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Utilisation, prix, lavage... Huit questions pratiques sur le masque FFP2, plus efficace contre le Covid-19

Combien coûte-t-il ? Peut-on le laver ? Franceinfo répond aux questions concrètes que vous vous posez peut-être sur ces masques très filtrants, qui ont la cote face au variant Omicron.

Article rédigé par franceinfo
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Une femme porte un masque FFP2, à Aurillac (Cantal), le 7 janvier 2022. (MAXPPP)

Au placard, le masque chirurgical ? Le Haut Conseil de la Santé publique doit bientôt rendre un avis sur la généralisation du masque FFP2. Ces masques dont certains ont la forme d'un bec de canard, plus filtrants, pourraient être un atout face au variant Omicron du Covid-19, bien plus contagieux que ses prédécesseurs. Certains pays ont d'ailleurs décidé de l'imposer dans les lieux publics, comme l'Italie, l'Autriche ou la Grèce. Franceinfo fait le point sur cette protection de plus en plus utilisée par le grand public.

1Est-il plus efficace que le masque chirurgical ou en tissu ?

Oui. Il est plus ajusté sur le visage que les autres types de masques, et ne baille donc pas sur les côtés. Il est également plus filtrant : il protège contre l'inhalation de gouttelettes, comme les autres masques, mais aussi contre celle des particules en suspension dans l'air. Composé d'une pièce faciale et d'un dispositif de filtration, il offre à ses utilisateurs une capacité filtrante de 94% des particules fines et toxiques de 0,6 micromètre.

Selon une étude (en anglais) des chercheurs des universités de Göttingen (Allemagne) et de Cornell (Etats-Unis), si deux personnes portent un masque FFP2 correctement positionné, le risque maximum de contamination entre elles est de seulement 0,4%, même si elles passent une heure ensemble, contre 30% pour deux personnes portant des masques chirurgicaux. Le résultat est semblable face aux masques en tissus autorisés, puisque ces derniers ont un "niveau de protection proche", ou légèrement "supérieur selon les modèles, à celui proposé par des masques chirurgicaux", selon l'organisme de normalisation Afnor.

L'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) précise que le masque FFP2 peut être porté pendant huit heures, soit la durée moyenne d'une journée de travail, contre quatre heures pour les autres modèles.

Les masques FFP2 qui contiennent du graphène, un matériau très utilisé dans l'électronique pour sa résistance et sa conductivité, doivent en revanche être évités par précaution, faute de données sur la toxicité de ce matériau synthétique, recommande l'agence de sécurité sanitaire Anses.

2Dans quels endroits est-il conseillé de porter un masque FFP2 ?

A l’hôpital, le masque FFP2 est déjà utilisé, notamment dans les services accueillant des malades du Covid-19, en réanimation ou au bloc chirurgical. En prévision des fêtes de fin d'année, le Conseil scientifique (fichier PDF) l'avait également recommandé pour "les personnes les plus fragiles ou non vaccinées, dès que cela est possible".

Pour le reste de la population, les masques FFP2 sont utiles "quand on a vraiment un risque de contagion fort, par exemple dans les transports peu ou pas ventilés ou les lieux clos", selon Philippe Amouyel, épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille. En revanche, aucune utilité "quand on se balade dans la rue", estime-t-il.

"Si tout le monde portait correctement un masque chirurgical ou grand public en tissu, cela réduirait déjà nettement le risque de contagion", estime aussi Didier Lepelletier, chef de service d'hygiène hospitalière du CHU de Nantes et expert du Haut Conseil de la santé publique.

3Combien coûte-t-il ?

Son efficacité a un prix. A l'unité, un masque FFP2 est en général entre deux et six fois plus onéreux qu'un masque chirurgical. Il faut souvent compter en effet environ 50 à 60 centimes le masque FFP2 pour un particulier et entre 30 et 40 centimes pour les commandes en gros des professionnels de santé. Mais son prix varie grandement selon le type d'enseigne.

Les FFP2 sont ainsi vendus 4,52 euros la boîte de 20 chez Intermarché, soit 23 centimes le masque, a annoncé début janvier l'enseigne, qui précise qu'il s'agit du "prix coûtant".

Un prix à peine inférieur à celui pratiqué dans "les hypermarchés et supermarchés Carrefour", où "la boîte de vingt" masques vous en coûtera "4,90 euros", soit seulement 24 centimes le masque", note Capital, dans un comparatif. Dans "tous les Leclerc de France, les boîtes de 20 FFP2 vous sont proposées à 7,90 euros, soit 40 centimes le masque", détaille aussi le journal, contre "14,90 euros" chez Franprix pour "une boîte similaire".

