"La ligne de garde s'est remplie en six minutes !": à la Pitié Salpêtrière, les internes montent au front
Alors que les malades continuent d'affluer dans les hôpitaux et que des soignants sont eux aussi touchés par le coronavirus, les jeunes internes montent au front pour continuer à faire tourner les urgences.
Fanny fait son stage en gynécologie dans un autre hôpital, mais elle n’a pas hésité à venir renforcer les urgences de la Pitié Salpetrière, à Paris, sur ses jours de repos. "En tant que jeune, on se dit que ça va aller. En fait, ça inquiète surtout nos familles", explique-t-elle. "Aux urgences à la Pitié, j’ai l’impression d’être davantage protégée qu’en prenant le métro dehors en y allant", assure-t-elle.
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Comme Fanny, de nombreux internes ont répondu à l’appel lancé la semaine dernière par leur syndicat à venir renforcer les services des urgences et de réanimation des hôpitaux, partout en France, alors qu’affluent dans les hôpitaux les patients atteints du coronavirus Covid-19. "On a toujours la frustration de voir des gens dans la rue, qui sortent, qui ne comprennent pas ce qu’il se passe, regrette cependant Fanny. Nous, on va au front et les gens nous applaudissent tous les soirs."
C’est pas qu’on s’en fout un peu des applaudissements, cela nous touche, mais si à côté de cela c’est pour les voir dans les rues pendant la journée, ça ne nous aide pas.
Fannyà franceinfo
La semaine dernière, environ 20% des médecins ont été contaminés par le Covid-19 à la Pitié Salpêtrière, mais les urgences arrivent encore à fonctionner grâce à l’aide des internes. "On a quasiment doublé toutes les lignes de garde sur l’hôpital. On en a ajouté partout, explique ainsi Yonathan Freund, urgentiste. J’en ai rajouté une pour les urgences hier, qui est en première ligne, et elle s’est remplie en six minutes."
C’est incroyable ! Cela nous donne du courage et de l’énergie.
Yonathan Freundà franceinfo
Parmi ces volontaires, Alexandra, en stage chez un généraliste. Elle fait des gardes et vient aider le service post-urgences dédié au Covid-19 de la Pitié Salpêtrière. Et ce n’est pas toujours facile. "C’est angoissant parce qu’on est en face de la détresse des familles, indique Alexandra. Encore aujourd’hui j’ai eu une patiente dont l’état se dégradait. J’ai dû appeler son fils pour le prévenir. Au téléphone, il culpabilisait, en disant que c’était à cause de lui qu’elle avait le coronavirus. Il faut être prêt à affronter cette détresse. On essaie de faire au mieux." Pour elle, six semaines de confinement sont un minimum et comme le syndicat des internes, elle réclame un isolement beaucoup plus strict.
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