Le conseil santé : "Depuis quelques temps, je vois presque toutes les nuits, dans mes rêves, des gens que j’ai perdus..."
Les internautes et les auditeurs sont nombreux à se poser des questions sur les conditions du déconfinement. Aujourd'hui la psychanalyste Claude Halmos répond à la question de Gabrielle, de La Rochelle.
Sophie nous écrit de La Rochelle : "Depuis quelques temps, je vois presque toutes les nuits, dans mes rêves, des gens que j’ai perdus. Ça ne m’est jamais arrivé, et c’est terrible, parce que j’ai l’impression que ces rêves sont prémonitoires, et que les morts viennent me chercher."
franceinfo : votre réponse, Claude ?
Claude Halmos, psychanalyste : Beaucoup de gens, en ce moment, disent que leurs rêves racontent des histoires de mort. Et, que, comme Gabrielle, ils les angoissent. Et, si l’on y réfléchit, ces rêves ne sont pas étonnants, parce qu’ils ne font que mettre nos nuits en accord avec nos journées. Car nos journées, aujourd’hui, sont envahies par l’idée de la mort.
Il y a ce que l’on entend de ce virus, qui peut rendre malade, et même faire mourir. Il y a les informations, données par les médias, sur le nombre des gens qui vont mourir, sont déjà morts, ou luttent contre la mort en réanimation ; les reportages sur les enterrements, les morgues etc… Nous sommes, depuis le début de la pandémie, cernés par la mort, à la façon dont peuvent l’être les gens qui vivent dans un pays en guerre, par exemple.
Et cette pandémie, et ce que l'on en voit et entend, à travers les informations, peut nous amener à rêver de mort ?
Bien sûr. Parce que, si nous savons tous que, lors d’une pandémie, le risque de mort est là, nous faisons, tous, néanmoins en sorte, pour que l’angoisse ne nous submerge pas, de ranger ce savoir dans un coin de notre tête, et d’y penser le moins possible.
Mais mettre la peur de la mort à distance ne la fait pas disparaître pour autant. Elle continue donc, dans la journée, son chemin en silence, dans nos têtes. Et la nuit, quand nous dormons, et que nos défenses conscientes tombent, elle se fait entendre. Dans nos rêves. Les rêves de Gabrielle disent donc bien une vérité. Mais cette vérité n’est pas une vérité sur son avenir, sur ce qui va lui arriver, ses rêves ne sont pas prémonitoires.
Ils disent une vérité sur des choses qui, actuellement, l’habitent intérieurement, plus encore sans doute qu’elle ne le croit. Rêver des morts que l’on a aimés, cela peut être une façon d’exprimer la peur que l’on a, de devoir aller, à cause de la maladie, les rejoindre.
Donc, comme ces rêves ne sont…que des rêves, nous pouvons souhaiter à Gabrielle une bonne, et surtout une très longue vie.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.