Les humanitaires à l’épreuve du coronavirus
Comment les humanitaires travaillent-ils en cette période de coronavirus ? Comment s’adaptent-ils face à cette pandémie ? Quelles sont leurs principales difficultés ? Trois exemples sur le continent africain pour comprendre.
Pour toutes les organisations humanitaires, l’épidémie de Covid-19 rebat beaucoup de cartes. À Handicap International, ce n’est pas une crise mais 55 contextes différents qu’il faut gérer avec des fermetures de frontières qui entraînent des problématiques économiques.
Au Soudan
Florence Daunis est la directrice des opérations de Handicap International. Elle évoque notamment une flambée des prix sur les produits de première nécessité et les équipements de protection.
On a vu des prix au Sud-Soudan multipliés par quatre ou cinq en seulement trois ou quatre jours, des prix de produits de première nécessité. On avait par exemple des choses à acheter pour la mise en place de programmes, des équipements qui nous coûtaient 5 000 dollars la semaine dernière, et qui nous coûtent 25 000 dollars cette semaine !
Florence Daunis, directrice des opérations de Handicap Internationalà franceinfo
"Pour le matériel lié au Covid, comme les masques ou le gel, on a constaté une augmentation de plus de 200% des prix", ajoute Florence Daunis.
En RDC
En République Démocratique du Congo, on s’attend au pire alors que le pays sort tout juste de l’épidémie d’Ebola. L’essentiel des cas de coronavirus, une soixantaine pour le moment, est concentré à Kinshasa, la capitale, où se côtoient 15 millions d’habitants. Une population qui vit dehors, malgré les restrictions imposées par le gouvernement qui a fermé les écoles, les restaurants et interdit les rassemblements de plus de 20 personnes. Le confinement n’est pas possible pour la grande majorité des Congolais qui ont besoin du secteur informel pour nourrir leurs familles. Il faut donc faire un travail de fond au plus près des communautés. "Ce qu’on essaie de faire au niveau des organisations humanitaires, c’est de prendre en compte les leçons apprises de la réponse Ebola", déclare Benoît Munsch, le directeur du programme Care en RDC.
Initialement avec une approche assez médicale et assez autoritaire, il y avait eu une très forte résistance de la population. Dès le démarrage, pendant la crise Ebola, où l’on n'avait pas accompagné les communautés, il y a eu extrêmement de violences contre les centres de santé en particulier.
Benoît Munsch, directeur du programme Care en RDCà franceinfo
"Le problème dans ce type de crise, c'est que les mesures prises peuvent aller à l'encontre d'un engagement communautaire, explique Benoît Munsch. Donc, c'est très difficile pour nous à l'heure actuelle de voir comment la situation peut évoluer."
Au Burkina Faso
Malgré l’épidémie, les humanitaires se doivent d’apporter des réponses ciblées à chacune de leurs missions. Pour le CICR, la visite des prisonniers reste primordiale avec toutefois de nouvelles contraintes.
Le CICR visite à peu près 2 000 lieux de détention dans le monde.
Robert Mardini, le directeur général du Comité international de la Croix rougeà franceinfo
"Il y a peut-être des pays où il y a un ralentissement de ces visites à cause de l'épidémie, admet le directeur du Comité international de la Croix rouge Robert Mardini. En tout cas, le dialogue avec les autorités est toujours en cours et cela inclut toutes sortes de mesures, y compris comment adapter les visites des familles et les ajuster pour éviter qu’il y ait une propagation du virus."
Le CICR continue également de dialoguer avec les groupes armés, l’autre de ses principales missions. Ainsi au Burkina Faso, une équipe médicale a pu entrer dans des villages encerclés par des groupes jihadistes pour faire de la prévention et permettre ainsi de contenir la propagation du coronavirus.
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