Le décryptage éco. Vers la fin des frais d'incidents bancaires ?
Le crédit Mutuel vient de l'annoncer : pour ses clients les plus fragiles, il va supprimer les frais d’incidents bancaires. Est-ce la fin des pénalités ? Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express").
Pour l’instant, très peu de banques ont pris l'engagement de supprimer les frais d'incidents bancaires et le geste du Crédit Mutuel va concerner à peine 35 000 de ses clients. Mais cette initiative va sûrement bousculer les autres banques. Car le secteur est très concurrentiel et la mesure promet d’être très populaire. Les frais d'incidents bancaires, c’est-à-dire les pénalités que les banques vous prennent quand vous avez des découverts ou le rejet d'un prélèvement automatique, c’est un sujet qui concerne beaucoup de gens. En 2017, on estimait que près de dix millions de Français payaient des frais d’incidents, grosso modo cela fait un quart des titulaires de comptes.
Lors du mouvement des "gilets jaunes", sous la pression de l’opinion, le secteur bancaire s’était résolu à plafonner, pour ses clients les plus précaires, les frais d’incidents à 25 euros par mois. Aujourd’hui, près de trois millions et demi de personnes en bénéficient. Mais avec la crise liée au Covid-19, cela risque de ne pas être suffisant : les fins de mois risquent d’être difficiles pour de nombreux Français.
Le gouvernement fait aussi pression
Attention, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie n’en est pas à demander aux banques la suppression totale des frais d’incidents mais il a promis, pas plus tard que la semaine dernière, de faire en sorte que plus de ménages puissent bénéficier de ce plafonnement à 25 euros. Pour cela, il s’apprête à prendre un décret pour préciser notamment ce qu’est un client fragile, car aujourd’hui c’est assez flou. A priori, un client sera "considéré comme fragile à partir du moment où il enregistre cinq incidents bancaires dans une période d’un mois", et il aura accès au plafonnement des frais bancaires "pendant trois mois". Avec ce décret, Bruno Le Maire espère augmenter le nombre de bénéficiaires du plafonnement d’au moins 15 %.
Les banques inquiètes
Pour elles, c’est un manque à gagner évident mais il y va aussi de leur réputation. Surtout que le décret prévoit que celles qui ne joueront pas le jeu seront inscrites d'office sur une liste que tout le monde pourra consulter. Dans ce contexte, reste à voir combien proposeront, comme le Crédit Mutuel, de supprimer totalement les frais bancaires pour leurs clients les plus démunis.
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