"Pour la police on sera six, mais officieusement on sera 190" : des organisateurs de fêtes clandestines bravent les recommandations pour le réveillon
Au moins 100 000 policiers et gendarmes sont mobilisés partout en France jeudi 31 décembre pour faire appliquer le couvre-feu.
"Nous, ce qu'on veut, c'est donner du plaisir aux gens", confie Coco*, l'un des organisateurs d'une soirée clandestine en Normandie, prévue en ce réveillon du 31 décembre. Deux amis, Jojo et Lulu*, sont à ses côtés pour cette fête, tous sont des professionnels de l'évènementiel, habitués des mariages et gros anniversaires. Pour cette soirée, on est loin des recommandations de six adultes maximum, puisque 190 personnes sont conviées, malgré le couvre-feu appliqué en France, lié à la pandémie de Covid-19.
Les organisateurs utilisent notamment la messagerie cryptée Telegram, leur réseau réunit 1 000 fêtards. Coco, le coordinateur, ne pouvait pas faire l'impasse sur ce réveillon du Nouvel-An : "Quand vous voyez qu'il y a presque 1 000 personnes qui vous envoient des messages pour venir à une soirée, c'est que les gens ont besoin de faire la fête et de s'amuser. Pour la police on sera six, mais officieusement on sera 190."
"On va installer des brouilleurs partout dans l'usine pour éviter que tout le monde ne mette des Snap ou filme."
Coco, coordinateur de la soiréefranceinfo
Une petite foule donc, rassemblée dans une ancienne usine, ce qui donne déjà le sourire au DJ de la soirée, Jojo : "Là, je suis joyeux. Je suis pressé que ça se fasse en fait. Je suis pressé qu'on fasse la soirée. Même si on a un peu le stress quand même, il ne faut pas se mentir." Un stress généré par la crainte qu'avec le bouche à oreille, la soirée prenne trop d'ampleur.
Une entrée à 50 euros
Autre mesure prise par les organisateurs pour éviter que la soirée ne dégénère, dix agents de sécurité, payés le double du tarif habituel pour la prise de risque, vont aussi contrôler les entrées : il faudra donc être sur la liste des invités et payer 50 euros. En revanche, côté respect des mesures sanitaires, rien n'est vraiment obligatoire d'après Jojo : "On va demander à pas mal de monde s'ils ont fait le test PCR et on va demander s'ils ont un masque sur eux et qu'ils le mettent durant la soirée. Après, on ne va pas surveiller tout le monde pour savoir s'ils portent le masque, ce n'est pas possible."
"On ne peut pas le nier. Évidemment, il y a un petit côté d'inconscience."
Lulu, chef de la sécuritéfranceinfo
Mais Coco l'assure, ils en ont besoin pour survivre : "On ne fait pas ça pour défier le gouvernement ou pour défier les forces de l'ordre. Si aujourd'hui on pouvait se permettre de ne pas faire cette soirée, on aurait été aussi bien à rester chez nous en famille. Mais ça va nous permettre de pouvoir payer notre loyer au début du mois et de finir le mois sans manger des patates on va dire." Mais pour empocher les gains, encore faut-il que la police ne soit pas prévenue avant la fin de la soirée.
*Les prénoms ont été changés
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