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"La prochaine fois monsieur, c'est 3 400 euros et 6 mois de prison" : avec les policiers chargés de faire respecter le couvre-feu à Mulhouse

Jusqu'à présent, le gouvernement a rejeté l'idée d'un couvre-feu à l'échelle de tout le pays. Cependant, de nombreuses communes ont pris les devants, comme à Mulhouse où Valentin Dunate et Benjamin Thuau ont passé la nuit avec une équipe de la police nationale.

Article rédigé par franceinfo - Valentin Dunate et Benjamin Thuau, édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une patrouille de nuit de la police nationale, à Mulhouse dans le Haut-Rhin, le 29 mars 2020. (VALENTIN DUNATE / RADIO FRANCE)

Après avoir désinfecté totalement la voiture, Patrick et Arnaud, gardiens de la paix, commencent la patrouille dans les rues de Mulhouse où le préfet du Haut-Rhin en accord avec le maire a décidé d'instaurer un couvre-feu, depuis dimanche dernier. Plus personne n’est censé sortir après 21 heures sauf pour aller travailler, se soigner ou pour un besoin impérieux comme venir en aide à la famille. Certains ne respectent pas ce couvre-feu. 

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Depuis une semaine, Patrick et Arnaud ont entendu toutes sortes d’excuses. Il est plus de 22 heures dans une petite rue pas très loin du centre-ville quand ils verbalisent un conducteur. "Bonsoir monsieur. C'est la police. Présentez votre attestation de sortie s'il-vous-plaît !" 

J'ai une attestation, mais en fait je vais voir mon amie et je sais que vous allez me mettre une amende.

Un conducteur à Mulhouse, contrôlé par la police la nuit

"Vous n'avez pas l'impression que l'hôpital de Mulhouse est déjà bien surchargé ?", demande l'un des agents. "Mon fils est asthmatique, répond le conducteur. Depuis que ce virus est là, je ne le vois pas. Donc croyez-moi, j'en suis très conscient !" Avant de se lancer : "Seulement je suis désolé, je ne suis pas quelqu'un de parfait et j'ai un gros vice : c'est le sexe. Voyez ! C'est ma drogue, je suis désolé. C'est la raison pour laquelle je suis ici, pour retrouver mon amour. Comprenez-vous ?", plaide le contrevenant. "Vous rentrez chez vous monsieur !", répond l'un des policiers, peu ému par l'aveu. Cet automobiliste a dû payer 135 euros pour le non-respect du confinement et 135 euros concernant le couvre-feu.

En cas de récidive, l’amende est de 200 euros. Exemple une demi-heure plus tard : "C'est la première fois que vous vous faites verbaliser ?", demande l'un des policiers à un autre automobiliste. "Je vois que non. C'est bien ce qui me semble parce que votre nom ne m'est pas inconnu. La prochaine fois monsieur, c'est 3 400 euros et six mois de prison. Restez chez vous ! Pensez aux autres un petit peu !"

Un impact "clairement perceptible"

D’autres ont été contrôlés dans la soirée mais n’ont pas été verbalisés. "Ca va aller pour cette fois mais vous n'êtes pas en règle madame, c'est ce que j'essaie de vous faire comprendre. Maintenant, il n'y a plus de cas d'urgence. La limitation de vitesse, c'est 50 et pas 70." Le policier explique ensuite à franceinfo : "C'est toujours un petit peu flou. Là, on voit bien qu'il sort de l'hôpital donc on fait aussi preuve de discernement."

Le couvre-feu n’empêche pas les policiers de traiter d’autres affaires, le respect du code de la route déjà, mais surtout des violences conjugales en hausse, tout comme les différents entre voisins.Pour toutes ces missions, ils sont équipés de masques. Le stock du commissariat a été réapprovisionné la semaine dernière. Reste qu’ils sont toujours très exposés au risque de contamination par le coronavirus. Là, ils contrôlent une dame près de la gare qui leur tousse dessus, sans faire exprès. "Celui qui vous dit qu'on n'est pas exposés, c'est parce qu'il ne travaille pas", lâche l'un des policiers, excédé.

Après plusieurs heures en patrouille, il est clair que les consignes sont respectées à Mulhouse : personne dans les rues, même dans les quartiers sensibles. "Il y a cinq jours, à 22 heures, on n'avait fait pas loin de dix verbalisations, rapporte l'un des policiers. Ça a mis deux-trois jours mais maintenant, ça a un impact qui est perceptible clairement."

D’autant que les policiers sont désormais aidés par des coups de fils anonymes, de la dénonciation pour ainsi dire. "Pas trop dans notre esprit", expliquent ces policiers dont le métier est, pour cette période, principalement dédié à limiter la propagation du virus.

Valentin Dunate et Benjamin Thuau ont suivi une patrouille de nuit de la police nationale, chargée de faire respecter le couvre-feu à Mulhouse.

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