Coronavirus : l'Italie enregistre 41 morts de plus en 24 heures, on vous explique pourquoi elle est si durement touchée
Une centaine de personnes sont mortes dans le pays depuis le début de l'épidémie.
C'est le premier foyer européen du Covid-19. Avec 148 morts pour 3 296 cas annoncés, jeudi 5 mars, l'Italie est très durement frappée par l'épidémie du nouveau coronavirus. Pour tenter d'enrayer la propagation de la maladie, le gouvernement de Giuseppe Conte a pris des mesures exceptionnelles, dont la plus spectaculaire est sans doute la fermeture, durant dix jours, de toutes les écoles et universités du pays. Voici quelques éléments qui expliquent pourquoi l'Italie est particulièrement concernée par le virus.
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Près d'un Italien sur quatre a plus de 65 ans
Pour comprendre pourquoi le coronavirus fait tant de mal à nos voisins, il faut notamment regarder du côté de la moyenne d'âge de la population italienne. Les spécialistes s'accordent désormais sur le fait que, si la maladie est bénigne dans l'écrasante majorité des cas, le Covid-19 peut s'avérer particulièrement dangereux, voire mortel, pour les populations déjà fragilisées par d'autres pathologies. En effet, selon les premières études effectuées par les autorités sanitaires chinoises, les patients déjà atteints de maladies cardiovasculaires sont les plus menacés par le virus, devant les diabétiques ou les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques ou d'hypertension.
Ces pathologies étant surtout prévalentes chez les seniors, c'est donc en toute logique que le taux de mortalité du Covid-19 augmente avec l'âge, et atteint 14,8% chez les personnes contaminées de plus de 80 ans, selon ces mêmes travaux. Or, l'Italie est de ce point de vue particulièrement exposée, indique son Institut supérieur de santé (article en italien).
Nous devons tenir compte du fait que l'Italie a une population âgée, d'ailleurs bien plus que la Chine, et qu'elle doit être protégée contre la contagion.
Institut supérieur de santé italien
La population italienne est ainsi la plus âgée du continent européen, et la deuxième plus âgée de la planète, derrière le Japon, indiquent les dernières données publiées à ce sujet par l'ONU. Selon les chiffres des Nations unies, l'âge médian (c'est-à-dire autour duquel la population se sépare en deux groupes de tailles identiques) s'établit à 47,3 ans en Italie (contre 38,4 en Chine, 42,3 ans en France et 48,4 au Japon). Près d'un Italien sur quatre est en outre âgé de 65 ans ou plus, relève le New York Times (article en anglais).
La prise de décision, régionalisée, a montré ses limites
Par ailleurs, "il y a eu un retard à la mise en œuvre des mesures d'isolement du premier foyer. A partir de là, le virus a diffusé assez rapidement", note William Dab, épidémiologiste et ancien directeur général de la santé, invité de franceinfo. Ce retard s'explique par un système italien régionalisé, selon Frédéric Bizard, économiste de la santé. "Le virus, lui, ne connaît pas les frontières régionales (...). Ces deux régions sont dirigées par la Ligue du Nord, et il y a eu une volonté de gérer [l'épidémie] à l'échelle régionale sans un transfert immédiat des informations", explique-t-il à RTL.
Avant de concerner la quasi-totalité du pays, les premiers cas de contaminations locales par le nouveau coronavirus ont en effet été identifiés à la mi-février dans le nord de l'Italie, à Codogno, près de Lodi (Lombardie), ainsi qu'à Vo' Euganeo, près de Padoue (Vénétie). Ces deux communes et plusieurs villes environnantes ont été placées en semi-confinement, notamment avec des barrages routiers. Les lieux publics ont été fermés, et certains trains n'y marquaient plus l'arrêt.
Le système de santé de Lombardie est au bord de l'effondrement
Néanmoins, ces mesures d'urgence pour endiguer l'épidémie ont eu une efficacité inégale, rapporte Le Monde (article payant). En Vénétie, "la progression semble relativement contenue, avec 360 cas constatés et six morts", car le "foyer épidémique observé autour de la petite commune de Vo' Euganeo était peu peuplé (3 000 habitants) et relativement facile à isoler", écrit le quotidien.
Mais en Lombardie ainsi que dans la région de Plaisance, en Emilie-Romagne, située non loin de Codogno, le constat est plus alarmant. En raison de la forte population de ces deux zones (la province de Lodi compte près de 230 000 habitants et la seule ville de Plaisance en compte 103 000), le Covid-19 a été autrement plus difficile à circonscrire qu'en Vénétie. La Lombardie compte ainsi 1 820 cas pour 73 décès, et la province de Plaisance "concentre la majeure partie des 544 cas observés en Emilie-Romagne", écrit le quotidien du soir.
Dans ces régions, "c’est l’ensemble du système de santé local, pourtant jugé d’ordinaire exemplaire, qui semble au bord de l’effondrement. En Lombardie, 10% des malades diagnostiqués font partie du corps médical, tandis qu’un élargissement de la 'zone rouge' à la province de Bergame, dans les prochains jours, reste envisagé", s'alarme Le Monde.
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