Le brief éco. Y aura-t-il du lait en avril ?
À cause du Covid-19, les producteurs de lait sont invités à réduire les volumes en ce mois d’avril. L’explication n’est pas sanitaire, il s’agit simplement de s’adapter à la demande
Cela peut paraître paradoxal au moment où les biens de première consommation, comme l’alimentaire, sont très demandés par les ménages confinés à domicile. En réalité, le mois d’avril est la traditionnelle période de pic d’activité car les vaches retrouvent les pâturages et produisent plus de lait en mangeant de l’herbe. Mais la filière laitière est, comme les autres secteurs, elle aussi impactée par la crise du coronavirus Covid-19. L’absentéisme dans les coopératives est de 15 à 20%, il lui faut absorber le pic de production pour éviter l’engorgement. Certains produits plutôt consommés dans les restaurants (fromages) sont en mal de débouchés puisque les établissements sont fermés, alors que le beurre et la crème sont très demandés. Tout cela appelle à une réorganisation générale de la filière. Mais il n’y a aucun problème de stocks, donc pas de risque de pénurie, donc inutile de se ruer sur les litres de lait à l’ouverture des magasins.
L’interprofession prend les devants
C’est l’interprofession elle-même qui a décidé de prendre les devants, de se prendre en main, sans attendre les directives venues d’en haut. Décision prise par le Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière). Pour l’instant, tout se fait sur la base du volontariat. Le Cniel demande aux éleveurs de réduire leur production d’avril de 2 à 5%. Cette mesure doit permettre de diminuer d’environ trente millions de litres la production d’ici la fin du mois.
Manque à gagner pour les producteurs
Mais produire moins de lait, c’est moins de revenus à la fin du mois. Cela représente un manque à gagner pour les producteurs. Il existe un fonds d’indemnisation de secours alimenté par les cotisations de la profession, un fonds pourvu de dix millions d’euros au total. Les producteurs qui acceptent de réduire leur production seront indemnisés à hauteur de 320 euros les 1 000 litres de laits… si la Commission européenne donne son feu vert. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle… les producteurs français de lait avaient déjà volontairement réduit les volumes en 2016 dans un contexte de surproduction mondiale et de chute des prix, en échange d’une indemnisation.
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