Cet article date de plus de quatre ans.

Le billet sciences. Le manque de souris de laboratoire ralentit la recherche sur le Covid-19

Avant de lancer un médicament ou un vaccin, il faut le tester sur des animaux de laboratoire. Mais depuis la mi-mars, il y a pénurie de souris génétiquement modifiées.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
  (VIN CATANIA / AFP)

Contre le Covid-19, il faut des souris et des hommes. Mais c’est parce qu’il faut des souris bien particulières que la recherche se trouve aujourd’hui retardée. En effet, les rongeurs habituellement utilisés par les firmes pharmaceutiques ou les instituts de recherche ne conviennent pas. Ils ne développent pas les même symptômes graves que les humains avec cette maladie, comme l’inflammation des poumons, ou les problèmes cardiaques.

La recherche contre le Covid-19 nécessite des souris génétiquement modifiées. On ajoute aux gènes de la souris une enzyme humaine, un catalyseur qui aide à produire des molécules, et qui va permettre aux chercheurs de voir les mêmes symptômes chez les rongeurs que chez les hommes. C'est essentiel pour tester l’efficacité du médicament ou du vaccin qu’ils tentent de mettre au point.

Des "souris à la demande"

Seulement voilà, avec la pandémie qui s’étend, ces souris génétiquement modifiées sont très demandées dans les laboratoires et depuis la mi-mars leurs fabricants manquent de stocks. Certains laboratoires tentent de mettre au point leurs propres rongeurs ou font leurs tests avec les animaux habituels, mais pour cela ils doivent changer leur protocole.

L’entreprise lyonnaise de biotechnologie Genoway est un fournisseur de l’Institut Pasteur. La société, créée il y a 20 ans, fait partie des quelques entreprises spécialisées dans le monde dans les "souris à la demande", c’est-à-dire conçues quasiment sur mesure pour les laboratoires. Avant la pandémie, elles étaient destinées aux recherches en oncologie, ou sur les troubles du métabolisme. Mais depuis janvier, le monde entier veut ces souris. Une demande soudaine difficile à suivre et le fondateur de Genoway, Alexandre Fraichard rappelle qu’il n’est pas une usine d’iPhone. Il ne suffit pas d’augmenter la cadence de production, concevoir ces souris prend du temps. Au minimum six semaines dont trois semaines de gestation.

Même s’il y a d’autres acteurs américains ou chinois aujourd’hui sur le marché, tous ont eu du mal à satisfaire leurs clients. Des laboratoires qui vont devoir attendre avant de lancer leurs tests. On comprend mieux pourquoi aux États-Unis, certains font directement leurs essais de traitement sur des hommes plutôt que d’attendre d’avoir les bonnes souris.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.