Séances sans pass et tests sur place : des cinémas jonglent avec les restrictions sanitaires
Le pass sanitaire, en place depuis le 21 juillet pour l'accès aux lieux de culture et de loisirs, a fait dégringoler la fréquentation des cinémas. Pour faciliter l'accès au maximum de spectateurs, certains proposent des séances sans pass à jauges réduites ou des tests antigéniques sur place.
"Se réorganiser" et "limiter la casse" : à Marcq-en-Baroeul (Nord) ou Compiègne (Oise), des cinémas contournent le pass sanitaire, en offrant des séances à jauge réduite, ou proposent des tests sur place, pour tenter d'enrayer la dégringolade de la fréquentation.
"Respecter le choix de chacun"
"Je n'aurais pas fait de test PCR juste pour un film", concède Myriam Khiter, 60 ans, venue accompagner ses deux petites-filles voir un film d'animation, au Pont des arts de Marcq-en-Baroeul près de Lille, qui propose une jauge à 49 personnes pour certaines séances, dont celles du matin, moins fréquentées.
"C'est formidable ! Au moins cela respecte le choix de chacun, sans discrimination", salue Florence, la cinquantaine, venue saisir l'occasion. Pascal, 60 ans, y voit au contraire "une mauvaise idée" qui "encourage la non-vaccination". "En tout cas, on ne risque pas d'avoir des problèmes de distanciation", ironise une spectatrice en s'installant dans une salle quasi déserte pour voir Kaamelott, premier volet.
Depuis la mise en place, le 21 juillet, du pass sanitaire, attestant d'une vaccination complète ou d'un test négatif, dans tous les lieux de loisirs et de culture capables d'accueillir 50 personnes et plus, la fréquentation des salles obscures a décroché.
Une mesure chronophage
"On n'est pas contre le pass sanitaire. On veut trouver des alternatives pour contenter tout le monde", explique à l'AFP la directrice, Amandine Pitula, soulignant que l'initiative vise avant tout à "inclure" et "communiquer". "Les gens sont un peu perdus sur les règles, les dates. Il y a une confusion. Certains ne savent pas qu'il faut une deuxième dose, attendre sept jours", relève-t-elle.
Le groupe Majestic, qui se prévaut d'être le "premier" à avoir introduit des séances sans pass, dans ses salles du nord de la France, a préféré les appliquer aux films dès 17h pour "des questions d'organisation", affirme son directeur général, Jean-Claude Tupin. "Le soir, on a l'impossibilité totale de contrôler tout le monde. Ça fait des queues interminables, on n'y arrive pas. On perdra de l'argent, mais on gagnera du temps", ajoute-t-il.
Des tests antigéniques à l'entrée des cinémas
Au multiplex de Compiègne, qui compte 2 500 places, des tests antigéniques sont aussi proposés gratuitement jusqu'à mi-août, quatre jours par semaine, dont le weekend, dans un espace privatisé en partenariat avec une pharmacie locale. "On voulait une solution même pour les séances avec pass obligatoire, pour ne laisser personne sur le bord de la route", explique sa PDG, Laurence Meunier.
Les retours sont "très favorables", notamment des personnes n'ayant "pas eu le temps de recevoir la 2e dose", qui peuvent repartir avec un pass valable 48h. "On va pouvoir en faire profiter aussi les restaurants de la zone et le karting."
Une fréquentation anormalement basse
Malgré ces alternatives, nombre d'exploitants voient dans les nouvelles mesures un coup de grâce après une année noire. "C'est une catastrophe", soupire Loïc Arnaud, agent d'accueil et responsable de la gestion du cinéma Majestic, qui dépend lui du groupe UGC, à Lille.
En dépit d'une riche programmation, "on fait des journées à 200 ou 300 spectateurs, alors qu'on fait facilement le double en temps normal", regrette-t-il. "On est en flux tendu en terme de personnel" alors que "le pass exige de passer deux à trois fois plus de temps pour éditer un ticket". "Ca marche mieux sur les téléphones que sur le papier", précise Loïc Arnaud en tenant le smartphone alloué par l'État pour scanner les QR codes.
"L'autre jour, il y avait une queue interminable à cause de cette attestation à la con" proteste Gérard Lardet, la soixantaine, devant les horaires des films d'un cinéma du centre de Lille. Même s'il est vacciné, de longue date, ce "grand cinéphile" se dit "gêné" par des mesures conduisant à une forme d'"infantilisation".
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