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"Nous essayons de manger à notre faim" : à Washington, la fréquentation des banques alimentaires en forte augmentation depuis le début de l'épidémie

À la crise sanitaire causée par l'épidémie de coronavirus s'ajoute une crise économique. Aux États-Unis, pays le plus touché par le Covid-19, de nombreuses personnes ont perdu une partie ou l'ensemble de leurs revenus, et doivent recourir aux banques alimentaires.  

Article rédigé par Grégory Philipps
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une distribution alimentaire organisée par l'association "Martha's House", dans la capitale américaine Washington DC, mercredi 15 avril 2020.  (GRÉGORY PHILIPPS / RADIO FRANCE)

L’épidémie de coronavirus frappe les États-Unis de plein fouet. Jeudi 16 avril, 637 000 cas de Covid-19 ont été recensés dans le pays, et plus de 28 326 décès du coronavirus ont été dénombrés. À cette catastrophe sanitaire s'ajoute une catastrophe économique. Près de 17 millions d’Américains ont pointé au chômage ces trois dernières semaines. On a vu ces derniers jours des images impressionnantes d’automobilistes patienter par milliers devant des banques alimentaires en Pennsylvanie ou au Texas. Même phénomène à Washington DC, la capitale fédérale, où de plus en plus de familles fréquentent ces banques alimentaires afin de pouvoir se nourrir. 

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L’organisation "Martha’s Table" travaille depuis 40 ans dans le South East à Washington, l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale, essentiellement peuplé d’Afro-Américains. Depuis le début de l’épidémie, l’organisation a multiplié par trois le nombre de repas distribués chaque semaine, et les volontaires, presque tous masqués, s’affairent à préparer ces paniers que le gens peuvent venir chercher tous les jours de 11h à 14h.

L’argent manque en ce moment, c’est pour ça que je suis là. Il y a les factures à payer.

Alfonso, bénéficiaire de l'aide alimentaire

à franceinfo

Alfonso, un retraité, repart avec un sac qui déborde de nourriture : "Il y a des légumes notamment, et ça on en a vraiment besoin. J’ai des problèmes cardiaques, ma femme fait du diabète, il faut qu’on puisse manger sainement. C’est vraiment difficile. Mais bon… on va s’en sortir."

De nouveaux bénéficiaires depuis quelques semaines

Ces trois dernières semaines, "Martha's Table" a vu arriver de nouveaux bénéficiaires, comme Davis : "Je suis technicien de maintenance. Cette aide est vraiment utile. Que Dieu bénisse les donateurs, ceux qui rendent cette aide possible, merci !"

Je viens de perdre mon boulot. C’est pour cela que je suis là.

Davis, bénéficiaire de l'aide alimentaire

à franceinfo

Un masque blanc sur le visage, Cynthia ressort aussi avec de quoi tenir quelques jours. Mais elle est confiante, car la foi l’aide à affronter la situation : "Dieu contrôle tout ! Aidons-nous les uns les autres ! Et si certains cherchent à tirer avantage de cette situation, qu’ils ne soient pas cupides ! Je dis ceci aux propriétaires, aux banquiers, aux sociétés de crédit. Tous, nous essayons de manger à notre faim et de vivre en ces temps si particuliers." 

Un chèque signé par la Trésor

Dans quelques jours, ces Américains devraient recevoir de la part du Département du Trésor un chèque de 1 200 dollars par personne, pour souffler un peu. Alfonso, le retraité, apprécie : "J’ai travaillé dur pendant 30 ans. Ils me doivent bien cela ! On en a besoin. Il y a les factures, tous les crédits à payer. Vraiment, ça va beaucoup aider !"

Lors des distributions alimentaires organisées par "Martha's House", les bénéficiaires doivent respecter les mesures de distianciation sociale, à Washington DC, le 15 avril 2020.  (GRÉGORY PHILIPPS / RADIO FRANCE)

Mais Lester, qui lui aussi repart avec des victuailles, se demande comment les gens vont survivre. Et il reprend ce vieux gospel, héritage d’un autre combat, celui des droits civiques et de Martin Luther King : We shall overcome ("On va surmonter cela"). Et Lester ajoute en improvisant et dans un rire : "On va aussi dire à Trump que nous ne sommes pas des imbéciles !" Comme un message adressé, de l’autre côté de la rivière Anacostia, à la Maison-Blanche et au Capitole que l’on aperçoit d’ici. 

La demande d'aide alimentaire en forte progression : écoutez le reportage de Gregory Philipps à Washington

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