Cet article date de plus de quatre ans.

Quelles sont les mesures et initiatives pour aider les femmes victimes de violences en cette période de confinement ?

En Chine, la crise sanitaire et le confinement imposé pour vaincre l'épidémie de coronavirus ont conduit à une explosion des violences conjugales. Pour éviter une telle tragédie en France, les associations et le gouvernement proposent des solutions.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une affiche de l'association NousToutes, en soutien aux victimes de violences conjugales, physiques et sexuelles dans le contexte du confinement, placardée à Paris le 25 mars 2020.  (DENIS MEYER / HANS LUCAS)

Des cas de violences conjugales en forte hausse. "Le risque augmente du fait du confinement", a reconnu le ministre de l'Intérieur, jeudi 26 mars. Interrogé par France 2, Christophe Castaner a révélé que les services de police et de gendarmerie avaient comptabilisé une augmentation des cas de violences conjugales de "32% en une semaine" en zone de gendarmerie, et de "36% en une semaine" dans la zone de la préfecture de police de Paris. Le confinement, mis en place depuis le 17 mars pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, isole victimes et bourreaux. Pour freiner cette explosion des violences domestiques, "intervenir reste une priorité", a rappelé Christophe Castaner. 


VALP : Castaner évoque les violences conjugales en période de confinement
VALP : Castaner évoque les violences conjugales en période de confinement VALP : Castaner évoque les violences conjugales en période de confinement

>> Suivez les dernières actualités sur le coronavirus dans notre direct

Des alertes possibles dans les pharmacies

Pour permettre aux femmes victimes de violences conjugales d'appeler à l'aide, un dispositif d'alerte dans les pharmacies a été mis en place. "Dans la pharmacie, au moment où la femme qui peut être battue s'y rend sans son mari", pour aller chercher des médicaments, il faut qu'elle "puisse donner l'alerte", a ainsi expliqué Christophe Castaner.

Dans l'hypothèse où le compagnon serait présent, la victime pourrait utiliser un "code", comme cela se fait en Espagne, "par exemple : masque 19", a précisé le ministre. Des consignes vont être données aux forces de l'ordre pour qu'elles puissent "intervenir en urgence".

Des alertes en ligne

S'il est difficile de joindre des plateformes d'appels quand on est confiné avec son compagnon, il est possible de donner l'alerte plus discrètement. La plateforme gouvernementale Arrêtons les violences permet ainsi de dialoguer avec des forces de l'ordre de manière anonyme. Elle "reste active 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", a indiqué jeudi Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes.

Il est également possible de déclencher l'alerte via l'application gratuite App-EllesLa fonction "alerte" permet d'envoyer un message d'appel à l'aide à trois contacts préalablement choisis sous forme de SMS, accompagné de sa position GPS et d'une photo prise automatiquement par le téléphone.

Des invitations à quitter le domicile 

"Il n'est pas interdit de fuir". C'est le message martelé par les associations d'aide aux victimes depuis le début du confinement. "Elles peuvent se sauver, elles peuvent fuir, elles peuvent appeler le 115 pour l'hébergement", a insisté Marie-Pierre Badré, la présidente du centre Hubertine Auclert, observatoire des violences faites aux femmes auprès de franceinfo. Les personnes victimes de violences domestiques sont invitées à prétexter une sortie, pour réaliser des courses par exemple, afin de pouvoir donner l'alerte et quitter le domicile familial.

Car malgré le confinement, il est possible pour les victimes d'être hébergées dans des structures d'urgence. La ministre de la Justice a par ailleurs demandé à ce que les contentieux essentiels, et "notamment les affaires de violences conjugales", continuent d'être traités. "Les comparutions immédiates" doivent "être maintenues afin de permettre la répression sans délai des conjoints violents", précise un communiqué du 25 mars. 

Des lignes d'écoute et d'urgence maintenues

Le numéro d'écoute national du 39 19 reste opérationnel et disponible du lundi au samedi de 9 heures à 19 heures. Les services de police ou de gendarmerie (17 ou 112), les pompiers (18 ou 112) ainsi que le Samu (15) restent, eux, mobilisés en permanence pour répondre aux urgences. Le numéro du 115 est également disponible pour demander une mise à l'abri. 

Un soutien WhatsApp à la parentalité

Les tensions peuvent également être exacerbées par la gestion des enfants en période de confinement. "Les enfants sont particulièrement vulnérables dans des temps de crise", alerte l'association #NousToutes, qui a décidé de mettre en place "un système de soutien aux parents pour les aider à tenir le coup et à ne jamais être violents avec leurs enfants". L'objectif est de prémunir le basculement dans la violence. L'initiative se présente sous la forme d'une boucle WhatsApp initulée "Confinement et parentalité", qui dispense chaque jour une idée d’activité facile à faire, une autre de dessin animé ou activité en ligne, et un conseil pour décompresser. 

Pour prévenir les violences parentales, le gouvernement a également publié un "guide des parents confinés" "pour soutenir et accompagner les parents confinés dans leur conciliation vie professionnelle et vie familiale". Cinquante conseils bénévoles de professionnels, experts et parents y sont listés.

La sélection de franceinfo sur le coronavirus

• Pratique. Voici la nouvelle version de l'attestation de déplacement dérogatoire à remplir pour sortir pendant le confinement

• Eclairage. Pourquoi Mayotte redoute "un tsunami" avec la crise sanitaire qui s'annonce

• Infographies. Voici les bons gestes à adopter quand on fait ses courses

• Témoignage. "Je n'ai personne sur qui m'appuyer" : le confinement "angoissant" de Lisa, enceinte de cinq mois et vivant seule avec son fils

• Vidéo. Les quatre gestes simples à adopter pour se protéger et éviter la propagation

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.