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Pendant le confinement, les signalements pour des violences conjugales et intrafamiliales ont sensiblement augmenté

Pour la même période entre 2019 et 2020, la part du nombre de tchats reçus pour des faits de violences conjugales et intrafamiliales a été multipliée par 4, selon une étude du secrétariat d'Etat chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes. 

Article rédigé par franceinfo
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Des militantes du collectif Collages Féminicides dénoncent l'augmentation des violences faites aux femmes pendant le confinement, le 11 mai 2020 à Paris.  (MARIE MAGNIN / HANS LUCAS / AFP)

C'est une réalité bien connue : en période de crise, comme celle de l'épidémie de Covid-19, les risques que les violences conjugales et intrafamiliales augmentent sont très élevés. Un phénomène qui n'échappe pas aux mesures de confinement mises en place pour lutter contre la propagation du coronavirus.

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A travers l'Europe, les services d'urgence ont recensé jusqu'à 60% d'appels en plus de femmes victimes de violences conjugales pendant cette période. "Les signalements sont en hausse dans presque tous les pays", a souligné, jeudi 7 mai, une experte de l'OMS, Isabel Yordi.

En France, une hausse d'environ 30% des signalements pour des violences conjugales et intrafamiliales avait été recensée après une semaine de confinement. Et depuis ? Une étude du secrétariat d'Etat chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations vient faire la lumière sur cette évolution. Rendue publique jeudi 14 mai, elle montre une nette hausse des tchats et appels reçus par les plateformes de signalement au cours du confinement. Franceinfo fait le point sur ce qu'il faut retenir de cette étude. 

Une "nette augmentation des tchats reçus"

L'étude du secrétariat d'Etat recense notamment les tchats reçus sur la plateforme de signalement arretonslesviolences.gouv.fr. Cette plateforme, visant à lutter contre les violences sexistes et sexuelles, est disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Des policiers et gendarmes formés à ces problématiques l'animent. "Depuis le confinement, on observe une nette augmentation des tchats reçus, notamment de ceux qui concernent les violences conjugales et intrafamiliales", constate l'enquête. 

En semaine 12 – première semaine du confinement en France – la plateforme a reçu 217 tchats, dont 99 pour des faits de violences conjugales et intrafamiliales. En une seule semaine, le nombre de tchats portant sur ces violences a augmenté de 65% (163 tchats en semaine 13). La progression est très forte les deux semaines suivantes, le nombre de tchats reçus pour des violences conjugales et intrafamiliales s'élevant à 254 et 255 en semaine 14 et semaine 15. Cela représente une hausse de 157% entre la première et la quatrième semaine de confinement. 

L'évolution en un an est particulièrement importante : pour la même période entre 2019 et 2020, la part de tchats qui concernent les violences conjugales et intrafamiliales a été multipliée par 4,6 (et non par 20 comme l'indique par erreur l'étude du ministère qui confond la "part" avec le "nombre" de tchats). Ces violences ont en effet représenté 46,58% des tchats pendant le confinement, contre seulement 10,1% des tchats un an plus tôt. S'en sont suivis 380 signalements au parquet, 72 interventions de police et 35 interventions de gendarmerie, précise l'étude. 

Les appels au 3919 "en progression constante" 

Depuis le 19 avril, cette ligne d'écoute pour les femmes victimes de violences est disponible 7 jours sur 7. "Depuis le début du confinement, le nombre d'appels reçus est en progression constante" note l'étude du secrétariat d'Etat. Entre le 23 mars et le 10 mai, celle-ci a reçu pas moins de 13 210 appels.

S'il n'y avait pas plus de 2 000 appels lors des semaines précédant le confinement, leur nombre a progressivement augmenté à partir de la troisième semaine, atteignant près de 2 500 appels en semaine 16.  

L'enquête du secrétariat d'Etat montre aussi une hausse sensible des signalements auprès du 114, le numéro d'urgence par SMS pour les personnes sourdes et malentendantes. Depuis le 1er avril, ce dernier est accessible aux victimes de violences conjugales. "Le volume dossier a depuis lors été multiplié par trois", constate l'étude, avec environ 170 dossiers en semaine 15 – dont quelque 125 relayés aux forces de l'ordre pour une intervention urgente. 

De nouveaux dispositifs de signalements 

Afin de faire face à cette augmentation des violences, plusieurs nouveaux points de signalements ont été mis en place au cours du confinement. "Plusieurs situations ont été signalées en pharmacies (...) comme par exemple à Nancy, Rennes, Lanmeur, Marseille, Essey-lès-Nancy", relève le secrétariat d'Etat. 

90 points d'accompagnements ont également été créés dans des centres commerciaux à travers la France, avec des disparités importantes par région. Il n'y en avait qu'un en Bretagne ou en Auvergne-Rhône-Alpes, deux en Pays de la Loire ou en Guyane, ou encore quatre dans la région Grand Est. Ils étaient 16 en Nouvelle-Aquitaine et 17 en Ile-de-France. 

Au total, 401 personnes y ont été accueillies, dont 316 femmes, 60 hommes et 25 enfants. Elles ont ensuite été orientées vers les forces de l'ordre ou hébergées. L'étude salue également la mobilisation de 200 bénévoles pour accueillir ces victimes dans des associations. 

Une ligne pour les auteurs de violence 

Le 6 avril, une ligne d'écoute a également été ouverte pour les auteurs de violences. Elle a reçu en un mois environ 200 appels, dont 39% issus d'auteurs de violences conjugales et intrafamiliales. Les autres appels provenaient dans 23% des cas de femmes victimes, et dans 22% des cas de professionnels. Dans 6% des cas, il s'agissait de voisins ou de membres de la famille. Un dispositif a permis en parallèle "l'éviction rapide de 61 auteurs de violences", et l'hébergement de 80 femmes et 57 enfants. 

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