"Même si j'avais été testé positif, j'y serais allé" : à Polytechnique, les dilemmes posés par la tenue d'un grand concours en temps de Covid
La prestigieuse école d'ingénieurs a ouvert le bal des concours d'admission cette semaine. Forcément, les restrictions sanitaires changent la donne et imposent parfois de gros dilemmes aux candidats, qui n'ont pas l'obligation de présenter un test négatif au Covid-19.
Dernière minute et ultime relecture dans le grand gymnase de Polytechnique : c'est la fin de la longue épreuve de mathématiques. La prestigieuse école d'ingénieurs a ouvert cette semaine le bal des concours d'admission aux grandes écoles, autorisés malgré le troisième confinement imposé à cause de la pandémie de coronavirus Covid-19. Pendant cinq jours, 4 500 candidats planchent dans une trentaine de sites partout en France, dont 650 sur le campus de Palaiseau, dans l'Essonne.
L'organisation est militaire, culture locale oblige, mais encore plus cette année, à cause du Covid-19 : 1,50 mètre sépare chaque candidat et le port du masque est obligatoire durant toute l'épreuve, contrairement à l'an dernier. Et c'est loin d'être un détail.
"Là, c'était six heures avec le masque, et ça peut fatiguer beaucoup plus ! C'est déjà fatiguant à l'origine comme type d'épreuve."
Mohamedà franceinfo
Mais, comme ses camarades, Mohamed ne moufte pas : l'enjeu est trop important. D'ailleurs, lui-même a pris toutes les précautions sanitaires en amont. "Depuis 15 jours, nous sommes auto-confinés à trois personnes, enfermées dans une maison et on avait seulement un parent qui était déjà vacciné, qui ne sortait pas. On n'avait aucun échange avec l'extérieur", explique le jeune homme. "De manière générale, complète Océane, avant les écrits on a deux semaines de révision. Pendant ces deux semaines, on ne sort pas beaucoup. Même sans le Covid on est un peu confinés parce qu'on travaille et qu'on n'a pas de vie sociale. On ne fait que des maths !"
Pas de session de remplacement en cas de contamination
En cas de contamination, il n'existe pas de session de remplacement à Polytechnique. Alors forcément, tous les candidats se sont posé la question : "Si j'avais été testé positif, j'y serai allé et j'aurais passé le concours, confie l'un d'eux. Je ne me voyais pas sacrifier deux ans de travail."
"C'est assez évident : sincèrement, refaire une année parce qu'on a été testé positif, très peu de gens seraient prêts à faire les sacrifices."
Un candidatà franceinfo
D'autant que l'école n'exige pas de test PCR négatif. "On fait appel d'abord à la responsabilité des candidats, explique Michel Gonin, le directeur du concours. Nos consignes sont que pour les cas positifs, il faut rester chez soi. Après, c'est la zone grise : on n'est pas des gendarmes, souligne-t-il. Je comprends qu'un candidat qui a un certain doute sur le fait qu'il soit contaminé ou pas, après deux ou trois ans de travail, s'il estime être en bonne santé et s'il respecte les gestes barrières, il y a une certaine probabilité qu'il vienne quand même passer son concours", poursuit-il. Généralement, environ 15% des candidats inscrits ne se présentent pas aux épreuves. Cette année, ce chiffre n'a pas augmenté.
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