonctionne pas et peut-être, à partir de là, être en mesure de proposer de nouveaux candidats", nuance-t-il.

Deux autres projets en bonne voie

Le directeur scientifique de l’Institut Pasteur détaille que le laboratoire a "deux autres projets bien avancés pour les phases précliniques". Le premier projet est mené en partenariat avec la société de biotechnologie TheraVectys. "Il s'agit là d'un projet de vaccin basé sur un vecteur viral. Ici, l'antivirus, un virus de la famille du HIV pour lequel les résultats précliniques sont très encourageants. On peut imaginer une vaccination intra nasale assez différente de ce à quoi on est habitué, ça pourrait être sous forme d'un spray nasal." Deuxième projet : "Un vaccin à ADN, un peu sur le même modèle que les vaccins de Pfizer et de Moderna, mais cette fois-ci en utilisant une molécule d'ADN plutôt qu'une molécule d'ARN". Les résultats précliniques sont là aussi encourageants.

En revanche, impossible à ce stade de prévoir une éventuelle date de sortie : "Il va falloir vraiment se poser la question de l'intérêt qu'il y a à engager des essais cliniques de phase 1, trouver les financements. Et puis si ça marche, il faut aussi partir ensuite vers des phases 2 et 3. C'est de longue haleine : donner une date ne serait pas raisonnable", souligne le directeur scientifique de l’Institut Pasteur.

"C'est important de s'assurer qu'un vaccin qui serait développé contre le virus de départ serait capable de protéger contre les variants."

Christophe d'Enfert

à franceinfo

Les variants du coronavirus donnent "d'autres orientations [à la recherche]. Peut-être que demain, le coronavirus devrait être envisagé de la même manière que la grippe pour lequel des variants émergent tous les ans et pour lesquels, tous les ans, on doit en renouveler la vaccination sur les populations les plus à risque", conclut le directeur scientifique de l’Institut Pasteur.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.