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Olivier Véran : "AstraZeneca sera en incapacité de fournir à l’Europe un tiers ou un quart des doses d’ici à la fin du premier trimestre"

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Article rédigé par Public Sénat
France Télévisions

Interpellé sur la campagne de vaccination à l’occasion des questions au gouvernement, ce mercredi, la ministre de la Santé a assuré que le laboratoire pharmaceutique AstraZeneca ne sera pas en mesure de tenir ses engagements vis-à-vis des Etats européens. Olivier Véran a également été interrogé sur la mise en œuvre de la campagne de vaccination sur le territoire et a assuré qu’il ferait preuve d’une totale transparence sur la stratégie du gouvernement et la possible pénurie de doses.

Les laboratoires pharmaceutiques dépassés par les commandes européennes de vaccins. C’est l’information qu’a dévoilée, ce mercredi, Olivier Véran, à l’occasion de la séance de questions d’actualité au gouvernement. Interrogé par la sénatrice Corinne Imbert au sujet de la campagne de vaccination menée par le gouvernement, le ministre de la Santé a pointé du doigt des dysfonctionnements au sein des laboratoires pharmaceutiques, notamment le laboratoire AstraZeneca, qui serait en incapacité de fournir les doses vaccinales commandées par l’Union européenne. Et si le ministre assure que le réseau logistique est "totalement prêt" pour assurer le bon déroulement de la campagne de vaccination sur l’ensemble du territoire, il pointe du doigt le rôle des laboratoires dans le retard de la mise en œuvre de cette campagne.

"Je suis embêté par la capacité du laboratoire AstraZeneca à tenir ses délais de livraison", débute Olivier Véran. "Acte 1 : AstraZeneca nous informe qu’au lieu de recevoir 3 et 4 millions de doses entre février et mars, nous recevrons entre deux millions et deux millions et demi. Acte 2 : que finalement les 2 millions de doses, ce sera d’abord 400 000 puis 700 000 puis à la fin du mois un million et quelques doses. Acte 3 : AstraZeneca, convoqué par des responsables de l’Union européenne ce matin a, semble-t-il, quitté la réunion, ce qui n’est pas en général très bon signe. Et acte 4 - que j’ai appris pendant les questions au gouvernement- AstraZeneca aurait communiqué sur son incapacité à fournir à l’Europe un tiers ou un quart des doses d’ici à la fin du premier trimestre", relate le ministre.

Revenant sur les propos tenus devant la commission des lois, selon lesquels il n’assurait pas la faisabilité de pouvoir vacciner, d’ici à l’été, tous les publics fragiles, Olivier Véran persiste : "C’est la raison pour laquelle j’étais prudent en disant que je n’étais pas certain qu’on aurait vacciné les publics fragiles avant l’été. Mais nous avons passé des commandes qui engagent les fabricants de vaccin devant les Etats, donc je suis comme vous dans l’attente des autorités européennes et dans l’attente des laboratoires qu’ils respectent les engagements qu’ils ont pris devant la commission européenne", conclut-il.

Vaccination : "Nous avons besoin de sérénité, de précision et de transparence", assure Olivier Véran

Plus de clarté et de transparence. C’est, depuis le début de la crise sanitaire, l’une des principales réclamations du Parlement, qui pointe du doigt une communication gouvernementale jugée trop opaque et un manque d’anticipation dans la gestion de crise. Et depuis son lancement, début janvier, c’est sur l’organisation de la campagne de vaccination que se portent les accusations. "Chaque jour, le gouvernement nous abreuve de prévisions et de chiffres, tandis que les scientifiques et autorités sanitaires alternent propos rassurants et déclarations alarmistes", constate le sénateur Jean-Pierre Decool, auteur d’un rapport sur la pénurie de médicaments, à l’occasion des questions d’actualité au gouvernement. "On ouvre puis on ferme des centres de vaccination, faute de doses, en audition vous annoncez 15 millions de personnes vaccinées avant l’été, puis 70 millions d’ici fin août. […] L’absence de clarté de votre communication déconcerte et navre nos concitoyens. Disposons-nous d’un stock suffisant de doses pour poursuivre la vaccination ? La pénurie empêche-t-elle de mener à bien la campagne de vaccination ? Est-elle causée par des questions logistiques ?", interroge le sénateur, appelant le ministre de la santé à un "effort de transparence autour de ses difficultés pour apaiser un climat anxiogène".

"Vous avez raison", rétorque Olivier Véran. "Plus que jamais, nous avons besoin de sérénité, de précision et de transparence. J’ai donné au public la liste précise des arrivages mois après mois de vaccins, tout en précisant que ces chiffres correspondent aux commandes passées par l’Union Européenne et la France. J’ai expliqué que nous avions de quoi vacciner 70 millions de personnes d’ici fin août, car nous disposons de plus de 130 millions de doses sur le territoire national fin août si tous les vaccins sont homologués et si les laboratoires respectent leurs engagements, mais il y a déjà des difficultés d’approvisionnement de la part de certains laboratoires", détaille le ministre de la Santé, reconnaissant que des engagements non respectés de la part des laboratoires "poseraient problème".

Revenant sur son audition par la commission des lois du Sénat, Olivier Véran commente : "J’ai été interrogé sur la nécessité de poursuivre l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 1er juin, et de savoir si tous les publics fragiles seraient vaccinés d’ici là, j’ai répondu que le public fragile peut porter jusqu’à 23 à 30 millions de Français et que nous n’étions pas sûrs d’avoir vacciné ces Français d’ici là. Ce sont des données complexes, qui impliquent des chiffres, je sais que vous le savez", conclut le ministre.

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