Pénurie de puces électroniques : "On prévoit une pénurie qui va durer six mois" affirme un économiste
Les fabricants de puces ont annoncé qu'ils allaient accroître leurs prix de 10% à 30% de façon à réguler la demande.
La demande mondiale de puces électroniques a augmenté avec la pandémie de Covid-19. L’industrie automobile est contrainte de réduire sa cadence de production de voitures, parfois même de mettre à l’arrêt certains sites de fabrication. "On prévoit une pénurie qui va durer six mois", a expliqué mercredi 10 février sur franceinfo Michel Fouquin, économiste, conseiller scientifique au CEPII, spécialiste du commerce international et des pays d’Asie.
franceinfo : A quoi est due cette pénurie ?
Michel Fouquin : C'est une industrie très cyclique. Régulièrement on a des périodes de fortes demandes et puis des périodes où la demande est très faible. La numérisation, la 5G, les voitures autonomes, aujourd'hui on est dans une phase où beaucoup d'industriels ont besoin de plus en plus de composants électroniques. De multiples industries prévoient une reprise de l'activité mondiale et elles se précipitent pour se fournir. La pénurie est particulièrement forte dans l'automobile parce que ce sont des composants spécifiques et parce que ces deux dernières années l'industrie automobile a connu une récession assez marquée et il n'y avait plus beaucoup de capacités de production destinées à cette industrie. Aujourd'hui, on prévoit une pénurie qui va durer six mois. Des entreprises comme Honda, Nissan, Ford, Volkswagen ont annoncé qu'elles étaient obligées de réduire leurs prévisions de production. Les fabricants de puces ont annoncé qu'ils allaient accroître leur prix de 10% à 30% de façon à réguler la demande.
Est-ce que cela peut bloquer les chaînes de production automobile ?
Les automobiles sont de plus en plus intelligentes et l'intelligence des automobiles est dans ces composants. Si vous n'avez pas les composants vous ne pouvez pas mettre les équipements nécessaires dans votre véhicule.
Est-ce l'illustration de ce que peut engendrer la délocalisation ?
Ce n'est pas une délocalisation au sens propre du terme. Aujourd'hui, il y a une division du travail entre ce que l'on appelle les designers, les gens qui imaginent les nouveaux produits et ceux qui les fabriquent et qui sont capables de graver les programmes les plus complexes sur des tranches de silicium. Il se trouve que Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), qui est leader mondial et fabrique des composants pour les plus grands comme Apple, a une capacité d'investissement considérable mais cela prend du temps de mettre en place de nouveaux sites de production. Donc il y a TSMC qui est capable d'être à la pointe de l'innovation et une dépendance de beaucoup de grands groupes.
Que se passe-t-il si cette industrie produit trop ?
C'est une industrie cyclique. Donc elle sait qu'il faut être capable de répondre très vite à la demande pour capter le marché, sinon d'autres leaders vont s'y mettre, et en même temps elle sait que la demande va retomber peut-être brutalement dans deux ans. C'est une situation compliquée, mais je pense qu'ils ne restreignent pas volontairement leur capacité de production. Comme toute entreprise qui prend des risques ils calculent au mieux leurs intérêts.
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