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Protocole sanitaire à l'école : "Les mesures sont connues, ce qui va changer c'est l'application sur le terrain", selon le Haut Conseil de la santé publique

Il y a une "tentation d'abandonner la distance physique d'un mètre, qui doit être associée" aux autres mesures sanitaires "et non abandonnée", selon le Pr Didier Lepelletier, chef de service au CHU de Nantes et coprésident du groupe de travail permanent Covid-19 du Haut Conseil.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des parents et des enfants arrivent à l'école élémentaire publique Jules Julien, le 22 juin à Toulouse, en Haute-Garonne. (photo d'illustration) (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

A un peu moins de deux semaines de la rentrée scolaire, les parents et les enseignants s'inquiètent pour la sécurité sanitaire des élèves face au coronavirus. Le protocole sanitaire dans les écoles avait été allégé par le ministère de l’Education nationale, dans l’objectif de permettre une rentrée pour tous les élèves. Une décision prise avant la recrudescence des contaminations. "Les mesures sont connues, ce sont les mêmes, ce qui va changer c'est l'application sur le terrain", a expliqué jeudi 20 août sur franceinfo le Pr Didier Lepelletier, chef du Service de bactériologie – hygiène hospitalière du CHU de Nantes, coprésident du groupe de travail permanent Covid-19 du Haut Conseil de la santé publique (HCSP).

franceinfo : Faut-il reporter la rentrée scolaire comme le demande le syndicat d’enseignants du SNUipp-FSU ?

Didier Lepelletier : La réponse est difficile. On imagine qu'il y a une attente sur le terrain et des responsables d'établissements scolaires d'avoir un protocole clair et adaptable. La difficulté c'est qu'il n'y a pas une école qui ressemble à une autre et qu'on se heurte entre deux principes. D'abord la sécurité sanitaire que les parents et les enseignants attendent, puisque le virus circule et que les voyants sont au rouge, on craint une deuxième vague. De l'autre côté, il y a la capacité d'accueil maximale, puisqu'il faut que les enfants retournent à l'école. Il est impératif que l'enseignement pédagogique se tienne. 

Reculer la rentrée voudrait dire qu'on n'est pas encore prêt sur la bonne modalité d'organisation des écoles. La réflexion est sûrement en cours au niveau du ministère, mais les réponses sont complexes.

Pr Didier Lepelletier, praticien au CHU de Nantes

sur franceinfo

Le protocole mis en place précédemment est-il toujours valable ?

On a reçu une demande de la Direction générale de la santé (DGS) et du ministre de l'Education de rédiger fin juin un protocole pour la rentrée. On était dans une phase où on était en décroissance du virus, les patients sortaient de l'hôpital et donc on avait assoupli les premières règles de la première phase du déconfinement au mois de mai. La distanciation physique pouvait ne plus être individuelle entre deux élèves d'une classe mais par groupe. Il fallait donc seulement gérer les flux. Là, la situation n'est plus la même puisqu'il risque d'y avoir de la circulation au sein des regroupements. C'est là qu'est la difficulté entre le port du masque systématique à partir de 11 ans et la tentation d'abandonner cette distance physique d'un mètre, qui doit être associée et pas abandonnée.

Faut-il revoir ce protocole et conserver la distanciation ?

Le Haut conseil de la santé publique a toujours revendiqué les mêmes mesures, distance physique d'au moins un mètre, port du masque systématique et l'hygiène des mains. Ces mesures sont associées à d'autres mesures très importantes que sont le nettoyage, la ventilation et l'aération des locaux, et la gestion des flux pour ne pas qu'il y ait des regroupements à l'entrée de la cantine ou pendant la récréation. Les mesures sont connues, ce sont les mêmes, ce qui va changer c'est l'application sur le terrain en tenant compte de l'évolution épidémiologique alarmante. 

C'est maintenant qu'il faut prendre les mesures, qu'il faut être responsable et ne pas lâcher.

Pr Didier Lepelletier, praticien au CHU de Nantes

sur franceinfo

Que pensez-vous de l'enseignement à distance ?

En entreprise, il est facile de mettre une partie des salariés en télétravail. Un président d'université peut tout à fait dire que, si son amphithéâtre est trop rempli, il va transformer les cours en ligne pour qu'une partie des étudiants les suivent à distance. C'est quelque chose que l'Education nationale va avoir du mal à faire. Quand vous avez une classe de 30 ou 35 élèves, ce qui arrive couramment, vous ne pouvez pas dire que vous allez les mettre en télétravail ou faire des cours en ligne. C'est là que la discussion et l'inquiétude se manifestent.

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