Covid-19 : pourquoi le port du masque en extérieur n'est-il pas obligatoire partout ?
Dans certaines communes de France, l'obligation de porter le masque dans les lieux clos ou les transports est étendue à l'extérieur. Dans d'autres, elle est levée. Difficile d'y voir clair dans ces décisions, qui relèvent des mairies et des préfectures.
On le sait, le masque doit se porter sur le nez, la bouche et le menton. Mais doit-il se porter à la plage ? Sur le marché ? Dans votre lotissement ou dans les rues piétonnes du centre-ville ? Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, les règles ont évolué. Surtout, elles se sont adaptées aux spécificités des villes et des départements, afin de répondre au mieux aux objectifs de limitation de la propagation du virus.
>> Covid-19 : les dernières informations dans notre Direct
Si le port du masque est obligatoire en intérieur quand la distanciation est impossible, il est parfois difficile de savoir s'il faut ou non le porter en extérieur. Pourquoi un tel flou ?
D'abord, parce que les autorités décident au cas par cas. Si la règle est la même pour tous en ce qui concerne les lieux publics clos depuis le 20 juillet, comme le rappelle le site de l'administration française, c'est le préfet ou la mairie qui prennent la décision d'imposer ou non le port du masque "en extérieur dans les zones de circulation active du virus. Par exemple, dans la rue, au marché, dans le parc." Pour prendre cette décision, les autorités étudient donc au cas par cas la situation sanitaire : ainsi, lundi, le préfet des Alpes-Maritimes a indiqué que le port du masque serait obligatoire "dans toutes les zones à forte fréquentation de toutes les communes du département". Selon l'arrêté (en PDF), cela comprend donc les espaces verts urbains et du littoral, ainsi que les bords de plan d'eau ainsi que les centres-villes.
Faire appel "à l'intelligence des citoyens"
Jusqu'alors, seules 18 communes du département – dont Nice – étaient concernées par de telles restrictions, comme le rapportait France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, tandis que dans les autres communes du département, l'obligation de porter le masque était limitée à certains périmètres.
C'était notamment le cas à Antibes, où le port du masque n'était pas obligatoire sur le front de mer. Interrogé par France 3 le 17 février, le maire de la ville, Jean Leonetti, en appelait "à l'intelligence des citoyens". "Quand vous êtes tout seul dans la rue, ce n'est pas la peine de porter le masque, vous ne serez pas sanctionné. Mais à partir du moment où vous entrez dans le cœur de ville, à ce moment-là, vous portez le masque," résumait-il.
Puisqu'il s'agit d'observer l'évolution des indicateurs, il n'est pas rare de voir les autorités changer de cap. Dans le Pas-de-Calais, la préfecture a ainsi décidé le 17 février d'étendre l'obligation du port du masque à 43 communes du département jusqu'au 8 mars, afin de faire face à la circulation active du virus et à la présence du variant anglais.
Le même jour, la préfecture du Nord a annoncé une mesure identique dans 35 communes et ce, jusqu'au 31 mars. Le 14 février, la vis avait déjà été resserrée dans le Dunkerquois, ville en proie à une explosion des contaminations au variant anglais : dès lors, la ville du Nord avait rendu obligatoire le port du masque sur la plage et la digue, ainsi que dans certains endroits plus fréquentés, comme les zones piétonnes.
Des adaptations pour préserver les libertés
Dans d'autres cas, l'adaptation relève plutôt d'une conciliation entre liberté et mesures sanitaires. C'est le cas à Berric (Morbihan, 2 000 habitants) où le port du masque en extérieur n'est plus obligatoire depuis mercredi 17 février, tout comme dans 11 autres communes voisines, toutes comptant moins de 5 000 habitants. Là encore, ce sont les autorités qui ont décidé de lâcher du lest : "Nous devons concilier liberté d'un côté et mesures sanitaires de l'autre. Et d'un point de vue du contrôle, notamment du juge, on ne peut pas imposer de mesures trop dures dans un contexte épidémique relativement préservé au regard d'autres territoires", a expliqué à France 3 le directeur de cabinet du préfet, Arnaud Guinier.
Car la justice peut évidemment se mêler de l'obligation du port du masque. Et lorsque le risque de contamination est faible à l'extérieur, difficile de justifier une telle interdiction sur le plan juridique. Ainsi, début septembre, la préfète du Bas-Rhin avait imposé le port du masque dans Strasbourg et 12 communes de plus de 10 000 habitants, mais avait vu cet arrêté se faire retoquer par le tribunal administratif de Strasbourg. Une situation similaire s'était produite à Lyon. Les deux tribunaux administratifs avaient alors ordonné aux deux préfets de revoir leurs arrêtés, afin de limiter le port du masque aux lieux et horaires particulièrement fréquentés, rappelle le site Vie-Publique.
"Dans certaines villes moins peuplées où délimiter le quartier du centre-ville est facile, le port du masque ne peut pas être imposé sur toute la commune", poursuit le site. Ainsi, le 7 septembre, la préfète du Bas-Rhin avait annoncé "reconduire à l'identique" son arrêté pour la ville de Strasbourg mais avoir adapté, en concertation avec les maires, les zones concernées dans les 12 autres villes évoquées. RTL rappelle également que, fin décembre, une juridiction administrative a considéré qu'un arrêté de la préfecture de l'Ariège portait une "atteinte disproportionnée" à la "liberté d'aller et venir et au droit de chacun au respect de sa liberté personnelle".
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.