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"Nous avons beaucoup d'appels de personnes sans antécédents" : face au coronavirus le Samu du Nord ouvre une cellule d'urgence psychologique

Crainte de la contagion par le coronavirus, enfermement lié au confinement : pour de nombreux Français, la période est anxiogène. Face aux crises d'angoisse et aux suspicions d'infarctus, le Samu du Nord a créé une cellule d'urgence psychologique. 

Article rédigé par franceinfo, Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Depuis le début du confinement, les appels au Samu pour des crises d'angoisse et des suspicions d'infarctus se sont multipliés, ici à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon (Rhône), le 19 mars 2020.  (JEFF PACHOUD / AFP)

Conséquence du confinement, de cette situation d’épidémie inédite et anxiogène, les Samu reçoivent partout en France de plus en plus d’appels pour des crises d’angoisse et des infarctus, ou en tout cas des suspicions d’infarctus. À Lille, le Samu du Nord a créé une cellule d’urgence psychologique par téléphone. Cette cellule reçoit une dizaine d’appels par jour.

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Les appels sont transférés par le SAMU du Nord au Dr Frédérique Warembourg, psychiatre, la responsable de cette cellule, et à ses collègues. "Nous avons beaucoup d'appels de personnes qui n'ont jamais été suivies en psychiatrie, ou qui n'ont jamais été voir un psychologue, qui n'ont pas d'antécédents du tout."

Des crises d'angoisse qui provoquent une "sensation d'étouffement"

Des personnes particulièrement angoissées au bout du fil, les Samu ont déjà connu ce phénomène, c’était après les attentats du 13 novembre. Aujourd’hui à nouveau, ils reçoivent les appels de Français qui, s’ils ne font pas forcément un infarctus ont l’impression d’en faire un, ou pour des crises d’angoisse. "La crise d'angoisse, on a du mal à respirer, explique le Dr Warembourg, donc il y a des personnes qui ont peur d'être malades. C'est effectivement une sensation d'étouffement, mais plutôt une sensation d'oppression thoracique, avoir l'impression que ça se serre au niveau du thorax. Des sueurs, une tachycardie (le cœur qui se met à battre vite), une sensation de vertige sont également possibles".

La méditation peut suffire à apaiser les patients

C’est le virus, mais aussi le confinement qui génèrent ce stress. "Ce qu'ils nous disent, c'est qu'ils ont peur de la contamination. Et puis c'est difficile parfois de rester enfermé chez soi, de ne plus avoir de contact avec l'extérieur. Hier j'ai eu une dame au téléphone qui m'a dit que c'était extrêmement difficile pour elle. Une dame qui est tout le temps dehors, et de rester tout le temps dans un petit appartement, qui n'a pas d'extérieur, ce n'est pas évident du tout."

On essaye quelque soit la technique de faire de la relaxation, mais pour la plupart, l'appel téléphonique est suffisant.

Dr Frédérique Warembourg, psychiatre

à franceinfo

La cellule psychologique tente alors de calmer les personnes qui appellent. Suffisant pour apaiser les personnes angoissées, mais ces appels sont chronophages pour les services de santé : chacun dure environ une demi-heure.

Ne pas hésiter à appeler

Chronophages ou pas, il ne faut pas hésiter à appeler le 15, souligne le Dr Éric Van Belle, cardiologue au CHU de Lille. Dans le doute, si des signes d'infarctus apparaissent, les secours seront plus compétents que vous pour juger de la gravité ou non de la situation, vous conseiller et vous prendre en charge, insiste le spécialiste. Mardi, plus de 300 soignants, médecins généralistes, cardiologues, psychiatres ou sages-femmes avaient lancé un appel à ne pas négliger l'apparition ou le suivi d'autres maladies que le Civod-19. "Les patients se mettent en danger à ne pas se faire examiner ou interroger leur médecin sur des symptômes qu'ils peuvent avoir à un moment donné", a expliqué le docteur à l'origine de l'initiative.

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