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Emmanuel Macron veut "emmerder les non-vaccinés" : "Pas une petite phrase, un raisonnement" assure un proche

Les mots du chef de l'Etat lors d’une interview au "Parisien" font polémique. Mais le président n’a pas commis d’imprudence: c’est au contraire un message adressé à son électorat à trois mois de la présidentielle.

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron, le 10 décembre 2021. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Georges Pompidou demandait d’arrêter d’emmerder les Français, Emmanuel Macron lui veut "emmerder les non vaccinés (…) jusqu’au bout". Cette phrase forte prononcée lors d’une interview aux lecteurs du Parisien [article payant] n’est ni anodine, ni innocente. Le chef de l’État connaît parfaitement en effet le poids des mots, il en a souvent fait l’expérience.

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Le voilà donc qui livre abruptement sa stratégie : pass sanitaire, test payant pour les non vaccinés, et, à partir de la mi-janvier, pass vaccinal. À chaque fois, la tenaille se referme sur ceux qui refusent la vaccination. Un objectif assumé : "Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout", expose le chef de l’État, qui ajoute : "Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force.".

Ces mots n’ont pas été lâchés par imprudence. L’un des proches du président le confirmait mardi soir : "Ce n’est pas une petite phrase, c’est un raisonnement". C’est donc bien le fond de la pensée d’Emmanuel Macron, exprimé avec des mots crus pour marquer. D’ailleurs, le chef de l’État revient à la charge un peu plus loin dans l’interview, cette fois contre les anti-vax, accusés de "saper la solidité d’une nation". "Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable, estime le président. Un irresponsable n’est plus un citoyen".

"Il y va fort mais il faut nommer le mal. Notre électorat est 100% pro-vax et ne comprend pas les non vaccinés."

Un conseiller du président

à franceinfo

"C'est une stratégie qui est assumée depuis le début" assure mercredi matin sur franceinfo le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau, avant de reconnaître que "le président a choisi une formule un peu choc".

Des mots forts, alors qu’il y a seulement trois semaines, Emmanuel Macron déclarait à la télévision avoir appris des petites phrases polémiques de son quinquennat, reconnaissant qu’il y avait "des mots qui peuvent blesser, et ce n’est jamais bon et même acceptable". Mais voilà, la présidentielle approche, et Emmanuel Macron peut espérer souder son électorat sur ce sujet.

Un pas de plus vers la candidature

Avec la présidentielle en arrière-plan justement, ces propos ressemblent même presque un pré-déclaration de candidature. "Il n’y a pas de faux suspense, j’ai envie", convient Emmanuel Macron, qui observe deux conditions à remplir avant de faire cette annonce : "Clarifier ce sujet en moi-même et par rapport à l’équation politique, ça, ça semble plutôt clair et que les conditions sanitaires le permettent." En tout cas, Emmanuel Macron souhaite que ce soit plutôt tôt que tard.

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