"Même durant la guerre, ce n’était pas pareil" : la vie en Ehpad à l'heure du confinement
Les morts à cause du coronavirus se multiplient dans les maisons de retraite, loin des regards. Les familles qui ont un proche dans un Ehpad, les pensionnaires et le personnel de ces établissements doivent s'adapter à une situation inédite avec le confinement.
Un isolement qui s'accentue et des personnels épuisés, les Ehpad (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) doivent affronter une épidémie de coronavirus qui a déjà fait de nombreux morts au sein de ces établissements. Le mari de Catherine, atteint de la maladie d’Alzheimer, est placé dans un Ehpad à Fontainebleau, en Seine-et-Marne. Avec le confinement, cela fait déjà deux semaines qu’elle n’a pu ni le voir ni même l’entendre. "Je n’ai qu’une peur, c’est que mon mari oublie ma voix et mon odeur, confie-t-elle. Comment on va les retrouver ? Si on a le bonheur de les retrouver… C’est ça dont on a peur".
Une situation à laquelle s’ajoute la crainte de la maladie. "On vient de perdre le mari d’une amie à cause de cette maladie, il était dans un Ehpad aux alentours, poursuit Catherine. Notre plus grosse inquiétude, ce n’est pas encore de ne pas leur parler, c’est ce qui risque de leur arriver si le virus rentre dans l’établissement".
Des heures au téléphone
L’inquiétude face à l’inconnu qui revient dans chaque conversation. À Bernay-Saint-Martin, en Charente-Maritime, le virus n’a, là non plus, pas réussi à s’infiltrer. Le personnel ne manque pas encore, nous explique la directrice Priscilla Bernet mais bien sûr, on se prépare et on s'adapte. Ainsi, la psychomotricienne de l’établissement s’est muée en "skypeuse itinérante" comme l’appelle Priscilla : "On met en place un système d’appel vidéo avec toutes les familles. Elle gère tous les appels pour maintenir le lien famille/résident." L'occasion pour les résidents de garder le contact avec leurs proches. "C’est rigolo, c’est vrai que ce n’est pas leur génération, explique la directrice de l'Ehpad, certains demandent déjà que ça continue après". La directrice de l’Ehpad passe désormais des heures au téléphone avec les familles mais aussi avec l’Agence régionale de santé, pour suivre les dernières directives.
Même durant la guerre, ce n’était pas pareil. On a eu des épisodes dans ce goût-là. Mais on était moins habitué au confort, donc on a mieux supporté.
Monique, résidente de l'Ehpad de Sully-sur-Loire
Des règles qui ont changé depuis deux jours à la maison de retraite de Sully-sur-Loire, dans la région Centre Val-de-Loire. Le confinement est passé à l’étape supérieure. Monique, 93 ans, a parfois du mal à accepter la situation. Dans son Ehpad, il n'y a plus de restauration en commun et les pensionnaires doivent désormais rester dans leur chambre. "On a un super jardin mais on ne peut plus y aller", explique Monique qui indique cependant avoir de "la chance, j’ai une chambre très ensoleillée".
Et au final, c’est bien Monique qui nous redonne le sourire et nous booste pour la journée : "A bientôt et merci de donner un peu de communication, ça fait beaucoup de bien".
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