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"Ne te mouche pas en classe, ne tousse surtout pas" : le casse-tête des parents et des écoles en cas d'enfant malade

Certaines écoles demandent des certificats médicaux pour accepter à nouveau les enfants en classe. Les professionnels de santé, déjà débordés, rappellent que ça ne sert à rien de consulter pour un simple rhume.

Article rédigé par Alexis Morel, Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Rentrée d'école à Bruxelles (Belgique) le 1er septembre 2020. (JEAN-LUC FL?MAL / MAXPPP)

Quinze jours après la rentrée scolaire, le coronavirus tend les relations entre l'école et les familles. Le sujet de préoccupation majeur est la gestion des symptômes et des cas suspects chez les enfants. Les directeurs d'écoles y passent tout leur temps, face aux parents très angoissés.

Les parent espèrent à tout prix éviter l'éviction de leur enfant et donc l'isolement. Jenny est maman de deux petits garçons à Cergy, dans le Val-d'Oise. Elle en vient à craindre le moindre nez qui coule. "C'est l'angoisse, témoigne-t-elle. On leur dit 'ne te mouche pas en classe, ne tousse surtout pas'. Et ce n'est pas facile d'avoir un rendez-vous chez le docteur. Ce n'est pas facile de faire garder ses enfants quand on travaille."

Attestation sur l'honneur des parents

Le nez qui coule ne fait pas partie des symptômes qui justifient l'isolement d'un élève, selon le protocole ministériel. Mais les interprétations peuvent différer d'une école à l'autre. Le sujet est même devenu sensible avec certaines familles, comme en témoigne Olivier Flippo, directeur d'école à Cergy et délégué UNSA. 

On a certains parents qui doivent aller travailler et qui vont jusqu'à cacher la pathologie de leur enfant en leur donnant du Doliprane avant de partir à l'école le matin.

Olivier Flippo

à franceinfo

"On a eu ce cas-là, s'étonne Olivier Flippo. Il y avait un enfant qui avait mal à la gorge. Je l'ai questionné un peu et il m'a expliqué très naturellement qu'il était un peu malade, mais que maman lui avait donné des médicaments le matin." 

Certaines écoles ont carrément demandé des certificats médicaux ces derniers jours, pour pouvoir remettre les enfants en classe, et ça se répercute dans les cabinets des médecins. Julie Sudant est pédiatre à Suresnes, près de Paris. Elle est submergée par les demandes de certificats médicaux pour permettre aux enfants de retourner à l'école après une fièvre ou un gros rhume.

On est très sollicités par les familles qui nous disent devoir produire des certificats médicaux aux crèches et aux écoles attestant que l'enfant qui a un rhume ou un peu de fièvre n'est pas porteur du Covid.

Julie Sudant, pédiatre

à franceinfo

"C'est quelque chose qu'on ne peut pas réaliser, puisqu'il faudrait faire un test Covid pour pouvoir s'assurer que ce n'est pas le cas, explique la pédiatre. Et en pratique, on ne fait pas tester tous les enfants qui ont un simple rhume." Julie Sudant essaye de faire comprendre aux parents qu'il faut "garder la tête froide". "Si l'enfant a un simple rhume, il n'y a pas besoin de consulter, rappelle-t-elle. Et s'il a de la fièvre, il consulte au bout de 48 heures. Évidemment, je ne parle pas des enfants qui ont des fragilités, des maladies chroniques ou des symptômes qui préoccupent les parents, comme une gêne respiratoire."

Pour apaiser les médecins débordés, le ministère de l'Éducation a clarifié sa doctrine. En cas de test négatif ou si les symptômes ne sont finalement pas ceux du Covid, il n'y a pas besoin de certificat médical, ni même d'écrit du médecin pour revenir à l'école. Une simple attestation sur l'honneur de la famille suffira désormais. La règle va être rappelée en interne dans les académies. C'était une demande de l'Ordre national des médecins.

Fermetures de classe

La tension réside aussi sur les fermetures d'écoles ou de classes. Au moins 32 établissements et 524 classes ont été fermés la semaine dernière. Il n'y a pas eu de mise à jour depuis. Pascale Poussier est directrice d'école à Argenteuil. Cette syndiquée UNSA a déjà dû fermer quatre classes pour des cas de coronavirus avérés. Tous les élèves concernés ont été placés en quatorzaine, et des parents désemparés se sont retrouvés sans solution de garde. Face à leur détresse, Pascale Poussier a dû contacter des patrons.

J'ai appelé un employeur pour lui expliquer que l'école ne pouvait pas garder l'enfant. On exigeait de la maman qu'elle revienne travailler.

Pascale Poussier

à franceinfo

"J'ai appelé pour expliquer qu'on ne peut pas garder l'enfant, que ce n'est pas de la faute des parents", s'alarme la directrice d'école. Pascale Poussier prévient : "Je ne pourrai évidemment pas le faire pour chaque employeur", si les cas se multiplient.

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