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Violences conjugales : "Il ne faut pas croire que le confinement ne nous permette pas de venir en aide aux femmes qui ont des problèmes"

Marie-Pierre Badré, présidente d'un observatoire des violences faites aux femmes, convient que les femmes ne peuvent pas appeler le 39 19 avec leur conjoint à côté. Mais elles peuvent "fuir, elles peuvent appeler le 115 pour l’hébergement".

Article rédigé par franceinfo
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Marie-Pierre Badré, la présidente du centre Hubertine Aucler, observatoire des violences faites aux femmes, le 7 mars 2017 à Paris. (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

Les femmes victimes de violences conjugales "ne peuvent pas appeler le 39 19 en présence du conjoint", ce pourquoi la plateforme d’appels reçoit trois fois moins d’appels depuis le début du confinement en raison de l’épidémie de coronavirus, explique mardi 24 mars sur franceinfo Marie-Pierre Badré, la présidente du centre Hubertine Aucler, observatoire des violences faites aux femmes. Elle tient à rappeler que les victimes peuvent se sauver, même pendant le confinement.

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Le 39 19 reçoit trois fois moins d’appels depuis le début du confinement. Est-ce que cela vous inquiète ?

Marie-Pierre Badré: Pour le moment pas du tout, parce qu’on n'est confinés que depuis le 17 mars. Le 39 19 n’est pas le numéro d’urgence, c’est une plateforme où vous entendez des personnes pour répondre et pour écouter ce qui se passe. Si les femmes appellent moins c’est parce qu’elles ont des difficultés pour appeler, elles ne peuvent pas appeler en présence du conjoint. Par contre, ce qu’il est important de dire c’est qu’il faut appeler le 17 ou le 114 par sms. Il y a aussi le tchat du ministère de l’Intérieur qui est anonyme et gratuit, qui permet d’avoir les premiers conseils. Et puis il y a le tchat, pour les jeunes femmes, de l’association En avant toutes, qui est gratuit et anonyme, et qui permet aussi d’échanger et d’obtenir les conseils et d’être orientée.

Le huis clos familial est-il propice à l’augmentation des violences conjugales ?

Évidemment. Déjà pour des couples normaux qui ne rencontrent pas de difficultés, ça va être compliqué, donc vous imaginez dans des foyers où il y a la présence de violences à l’égard des femmes, à l’égard des enfants aussi. Nous ne sommes qu'au début du confinement, nous sommes alertés et nous préparons les choses. La présidente de région Île-de-France m’a d'ailleurs appelée pour me dire que nous allons organiser une conférence avec les associations très en pointe sur ce dossier pour savoir quels sont leurs besoins. Je rappelle qu'il y a des associations qui reçoivent en plus. Il y a Elles imaginent pour le 75 (à Paris). Toutes les associations du Relais dans le 77 (en Seine-et-Marne), 91 (en Essonne), L'Escale dans le 92 (les Hauts-de-Seine). Ce sont des associations qui ont pignon sur rue et dont vous poussez la porte. Et celles-là, elles ont des besoins spécifiques. Ce sont les masques, les gels et les gants parce qu'elles reçoivent les femmes qui sont victimes de violences. Au-delà de ça, la région va leur demander quels sont leurs premiers besoins, pour savoir quel financement et ce dont elles ont vraiment besoin pour faire face à ce problème qui risque effectivement de se développer.

Finalement, ce n’est qu’après le confinement que l’on pourra constater les dégâts ?

Bien sûr, on avait des statistiques, on va le voir. On va effectivement le voir, mais pas contre, il ne faut pas croire que le confinement ne nous permette pas de venir en aide aux femmes qui ont des problèmes. Il faut bien qu'elles entendent ça. Ce n'est pas parce qu'on est confinées, que nous ne seront pas à leur disposition pour pouvoir régler leurs problèmes. Il y a des tas de mesures que l'on peut prendre immédiatement en appelant le 17 ou le 114. Elles seront réorientées et donc il ne faut pas qu'elles pensent que le confinement est un frein au fait qu'elles puissent se sortir de ces conflits. Elles peuvent se sauver, elles peuvent fuir, elles peuvent appeler le 115 pour l’hébergement.

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