En pharmacie aussi, les écarts sont importants. Comptez "entre 40 centimes et 80 centimes par masque" en moyenne dans les officines, selon l'estimation pour Capital de Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. Des variations de prix qui s'expliquent par "la marge" que veut faire l'enseigne ou la pharmacie, mais aussi par "la quantité de produits achetés aux fournisseurs et à quels prix", selon Yolande Piris, spécialiste de la distribution, interrogée par le magazine. Plus celle-ci achète en gros, et moins le coût de revient et par conséquent le prix affiché sur l'étiquette sont élevés.

A noter que contrairement à son cousin le masque chirurgical, la loi ne prévoit pas que le masque FFP2 puisse être distribué gratuitement aux personnes précaires, vulnérables, positives au Covid-19 ou cas contact.

4Y en aura-t-il assez pour tout le monde ?

"Il n'y a aucune pénurie" dans l'approvisionnement des masques FFP2, a assuré Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, début janvier sur France Inter. "Les circuits d'approvisionnement fonctionnent", a-t-il ajouté. Un "stock d'Etat de masques a été reconstitué", avec "plusieurs centaines de millions de masques FFP2", a-t-il déclaré. La direction générale de la santé affirmait en janvier 2021 à LCI que Santé publique France avait en sa possession – en plus des stocks gérés par les établissements – 406 millions de masques FFP2, "soit 203% du stock cible correspondant à trois semaines de crise épidémique".

Une quantité qui pourrait néanmoins se révéler insuffisante si ces masques venaient à être imposés durablement par le gouvernement. La fabrication des masques FFP2 a été quasiment à l'arrêt entre avril et octobre, "avec une chute de la production d'environ 90%" par rapport à 2020, souligne Christian Curel, le président du syndicat des fabricants de masques F2M sur BFMTV. Le nombre d'emplois de la filière, estimé à 10 000, a même été "divisé par deux", notamment face à la concurrence chinoise. Les industriels locaux – au nombre désormais de 32, contre 4 au début de la crise sanitaire – assurent désormais être capables d'en produire 20 à 25 millions par semaine, selon France 2.

5Comment bien le porter ?

Le masque FFP2 doit couvrir le nez, la bouche et le menton. Pour vérifier que le masque soit bien mis, l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), conseille d'en contrôler l’étanchéité en couvrant "la surface filtrante du masque en utilisant une feuille plastique maintenue en place avec les deux mains". Lorsque vous inspirez, "le masque doit s'écraser légèrement sur le visage". "Si le masque ne se plaque pas, c’est qu'il n'est pas étanche et il faut le réajuster (…) Une fois ajusté, ne plus toucher le masque avec les mains et ne pas le placer en position d'attente sous le menton ou sur le front, pour éviter de contaminer l'intérieur du masque", rappelle également l'INRS.

Son port est plus désagréable que celui d'un masque en tissu ou chirurgical en raison d'un "inconfort thermique", et d'une "résistance respiratoire", prévient l'Anses. Par ailleurs, les masques FFP2 ne sont pas adaptés à toutes les morphologies. Une étude réalisée sur des soignants de plusieurs pays, et parue en septembre 2020 dans la revue médicale Anaesthesia, révélait ainsi que les masques FFP2 et FFP3 pouvaient correctement être appliqués par 95% des hommes, mais seulement 85% des femmes. En outre, les masques convenaient à 90% des personnes blanches, contre 84% des personnes d'origine asiatique. La proportion était particulièrement basse, 60% en moyenne, pour les femmes asiatiques.

6Peut-on le laver ?

Selon les fabricants, il s'agit de masques à usages uniques. Néanmoins, et comme les masques chirurgicaux, les masques FFP2 peuvent être réutilisés s'ils sont passés en machine et au sèche-linge, assure l'UFC-Que Choisir. Selon des tests menés par l'association de consommateurs, les performances des masques FFP2 restent les mêmes après dix lavages à 60 °C et autant de séchages.

"Nos conclusions ne sont pas valables pour un usage en milieu médical, où la charge bactérienne environnante exigerait, a minima, une phase de désinfection", tempère néanmoins l'association.

7Il paraît qu'il n'est pas compatible avec la barbe. C'est vrai ?

Aucun masque n'est adapté à une barbe fournie. C'est encore plus vrai avec les masques FFP2, normalement plus ajustés sur le visage que les autres masques. Pour en maximiser l'efficacité, il est donc conseillé de se raser, ou de porter une barbe peu épaisse.

Au printemps dernier, les pompiers d'Indre-et-Loire avaient été sommés de raser barbes et moustaches pour optimiser l'adhérence des masques FFP2 sur leur visage, relatait France 3.

8Je pensais avoir acheté un masque FFP2 mais en fait c'est un KN95. Est-ce la même chose ?

Oui, il s'agit de masques semblables, à protection équivalente. La différence se situe dans l'origine des normes auxquelles ils répondent : le masque FFP2 correspond à la norme européenne NF EN149, tandis que le KN95 répond à la norme GB2626-2006, en vigueur en Chine et en Corée du Sud, rappelle un document des douanes françaises (PDF).

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