Rentrée des classes : enseignants, parents et direction "pas vraiment rassurés" après la conférence de presse du ministre de l'Éducation
Ils s'inquiètent du "flou" qui règne encore dans le protocole sanitaire à quelques jours de la rentrée. Le port du masque obligatoire ne règle pas tous les problèmes, soulignent-ils.
"On n'est pas vraiment rassurés après ce discours", réagit jeudi 27 août sur franceinfo Sophie Vénétitay, la secrétaire générale adjointe du Snes-FSU, après la conférence de presse du ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, lors de laquelle il a précisé l'obligation de porter le masque dans toutes les classes pour les enseignants et pour les collégiens et lycéens. Cela s'applique aussi pendant la récréation, a-t-il précisé jeudi sur France Inter. Pour l'enseignante syndicaliste, "on est face à un exercice d'auto-persuasion pour essayer de nous faire croire que tout est prêt".
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"Nous, on voit très concrètement que ce n'est pas le cas, poursuit Sophie Vénétitay. Il y a encore des questions sans réponse. Le protocole sanitaire qui a été publié dans la nuit de mercredi à jeudi sur le site du ministère fait une page de moins que celui du mois de juillet, il est donc allégé. Par ailleurs, on nous parle de recommandations et ces recommandations, on ne les connaît pas. Il nous manque des réponses très concrètes sur la vie d'un établissement. Comment va-t-on organiser la cantine ? Comment va-t-on organiser l'accueil des élèves mardi prochain ? Comment est-ce qu'on organise certains cours, comme par exemple les cours de physique-chimie ou de SVT, est-ce que je continue de manipuler les éprouvettes ou pas ? Ce sont des questions qui peuvent paraître très, très concrètes, elles le sont et on a besoin de réponses", insiste la représentante syndicale.
Encore une fois, ce sont les personnels sur le terrain qui vont organiser, se débrouiller sans l'institution qui n'aura pas été en mesure de fournir les recommandations nécessaires.
Sophie Vénétitay, la secrétaire générale adjointe du Snes-FSUà franceinfo
"On ne règle pas uniquement le problème avec des masques", renchérit sur franceinfo Christophe Merlino, président du conseil départemental des parents d'élèves de la FCPE des Bouches-du-Rhône. "On voit que les choses ne sont pas faites en amont", déplore-t-il. "Aujourd'hui, il faut faire classe dans des lycées à 35, 36, ou à 28 dans les collèges, ou en école primaire ou en maternelle où des fois, on ne peut pas ventiler les locaux parce que les fenêtres ne s'ouvrent pas. Donc si on croit qu'on va répondre à l'inquiétude des parents uniquement par le port du masque, on se trompe lourdement. La question de la restauration scolaire n'est pas abordée or on a des lycées avec 1 700 élèves, ils ne vont pas manger avec le masque. Donc on se demande comment ça va être possible d'organiser la restauration scolaire. Sincèrement, ce n'est pas sérieux", s'agace le représentant des parents d'élèves.
"Les parents ne sont pas des enseignants"
Christophe Merlino se dit également stupéfait que le protocole sanitaire soit unilatéral. "On s'attendait à ce qu'il y ait un protocole qui tienne compte de la circulation active du virus". L'une des propositions de la FCPE par exemple remonte à cinq mois et vise notamment à éviter l'école à la maison. Il s'agit de "mettre à disposition des lieux, en vue de diminuer les effectifs dans les classes des divers établissements scolaires, dans les mairies, dans les bibliothèques, partout où c'est possible pour organiser des cours à distance", explique Christophe Merlino qui réclame également des mesures d'accompagnement de la part du ministère du Travail en cas de nouvelles fermetures de classes. "La solution, c'est pas forcément que ce soit les parents, encore une fois, qui aient à gérer les problèmes de l'Éducation nationale à la maison. Les parents ne sont pas des enseignants".
Jean-Michel Blanquer a annoncé effectivement que des fermetures de classes ou d'écoles pourront se faire "d'un jour à l'autre" si la situation sanitaire l'exige. "Mais il est nécessaire d'avoir un cadre national un peu plus renforcé pour avoir aussi une forme de prévention par rapport à la circulation du virus", insiste le SNES-FSU qui réclame une "norme nationale" pour savoir quoi faire par exemple lorsqu'un cas est détecté dans une classe.
Récréations et cantine différenciées
À moins d'une semaine de la rentrée des classes, le directeur d'une école éléméntaire de Cergy (Val-d'Oise), Olivier Flipo, confie à franceinfo sa forte crainte que des enfants "ne rentrent pas à l'école" par peur du coronavirus. "On a des appels téléphoniques effectivement de gens qui posent des questions. Ce ne sont pas ces parents-là qui m'inquiètent.
Ceux qui m'inquiètent, ce sont ceux qui n'appellent pas parce que, de toute façon, ils ont décidé qu'ils ne mettraient pas leurs enfants.
Olivier Flipo, directeur d'école élémentaire
Olivier Flipo insiste sur la nécessité de rassurer les familles, dénonçant des "informations et contre-informations, parfois certaines informations qui viennent de tout en haut et qui sont changées un petit peu après".
"Ce qui est important, poursuit-il, c'est que les informations soient claires et surtout données en amont." Le protocole sanitaire présenté par le ministre de l'Éducation rend obligatoire le port du masque pour les adultes, mais laisse l'échelon local libre sur de nombreuses questions, notamment le non-brassage des élèves ou l'organisation de la cantine. À Cergy, le maire a mis en place "un protocole sanitaire particulier qui est plutôt plus restrictif que celui du national", indique Olivier Flipo.
Les écoles de la commune du Val-d'Oise fonctionneront par "duos de classes". "On va être amenés à organiser des horaires de rentrées et de sorties différenciées", a détaillé Olivier Flipo. Pour les récréations, le directeur d'école élémentaire précise que les espaces récréation seront être divisés en zones "comme ils l'étaient avant l'été. Les duos de classes vont se rendre en récréation à des horaires différenciés." Ces dispositifs visent au non-brassage des élèves, "mais il y a une autre idée derrière, c'est la traçabilité", explique Olivier Flipo.
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