Le conseil santé : "Le coronavirus a envahi mon cerveau. Quand je sors, je considère que tous les autres sont dangereux..."
Les internautes et les auditeurs sont nombreux à se poser des questions sur les conditions du déconfinement. Aujourd'hui la psychanalyste Claude Halmos répond à la question de Sophie, de Lyon.
Sophie nous écrit : "Le coronavirus a envahi mon cerveau. Quand je sors, je considère que tous les autres sont dangereux, et j’ai l’impression de devenir folle. Comment me raisonner ?"
franceinfo : comment répondre et aider Sophie, Claude ?
Claude Halmos, psychanalyste : Sophie n’est absolument pas folle ! Si, dans une situation normale, elle se mettait à penser tous les gens dangereux, on pourrait considérer qu’elle délire. C’est-à-dire qu’elle ne perçoit pas le monde tel qu’il est, mais tel qu’elle l’imagine ; parce qu’elle projette sur lui, par exemple, sans le savoir, des souffrances de son passé, qui, inconsciemment, la hantent.
Mais, aujourd’hui, dans une situation de pandémie, les autres, même s’ils sont bien intentionnés, sont réellement, tous, dangereux pour nous, parce qu’ils peuvent nous contaminer. Comme nous pouvons nous-mêmes, sans le vouloir, les contaminer. Et c’est très difficile à vivre. D’abord parce que nous n’avons jamais vécu dans un risque d’une telle ampleur. Et surtout parce que nous ne pouvons pas, puisque ce risque est réel, balayer nos craintes en nous disant à nous-mêmes : "allez, calme toi, c’est dans ta tête !".
Que pouvons-nous faire, alors, pour aller mieux ?
Nous pouvons - et nous devons - faire ce que l’on doit faire, chaque fois que l’on est confronté à un danger réel : nous devons mettre en œuvre, dans la réalité, tout ce qui est possible, pour nous en protéger. C’est le seul moyen pour avoir moins peur. Les autres peuvent nous contaminer, c’est vrai. Mais cela n’arrivera pas si, eux comme nous, respectons les "gestes barrières", et la distanciation physique. Donc, individuellement, on s’astreint à le faire. Et on ne se permet aucun faux-pas, même si la tâche est difficile, et demande une attention permanente.
Mais on essaye aussi, là où on le peut (dans son immeuble, son quartier, l’école de ses enfants, ou son entreprise), de faire que le problème soit pensé, et pris en charge collectivement, c’est essentiel. "Tu as peur de la contamination, j’ai peur de la contamination". Mais, si nous travaillons, ensemble, à nous protéger, nous cesserons d’être, les uns pour les autres, des ennemis ; pour devenir des alliés, et même des points d’appui.
Donc, chacun derrière son masque, mais néanmoins, tous ensemble, pour organiser notre protection. Et nous serons plus forts que la peur.
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